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26/06/2007
Sida : un roman et un certain regard

(MFI) Deux livres viennent de paratre sur le sida. Trs diffrents, ils ont pourtant deux points communs essentiels : leurs auteurs les ont crits en pensant dabord la souffrance des malades, et cette maladie est devenue lun des grands combats de leur vie.

Dans Le rve du village des Ding (Editions Philippe Picquier), le Chinois Yan Lianke revisite sous la forme dun roman la tragdie vcue par des paysans de la province du Henan. Suite au mot dordre Enrichissez-vous ! lanc par Deng Xiaoping en 1992, lors de louverture de la Chine au capitalisme, des cadres du Parti ont cr des centaines de stations dachat de sang. Dans ces boutiques , lgales ou non, o les instruments ntaient pas striliss, des centaines de milliers de paysans ont troqu leur sant contre de largent. Le journaliste Pierre Haski avait enqut sur place et publi Le sang de la Chine (d. Grasset). Dans son roman, Yan Lianke nous fait ressentir les ravages de ce trafic sur les habitants dun village : ignorance des risques, appt du gain facile, petits profits pour tous, enrichissement pour une minorit. Aprs avoir fait fortune dans le trafic du sang, les profiteurs larrondissent en vendant des cercueils Pour les victimes, contamines notamment par le virus du sida, les passions subsistent et mme sexacerbent : colre, jalousies, haine et, malgr tout, amour. Ce livre est interdit en Chine, et son auteur toujours en proie un douloureux dsespoir .

Vision molculaire et technicienne de la maladie

Dans Sida, de lchec lespoir (ditions Yves Michel), le Pr Yvette Pars propose le regard dune scientifique, mdecin et tradipraticienne . Lex-chercheuse et directrice de lhpital traditionnel de Keur Massar au Sngal commence par valuer lapproche officielle, avec sa vision molculaire et technicienne de la maladie et les lourds effets secondaires des trithrapies qui ne peuvent tre, de laveu mme des scientifiques, quune solution dattente. Les cliniciens, pour leur part, souhaitent la mise disposition de molcules toujours nouvelles susceptibles dentraver les virus devenus rsistants. Mais cette attitude est-elle juste ? En ralit, elle ne fait que repousser le problme. Tt ou tard, les mmes phnomnes de rsistance se manifesteront . Comme pour les antibiotiques, comme pour les antipaludens de synthse. Lutilisation de molcules pures administres seules ou en associations restreintes provoque immanquablement le phnomne de rsistance, rappelle-t-elle. Cependant, on continue davancer sur le mme chemin, laveuglement persiste, la formation universitaire reue noffrant pas dautres perspectives.
Ces autres perspectives ncessitent une vision plus globale de la maladie et du malade, une vision partage par un certain nombre de scientifiques, de mdecins, de tradipraticiens. Cette vision dbouche sur une stratgie thrapeutique plus diversifie que lusage des seules molcules chimiques. Le Pr Pars tmoigne de gurisons cliniques obtenues Keur Massar grce laccueil humain rserv aux malades, et diverses formules complexes de plantes labores par des matres minents . Sappuyant sur lexprience acquise lors de son parcours multiple, elle en appelle une union de tous les savoirs : scientifiques et traditionnels du monde entier.
Quant aux malades et ceux ayant t dclars sropositifs, ils sont en droit de se demander comment se fait-il que, trente ans aprs le dbut de la pandmie, cette union nen soit encore quau stade du vu pieux.

Henriette Sarraseca

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