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18/09/2007
Chronique Environnement

La lente disparition de Grand-Lahou

(MFI) Situe au sud-ouest de la Cte dIvoire, la commune de Grand-Lahou est en train de disparatre sous les assauts de locan. Il y a 20 ans encore, un kilomtre de plage et de cocotiers sparait la mer du centre-ville. Aujourdhui, celui-ci est progressivement noy, victime de lrosion marine et de la monte des eaux du golfe de Guine. Plusieurs btiments et mme le cimetire sont dj submergs. Btie sur une troite bande de terre entre ocan et lagune, Grand-Lahou a perdu ces dernires annes les trois-quarts de ses 20 000 habitants, partis sinstaller 15 kilomtres lintrieur des terres, au Nouveau-Lahou. Plusieurs administrations se sont aussi replies. Selon les experts, la commune pourrait avoir disparu dans dix ans.
Le rchauffement de la plante fait des dsastres. La monte de la mer provoque une rosion qui menace dangereusement nos ctes. En Afrique de lOuest, llvation des ocans pourrait atteindre 50 centimtres dici la fin du sicle , sinquite le ministre ivoirien de lEnvironnement, Daniel Aka Ahizi. De son ct, le GIEC, le Groupe intergouvernemental dexperts sur lvolution du climat, souligne que la monte des eaux du golfe de Guine pourrait coter aux pays ctiers 15 % de leur revenu national. Mais la mise en uvre de mesures prventives nen coterait que 5 10 %. De telles mesures pourraient tre adoptes Grand-Lahou, mais cela est trs coteux. Or le contexte conomique nest pas bon , reconnat Kopieu Gouganou, le responsable dune cellule de rflexion sur lespace lagunaire.
La disparition de la ville serait synonyme de la disparition dun pan de lhistoire ivoirienne puisque Grand-Lahou est un ancien comptoir colonial. Cest ici que des missionnaires blancs dbarqurent en 1920 pour vangliser louest ivoirien. Les autorits locales recommandent aux 5 000 irrductibles toujours installs sur place de dmnager vers Nouveau-Lahou, pour viter tout risque, notamment celui dun glissement de terrain.

Bonnes nouvelles pour la couche dozone

(MFI) A loccasion du 20 anniversaire du protocole de Montral sur llimination des substances appauvrissant la couche dozone, les experts ont constat avec satisfaction larrt complet de la production des CFC, ces gaz chlors que lon retrouvait dans les arosols et les systmes de rfrigration, et responsables du trou dans la couche dozone. Cet arrt de la production des CFC prouve quun trait international en matire denvironnement peut tre un succs, et cela pour un cot modique (2,6 milliards de dollars). Un exemple mditer alors que la prolongation du protocole de Kyoto doit tre prochainement discute.
La couche dozone qui protge naturellement la biosphre et bloque les rayonnements solaires les plus nocifs se reconstitue progressivement. Elle devrait avoir retrouv en 2055 son niveau de 1980. Il reste dsormais interdire les HCFC, le substitut du CFC, moins nocifs certes pour lenvironnement mais nanmoins dommageables. La majorit des pays sont favorables cette interdiction ; seule la Chine hsite, mais devrait se rallier au reste de la communaut internationale.
La fin des CFC est en outre bnfique pour le rchauffement climatique. Les scientifiques ont en effet ralis que les substances appauvrissant la couche dozone taient souvent des gaz fort effet de serre, leur limination a donc un effet positif sur le changement climatique. Le protocole de Montral aurait mme permis dliminer 8 milliards de tonnes dquivalent de gaz carbonique, le principal gaz effet de serre.

Mais mauvaises nouvelles pour la biodiversit

(MFI) Lrosion de la biodiversit sacclre. Nous devons agir sans plus attendre. Si nous continuons dtruire le monde naturel, nous allons branler le systme dont nous dpendons pour vivre . Cest le cri dalarme lanc par Julia Marton-Lefvre, la directrice de lUnion mondiale pour la nature (UICN). Le rapport annuel publi par cette organisation qui regroupe 800 Ong de 83 pays est accablant : un mammifre sur quatre, un oiseau sur huit, un tiers des amphibiens et 70% des plantes sont menacs dextinction. Parmi les faits marquants en 2007 : le dclin continu des grands singes, la probable disparition du dauphin blanc (ou dauphin du Yangts), les graves menaces sur les coraux des Galapagos, la survie prcaire des vautours tte rouge et du crocodile Gavial en Asie Ce constat prouve lchec de lengagement quavait pris la communaut internationale lors du Sommet de la terre Johannesburg en 2002, savoir assurer dici 2010 une forte rduction du rythme de la perte de biodiversit .
Toutes les espces dpendent les unes des autres. La perte dune espce peut gravement affecter la chane alimentaire ou le niveau doxygne dans lair. Par exemple, tous les vgtaux sont polliniss par les abeilles. La disparition des abeilles serait donc dramatique pour les plantes, mais aussi pour notre alimentation , explique Peter Walsh, biologiste auprs de lUICN. Et son collgue Jean-Christophe Vi dajouter : Les enjeux de la biodiversit sont comparables ceux du changement climatique. Mais la perte de la biodiversit ne suscite pas la mme mobilisation car elle est moins visible, progressive et ne menace pas encore les emplois .
Au total, selon lUICN, 16 371 animaux et vgtaux (sur 41 415 espces) sont menacs dextinction des degrs divers. Une seule espce sest dfinitivement teinte en 2007 ; il sagit du bgonia de Malaisie. Et une seule espce animale a vu son sort samliorer : la perruche verte de lle Maurice. En Afrique, le gorille de lOuest, pourtant le plus rpandu des gorilles dans le monde, est dsormais class dans la catgorie en danger critique , dernire tape avant lextinction totale. Il en est de mme pour le crocodile Gavial en Asie, dont il ne reste que 182 adultes.
Quelle solution face ce dclin de la biodiversit ? Changer le comportement de lhomme puisque cette situation sexplique notamment par la chasse, les conflits, lurbanisation et la dforestation. Pour Robert Barbault, du Musum dhistoire naturelle : Le dbat a trop tendance se concentrer sur le nombre despces, alors quil faut rflchir en terme despaces. Ce qui importe, cest de sauvegarder la diversit des milieux, pas de montrer une sorte dacharnement thrapeutique conserver toutes les espces. Heureusement, on sent une prise de conscience pour la dfense de la biodiversit. Mais il ne suffit pas douvrir un parc ou une rserve. Il faut aussi des moyens, des comptences et une bonne gestion.

Jean Piel

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