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22/05/2007
Respirer pleins poumons

(MFI) Connaissez-vous la BPCO, la bronchopneumopathie chronique obstructive ? Cest lune des principales causes de handicap, dhospitalisation et de mort dans le monde. Deux tudes viennent de paratre, dont une de lInserm notamment, qui permettent de mieux avancer sur le chemin de lindispensable prvention.

Une pidmie ignore : cest ainsi que le Dr Peter J. Barnes, expert de lImperial College de Londres, qualifie cette maladie qui ,daprs lui, nintresse pas assez ni la communaut mdicale, ni les gouvernements, ni lindustrie pharmaceutique Ni les victimes elles-mmes dailleurs, qui peuvent parfois survivre de longues annes handicapes par une forte gne respiratoire sans savoir vraiment de quoi elles souffrent.
Mlange de bronchite et demphysme (dgnrescence des alvoles pulmonaires pouvant aller jusqu leur destruction), la BPCO est, selon lOMS, un ensemble daffections respiratoires chroniques qui causent des limitations dans le flux dair du poumon . Une dfinition technique qui ne rend pas bien compte de la souffrance physique constante un stade avanc, le malade doit tre reli en permanence une bouteille doxygne ni de lanxit associes : lair est notre premire nourriture, respirer librement lacte le plus vital qui soit. Et mal respirer peut mener progressivement la mort. Selon lorganisation internationale, la BPCO a caus le dcs de 3 millions de personnes en 2005, et sa forme modre svre affecterait aujourdhui 80 millions de personnes, dont une grande majorit dans le tiers-monde. Si ces personnes ne sont pas prises en charge, si une action urgente nest pas mene, laffection pourrait constituer en 2020 la quatrime cause de mortalit, aprs les affections cardiaques, les accidents vasculaires crbraux et le sida.

Tabac et autres polluants

La principale cause de la BPCO est bien identifie : il sagit du tabagisme, actif et aussi passif un tabagisme qui continue de progresser chez les jeunes et les femmes dans les pays du Sud. Mais le tabac a jusquici masqu dautres causes, que lon identifie de mieux en mieux : la pollution de lair dans les habitations mal ares ; lexposition des polluants utiliss dans le milieu professionnel tels que des poussires (mines, sidrurgie, textile) et des produits chimiques (certaines industries, certains milieux agricoles). Des tudes menes en France, par exemple, o 3 millions de personnes sont affectes, ont permis dtablir que les mines gnrent les plus grands facteurs de risque, ou que la prvalence est de 7 % chez des agriculteurs non fumeurs. Latmosphre pollue des villes est aussi incriminer : Cest une soupe avec un ensemble dlments qui interagissent, a dclar le Pr Bruno Housset, prsident de la Fdration franaise de pneumologie. Les pollutions intrieures et extrieures font bel et bien partie des racines du mal.

Diagnostic prcoce et alimentation

En France, les dernires ditions du Medec, le salon qui runit chaque anne des mdecins gnralistes, ont fait une large place linformation sur la BPCO, en particulier limportance dun diagnostic juste et prcoce. Il peut arriver en effet que des malades prennent de la cortisone ou des antibiotiques des annes durant, alors quils souffrent dobstruction et demphysme. Selon le Dr Barnes, les mdecins sintressaient peu la maladie pour trois raisons : on lattribuait presque exclusivement au tabac ; le processus est peru comme irrversible ; il nexiste pas de traitements satisfaisants.
La prvention est donc indispensable. Si la cigarette demeure la cause principale, note le Dr Raphalle Varraso de lInserm (France), lalimentation de type mditerranen, riche en fruits, lgumes et poissons pourrait diminuer les risques de BPCO. Une vaste tude mene sur 43 000 hommes entre 1986 et 1998, dont la chercheuse vient de publier les conclusions dans la revue spcialise Thorax, montre que ceux dont lalimentation se rapprochait le plus de la dite mditerranenne ont diminu leur risque de 50 % par rapport aux adeptes de lalimentation moderne occidentale. On connaissait limportance dune nutrition saine dans les maladies cardiovasculaires et le cancer, a ajout le Dr Varraso, on est en train de la dcouvrir dans les maladies respiratoires. Arrt du tabac, diminution des pollutions, alimentation saine et anti-inflammatoire sont donc indispensables pour freiner lavance de laffection.

Henriette Sarraseca

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