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04/04/2007
Cancer de la prostate : comment le prvenir

(MFI) Parmi les plus frquents dans le monde, avec prs de 700 000 nouveaux cas et 200 000 dcs chaque anne, le cancer de la prostate est le plus couramment diagnostiqu chez les Europens. Mais le plus inquitant, cest quil est en trs forte progression, et quil nest plus exclusivement un cancer de lhomme vieillissant : il frappe aussi des jeunes. Or les principaux facteurs de risque sont connus.

Tout comme le cancer du sein, qui se manifeste chez des femmes de plus en plus jeunes la trentaine, et mme la vingtaine , celui de la prostate peut atteindre des hommes avant mme lge adulte. Ce sont les deux cancers en plus forte progression annuelle : plus de 5 % par an pour la prostate en France, selon lInstitut national de veille sanitaire (INVS), qui souligne une variation au-dessus de la moyenne et une relle augmentation chez des patients jeunes .
Certes, les techniques rcentes font que lon dtecte des tumeurs des stades trs prcoces dont une petite partie naurait peut-tre pas volu. Mais les chiffres sont plus qualarmants : 40 000 nouveaux cas chaque anne en France, contre 10 000 il y a vingt ans, pour des taux de gurison qui nont presque pas t amliors (26 morts suite un cancer de la prostate pour 100 000 hommes, contre 28 il y a vingt-cinq ans, selon lInstitut national dtudes dmographiques). Si des facteurs de prdisposition gntique pouvant contribuer une plus grande frquence sont tudis chez certaines populations (Noirs amricains, Europens de lEst et des Balkans par exemple), les raisons de limportante augmentation de cette forme de cancer sont surtout recherches du ct de lalimentation et des produits toxiques.

Viande rouge et produits laitiers

Ct nutritionnel, certaines pistes se confirment, note-t-on lInstitut Curie : une alimentation trop calorique, riche en graisses et en viandes . Des tudes ont en effet conclu au lien entre cancer de la prostate et crales raffines, sodas et viande rouge (surtout cuite de faon agressive et prolonge). Plusieurs tudes ont aussi tabli un lien avec les produits laitiers : dans les annes 80 dj, une vaste tude effectue auprs de plus de 20 000 mdecins nord-amricains notait que ceux qui consommaient beaucoup de produits laitiers voyaient augmenter de 70 % leur risque de dvelopper un cancer de la prostate. En 2006, une synthse dtudes concernant les effets des produits laitiers sur la sant concluait un lien entre ce cancer et les laitages gras ainsi qu une absence de bnfice de la consommation de laitages sur la sant des os alors quils sont par ailleurs suspects de promouvoir galement le cancer des ovaires et du sein.
Par quel mcanisme ? Les produits laitiers destins en principe faire grandir trs vite tous les petits mammifres avant le sevrage, et non pas tre consomms par des adultes contiennent des hormones et des facteurs de croissance, notamment lIGF-1 ou Insulin-Like Growth Factor (cest--dire facteur de croissance semblable linsuline ). Ces facteurs de croissance dlivrent leur message aux cellules pourvues de rcepteurs sensibles dans diffrents tissus : les glandes en particulier. Le Dr Gabe Mirkin, entre autres mdecins, note que les produits laitiers augmentent les taux sanguins dIGF-1. Ce facteur entrane in vitro la croissance des cellules cancreuses, et on a constat que les hommes souffrant dun cancer de la prostate ont des taux plus levs dIGF-1 (www.drmirkin.com). Le Pr Henri Joyeux, cancrologue, rappelle pour sa part quen culture cellulaire les trois facteurs de croissance EGF, IGF et TGF favorisent la multiplication des cellules aussi bien normales que cancreuses , que la pasteurisation ou la conservation UHT ( ultra-haute-temprature) nliminent pas ces facteurs, et que le vritable gavage aux laitages auquel on se livre notre poque augmente les risques de cancer du sein et de la prostate .

Cadmium, plomb, bisphnol A

Si les viandes rouges, les graisses et les produits laitiers peuvent donc promouvoir la croissance des tumeurs, ils nen seraient pas la cause premire. Cest sur les produits toxiques, capables, on le sait, dinduire des mutations cellulaires, quune partie de la recherche se penche. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ, dpendant de lOMS) cite le cadmium comme toxique souponn de favoriser le cancer de la prostate (de mme que celui du rein et des poumons). Il sagit dun mtal contenu dans des fumes (dont celles de la cigarette et des vhicules), dans des engrais, des peintures, des objets en plastique. Un seul incinrateur dordures peut en rejeter plus de 30 kilos par an en plus de 30 kilos de mercure et de 200 kilos de plomb, mtal que le Circ cite galement. Lair des villes contient du cadmium et du plomb, les lgumes et les vgtaux poussant aux alentours dun incinrateur aussi Les pesticides sont galement incrimins : une mta-analyse publie lan dernier concluait que lexposition professionnelle [tait] un possible facteur de risque de cancer de la prostate. Selon le Dr John Peterson Myers, expert auprs de la Fondation de Nations unies (www.OurStolenFuture.org), lexposition prnatale au bisphnol A (contenu dans les plastiques) peut favoriser le cancer de la prostate chez ladulte. La plupart du temps, souligne-t-il, les gnes dont nous hritons ne dterminent pas telle ou telle maladie. Ils sont corrects. Par contre, ce que tout le monde doit bien comprendre aujourdhui y compris les chercheurs cest qu des doses infinitsimales, un grand nombre de polluants pntrent jusquau noyau de nos cellules et modifient lexpression de ces gnes. Rsultat de ce changement de programmation : la prolifration cellulaire est favorise, en mme temps que les gnes suppresseurs des tumeurs sont inhibs.

Effet prouv des vgtaux

Alors, est-il possible daider notre organisme et de favoriser un retour vers la sant ? Oui. Souvent, il faut commencer par perdre du poids : des scientifiques de Seattle viennent de conclure quun homme obse prsente 2,6 fois plus de risques de mourir dun cancer de la prostate quun homme mince. Lexercice physique est trs bnfique, de mme que lexclusion dun maximum de toxiques. Mais la nutrition et lhygine de vie semblent jouer un rle prpondrant. Une tude publie en 2005 dans le journal spcialis Urology et dirige par le Dr Dean Ornish, de luniversit de Californie, a montr quun important changement dans la nutrition et le mode de vie peut ralentir la progression du cancer de la prostate, et mme le faire rgresser. Au menu : alimentation vgtalienne (lgumes, fruits, crales compltes, lgumineuses, soja), exercice physique quotidien, mditation. Rsultat confirm en 2006 par une autre tude dirige par le Dr Gordon A. Saxe, du Centre de cancer Moores de Californie, montrant quune alimentation vgtarienne allie la gestion du stress a un effet trs rapide sur le ralentissement de ce cancer et pourrait mme avoir un effet thrapeutique dans les cas de rcidive (http://ict.sagepub.com/).
Ces modes alimentaires sains sont bien pourvus en quantit de nutriments qui ont montr, lors dautres tudes, leur action bnfique sur le cancer de la prostate : acides gras omga 3, lycopne de la pastque et de la tomate (agrmente dun peu dhuile pour une meilleure assimilation du lycopne), polyphnols et flavonodes des lgumes et fruits colors, sulphoraphane et indole-3-carbinol des brocolis et de toute la famille des choux, soja, ail, oignon, curcuma, th vert Il y a donc urgence supprimer ou limiter ou maximum les viandes et les produits laitiers, et abuser des lgumes et des aromates.

Henriette Sarraseca

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