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01/07/2008 | |||
Chronique Environnement : Le Sahel ; Le rchauffement ; Polleur payeur. | |||
Au Burkina Faso, le Sahel reverdit (MFI) Dans des villages du nord du Burkina Faso, des paysans aids par des ONG combattent avec succs la dsertification et obtiennent dexcellentes rcoltes. La cl du succs ? Non pas des techniques avances ou des semences miraculeuses, mais au contraire le retour aux mthodes traditionnelles. Comme lexplique Matthieu Ouedraogo, de lInstitut de lenvironnement et des recherches agricoles : Pas besoin de machines ni dengrais. Il faut par contre de la main duvre pour dessiner les champs avec des pierres en suivant les courbes de niveau et en formant rgulirement des terrasses o lon plante des arbres. On creuse galement des za, des trous de 20 cm o lon plante les graines et qui permettent une infiltration de leau en profondeur. Ces amnagements freinent le ruissellement de leau. Ainsi la terre se rgnre, et les arbres plants fournissent le bois de chauffe qui nest plus coup dans la brousse. Ce que confirme Bertrand Reysset, un ingnieur agronome du Comit inter-Etats de lutte contre la scheresse au Sahel : Ces techniques traditionnelles avaient t abandonnes. Or, elles stoppent la dsertification, augmentent la fertilit des terres et favorisent la biodiversit. Au Burkina Faso, 300 000 hectares ont t ainsi revaloriss, soit 9 % seulement de la surface cultivable du pays. Un chiffre faible car un tel projet impose un investissement de 130 euros par hectare et une formation des paysans. Les banques ne font pas crdit aux cultivateurs ; seules des ONG les aident. Pourtant, lenjeu est de taille, au niveau environnemental (lutte contre la dsertification et la dforestation) et alimentaire puisque les paysans qui ont adopt ces techniques voient leurs rcoltes doubler au minimum. De son ct, lONG Terre verte enregistre des rsultats comparables, toujours dans le nord du Burkina Faso, en plantant des haies qui protgent les sols de lrosion, en utilisant quelques engrais chimiques, et en slectionnant et diversifiant les cultures. Mais l, linvestissement initial est plus lev, de lordre de 400 euros par hectare. Cest la preuve quil ny a pas de fatalit. Mme avec nos sols et sous nos climats, les rcoltes peuvent tre abondantes, la dsertification combattue. Mais il faut aussi changer la mentalit fataliste des gens , conclut Hamado Sawadogo, ingnieur agronome auprs de lInstitut de lenvironnement et des recherches agricoles. Le rchauffement menace les zones poissonneuses (MFI) Les pcheurs le savent : 3 % peine des surfaces ocaniques du globe fournissent 30 % des prises de poissons. Ces rgions que les experts appellent les cosystmes de bordure des ocans sont situes sur la faade ouest des continents, l o alizs et courants marins favorisent des remontes deau froide, riches en substance nutritive. On recense quatre rgions principales de ce type : en Atlantique nord, la zone du courant des Canaries (Espagne, Maroc, Mauritanie et Sngal) et la zone du courant de Benguela (Angola, Namibie, Afrique du Sud) ; dans le Pacifique sud, la zone du courant de Humboldt (Prou et Chili) et la zone du courant de Californie (Etats-Unis et Mexique). Ces cosystmes de bordure des ocans sont trs sensibles au rchauffement et la surpche. Cest ce que dmontre une tude de lInstitut de recherche pour le dveloppement (IRD) et de lIfremer, effectue sur ces vingt-deux dernires annes. Premier constat : la temprature des eaux sest leve de 1,5 dans le courant des Canaries et de seulement 0,5 dans les trois autres. Do une baisse de la quantit de phytoplancton au large du Sngal et de la Mauritanie, et une hausse ailleurs. Second constat : cette multiplication du plancton diminue la quantit doxygne dans leau de mer, do une moindre prsence halieutique, alors que lon aurait pu penser que le plancton attire les poissons. Troisime constat : Dans certains cas extrmes, comme en Afrique du Sud, lcosystme semballe. Le manque doxygne, associ la production de toxines, conduit les langoustes sortir de leau et envahir les plages o elles meurent par milliers. Le phnomne nest pas nouveau, mais il saccentue , souligne Pierre Fron, directeur de recherche lIfremer. En Namibie, la diminution des alizs, allie la surpche et la diminution doxygne, a entran la disparition des sardines et la prolifration des mduses. Les scientifiques remarquent aussi que le rchauffement induit des changements importants dans le comportement alimentaire de certains animaux. En Afrique du Sud par exemple, les plicans attaquent les poussins dautres espces, tels les fous du Cap, cause de la rarfaction de leurs proies naturelles. Pollueur payeur (MFI) Le Parlement franais a adopt, mercredi 25 juin 2008, une loi sur la responsabilit environnementale qui vise prvenir et rparer les dommages causs la nature par une activit industrielle. Cest lintroduction en droit franais du principe pollueur / payeur. Il ne sagit en rien dune avance de la part de Paris, mais au contraire dune mise en conformit tardive avec la lgislation communautaire. Au 1er juillet, la France exerce la prsidence tournante de lUnion europenne pour six mois, et elle entend profiter de son mandat pour obtenir de ses partenaires un consensus sur la lutte contre le rchauffement climatique. Il lui tait donc impratif auparavant de mettre sa propre lgislation en rgle avec le droit europen, ce quelle aurait normalement d faire avant le 30 avril 2007. Cette loi sur la responsabilit environnementale consacre le prjudice cologique. Les entreprises devront rparer les dommages quelles ont causs en cas de pollution des sols, datteinte la qualit de lair et des eaux, ou la survie des espces et des habitats protgs. Le texte impose aussi une obligation de prvention pour les exploitants dont lactivit est susceptible de gnrer une pollution grave. Pour la premire fois, le droit franais reconnat que la biodiversit a un prix, quelle rend des services la collectivit , a soulign Jean-Louis Borloo, le ministre de lEnvironnement. Dsormais, les amendes encourues par les capitaines de navires responsables de rejets en mer de produits polluants pourront atteindre 15 millions deuros en cas de faute intentionnelle. Les associations de dfense de lenvironnement pointent cependant deux faiblesses de la loi. Primo, les socits mres ne sont pas responsables lgard de leurs filiales accuses de pollution si ces dernires sont insolvables. Et surtout, les exploitants nont pas lobligation de sassurer, donc de provisionner financirement ce risque cologique. | |||
Jean Piel | |||
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