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16/12/2008 | |||
Chronique Environnement : Le fleuve Congo en danger ; Le climat ; les lphants indiens. | |||
Le fleuve Congo en danger (MFI) La navigation sur le fleuve Congo, dans la partie suprieure de lOubangui, est devenue impossible deux cents jours par an. Cest du moins lestimation de Pierre Nguinda, le directeur de lenvironnement de la Cicos, organisme charg de la gestion du bassin du fleuve et dont sont membres la RDC, la Centrafrique, le Congo et le Cameroun. Une situation particulirement inquitante pour les millions dhabitants de cette rgion dj enclave. En cause, lensablement du fleuve d la baisse des prcipitations, mais aussi lexploitation forestire et le dfrichage le long des cours deau qui acclrent lrosion. Pour bien comprendre la situation, lUnion europenne finance un programme dobservation par satellite afin de mesurer les hauteurs deau, les prcipitations et lvolution du couvert forestier. Des bacs ont galement t installs pour suivre les phnomnes dvaporation. Pour valuer limpact du changement climatique et de la dforestation, nous devons connatre le cycle de leau , explique Julie Ladel, qui gre ce programme pour lUE. La construction dun barrage sur lOubangui nest pas exclue, pour rguler les tiages en saison sche. Le fleuve Congo apparat en outre trs pollu. Des traces de plomb et autres mtaux lourds bien suprieures aux normes admises par lOrganisation mondiale de la sant ont t releves au niveau de Kinshasa. Au banc des accuss : les vidanges illgales, les dgazages sauvages des navires, les rejets des usines La capitale de la RDC 10 millions dhabitants ne possde pas de stations dpuration, pas plus que les autres villes de la rgion qui dversent directement leurs eaux uses dans le fleuve. Le fleuve Congo et ses affluents reprsentent pourtant une richesse formidable pour la rgion. Reste savoir si on veut nous donner les moyens de les prserver et de les grer correctement , soupire Benjamin Ndala, secrtaire gnral de la Cicos. Preuve de ce manque de moyens : la Cicos ne dispose toujours pas dun bateau pour circuler entre Brazzaville et Kinshasa, de part et dautres du fleuve, qui ne sont relis par aucun pont. Demi-succs Bruxelles, demi-chec Poznan (MFI) On redoutait que les ngociations du Conseil europen sur le climat durent toute la nuit ; finalement, laccord a t adopt ds le 12 dcembre 2008. Le plan daction de lUE surnomm le Paquet climat doit permettre datteindre un triple objectif dici 2020 : rduire de 20 % les missions de gaz effets de serre, porter la part des nergies renouvelables 20 % de la consommation et raliser 20 % dconomies dnergie. Cest historique, aucun continent ne sest dot de rgles aussi contraignantes , sest flicit Nicolas Sarkozy, qui prsidait l son dernier sommet de la prsidence franaise europenne. Le mcanisme principal du Paquet climat consiste imposer aux industries polluantes dacheter les droits dmission de CO2 jusque l distribus gratuitement par lUE, afin de les inciter squiper de systmes anti-pollution. Mais des drogations ont t accordes aux pays qui craignent de voir leurs entreprises pnalises en ces temps de crise conomique. Ainsi les pays de lEst (Pologne, Hongrie), rcemment entrs dans lUE, plus pauvres et trs dpendants du charbon, seront dispenss dacheter ces droits jusquen 2013, anne o ils ne devront acqurir que 30 % de leurs droits dmission de CO2 avant darriver progressivement 100 % en 2020. De mme, les secteurs les plus exposs la concurrence internationale (acier, ciment) seront dispenss dacheter ces droits de polluer si le surcot entrane un risque de dlocalisation vers un pays moins exigeant au plan environnemental. Yvo de Boer, le plus haut responsable de lOnu pour le climat, a salu un signe de dtermination et de courage . Les principaux partis politiques au Parlement de Strasbourg ont applaudi lquilibre trouv entre la protection de lenvironnement et la dfense de lemploi . A loppos, Greenpeace et le WWF ont dnonc un renoncement qui tourne le dos aux efforts mondiaux de lutte contre le rchauffement . Dans le mme temps, Poznan (Pologne), la confrence de lOnu charge de dfinir le trait qui succdera au protocole de Kyoto sest formellement engag poursuivre ses ngociations, mais a achopp sur la question du financement. Les pays du Sud estiment que les nations industrielles historiquement et quantitativement responsables du rchauffement refusent de mettre suffisamment la main au portefeuille et nient le fait que, eux, pays du sud, subissent des dommages dont ils ne sont pas responsables et quils nont pas les moyens de rsoudre. Cette confrence de Poznan tait cependant handicape par le fait que les Etats-Unis taient encore reprsents par ladministration Bush. Elle a t loccasion de noter un niveau de rsistance et de discussion jamais atteint par les pays du Sud. Inquitude pour les lphants indiens (MFI) Le Fonds mondial pour la nature (WWF) estime que le nombre dlphants en Inde a diminu de moiti ces vingt dernires annes. On en compterait moins de 26 000, essentiellement au Karnataka (dans le sud du pays), en Assam et au Bengale (dans lest). Nanmoins, llphant nest toujours pas considr par les autorits indiennes comme une espce en danger. Les principales menaces viennent des braconniers en raison du trafic divoire, mais aussi et surtout de lurbanisation et de la dforestation. Lhabitat naturel du pachyderme se rduit rapidement. Or un lphant a besoin de 50 hectares pour voluer, consomme 250 kilos de feuilles et de fruits par jour et boit 180 litres deau. Autant de ressources quil a de plus en plus de mal trouver. La dforestation conduit les lphants se rapprocher des villages. Or, la cohabitation avec lhomme est difficile. Les paysans se plaignent de voir leurs champs saccags. Plusieurs exploitations de th, au Karnataka et en Assam, ont fait les frais du passage de lanimal. Chaque anne, des villageois meurent pitins par des lphants enivrs par les vapeurs dhariya, un alcool artisanal qui les attire mais les rend fous. En rtorsion, les paysans leur donnent manger du mil dans lequel ils mettent du cyanure. Une soixantaine danimaux ont ainsi t tus ces six derniers mois. Ganesh, le dieu tte dlphant, est pourtant lune des reprsentations les plus vnres de la mythologie hindoue. Militant cologiste, Arun Patel pointe du doigt galement lindustrialisation du pays, avec la construction de routes, de voies ferres, de lignes lectriques. Certes, le dveloppement conomique est une bonne chose pour lInde, mais il ne doit pas se faire au dtriment de lenvironnement. Cette anne, une cinquantaine dlphants ont t tus par des trains , souligne-t-il. Sous la pression du WWF et dautres associations cologistes, les autorits indiennes ont ouvert des rserves en Orissa, au Tamil-Nadu et en Assam. Des corridors permettant aux lphants de se dplacer sans traverser de villages sont en cours de construction au Karnataka. Mais les choses voluent lentement, et le dveloppement conomique reste la priorit des dirigeants indiens. | |||
Jean Piel | |||
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