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27/05/2008
Chronique Environnement : Bois au Cameroun ; l'ours polaire ; puisement des mers et hausse du fioul.

Trafic de bois au Cameroun

(MFI) Iroko, moabi, sapeli ou wenge Les essences les plus prcieuses de la fort camerounaise font lobjet dun vaste trafic. Destination : lEurope, o ces bois sont priss pour faire des meubles ou des planchers. Cest ce que dnonce une tude de lassociation Les Amis de la Terre. Des bcherons clandestins aux hauts-fonctionnaires des ministres en passant par les douaniers corrompus, ce trafic de notorit publique Yaound est bien organis. A ct des grandes concessions forestires prosprent de petits exploitants clandestins, dont le nombre a doubl en 2007 et qui sont la base des rseaux de contrebande. Les autorisations de rcupration de bois, dlivres lors de louverture dune route ou la construction dun btiment, dissimulent souvent des projets fictifs. Abattus et grossirement dbits, les troncs sont ensuite achemins vers des scieries clandestines. La sortie du territoire se fait grce des documents falsifis ou parfois conformes, mais signs en change de monnaie sonnante et trbuchante. La corruption permet des exploitants de couper plus de 100 mtres cubes lhectare, alors que la norme dans les forts tropicales ne dpasse pas 5 mtres cubes.
Lampleur du phnomne est difficile chiffrer. Les Amis de la Terre estiment 30 % des volumes exports le bois de contrebande. Les bailleurs de fonds se disent exasprs par cette situation puisquils ont investi 60 millions deuros dans lexploitation durable des forts camerounaises. Il y a quelques mois, de hauts-fonctionnaires ont t renvoys. Mais le trafic a vite repris. Nous avons dpens beaucoup dargent dans le secteur forestier au Cameroun. Si la corruption nest pas sanctionne, nous nous retirerons , avertit un diplomate europen.

Les Etats-Unis protgent enfin lours polaire

(MFI) Aprs plusieurs annes de refus, les Etats-Unis ont enfin class lours polaire sur la liste des espces en danger. Une victoire pour les associations cologistes amricaines qui faisaient pression en ce sens et avaient mme saisi la justice pour que soit ordonne une telle protection. Comme la dclar Carter Roberts, le prsident du World Wildlife Fund (WWF) : La dcision de ladministration amricaine est une grande victoire pour lun des animaux les plus emblmatiques. La science sest impose sur la politique en fournissant aux ours polaires une rmission. Selon plusieurs tudes, les deux tiers des 25 000 ours blancs sont menacs de disparition dici 2050 cause de la fonte des glaces.
Les cologistes voient dans la protection de lanimal un prcdent qui valide leur argumentation liant rchauffement climatique et disparition dune espce. Ils se prparent donc engager dautres actions en justice, notamment pour empcher la construction de centrales thermiques au charbon. Anticipant ce risque, les autorits amricaines ont prcis que leur dcision navait rien voir avec le rchauffement climatique. Elle sappuie juste sur les statistiques constatant la disparition de lours, mais ne prjuge pas de la cause.
Cette protection de lours saccompagne de nombreuses restrictions afin de rassurer le lobby ptrolier. En fvrier dernier, ladministration Bush a accord 448 concessions en Alaska des socits ptrolires et gazires, pour 2,6 milliards de dollars. Des concessions qui stendent sur 30 000 hectares dans la mer de Chuckchi, proximit des zones dhabitat des ours polaires. Les limites apportes la protection des ours vitent ainsi tout prjudice lindustrie ptrolire. Il nest pas question que la protection des animaux ait des effets ngatifs sur lconomie amricaine , a prvenu la Maison Blanche. En priode lectorale, lcologie est un thme porteur aux Etats-Unis ; la recherche de lindpendance nergtique aussi.

Lpuisement des mers aussi dangereux que la hausse du fioul

(MFI) Le quasi-doublement du prix du fioul en un an provoque la colre des marins-pcheurs en France, mais aussi en Espagne et en Italie. Dj trs difficile, leur travail devient de moins en moins rentable.
Mais au-del de la hausse du prix du carburant, le danger pour les pcheurs est lpuisement des ressources halieutiques. Si chaque mare, ils ramnent moins de poissons, leurs revenus chutent inluctablement. Comme lexplique Philippe Cury, conomiste et auteur dUne mer sans poissons : La surexploitation des mers provoque une situation explosive. Les comptes des marins-pcheurs sont toujours limites. Le moindre -coup conomique provoque un conflit grave.
Une opinion partage par Stephan Beaucher, responsable de la campagne Ocans pour Greenpeace : Quand il ny aura plus de poissons, il ny aura plus de pcheurs. A primer systmatiquement le socio-conomique sur lenvironnement, on va droit dans le mur. Pour arriver une pche durable, il faut multiplier les rserves maritimes o toute activit conomique est interdite pour permettre le renouvellement des espces . Greenpeace rclame ainsi que 40 % des ocans soient transforms en sanctuaires marins.
Selon la FAO, lorganisation mondiale pour lalimentation et lagriculture, la moiti des stocks halieutiques mondiaux sont exploits au maximum de leur potentiel, un quart est surexploit ou dj puis, et un quart seulement est modrment exploit. Les scientifiques et les marins ont du mal parler le mme langage. Le problme de la pche doit tre rsolu au niveau mondial, pas seulement au niveau dun pays. Si nous ne sommes pas capables de rsoudre ce problme de la pche, nous serons incapables de rsoudre celui du changement climatique, qui est galement un dossier global mais autrement plus compliqu , avertit Philippe Cury.

Jean Piel

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