Rechercher

/ languages

Choisir langue
 
Liste des rubriques
MFI HEBDO: Science Technologie Liste des articles

23/12/2008
Chronique Environnement : la fort ivoirienne ; lutte contre le trafic de dchets toxiques ; protger la biodiversit en Equateur.

Inquitude pour la fort ivoirienne

(MFI) Braconnage, coupes massives, projets de plantations industrielles Telles sont quelques unes des menaces qui psent sur la fort des Marais Tano, au sud-est de la Cte dIvoire. Cest du moins ce que dnoncent Mathieu Egnankou Wadja, le prsident de SOS Forts et deux primatologues de luniversit de Cocody, Inza Kone et Antoine NGuessan.
Stendant sur 6 000 hectares entre la lagune dEhy et le fleuve Tano, la fort des Marais Tano est le refuge de trois espces de singes menacs dextinction en Afrique de lOuest : le colobe bai de Miss Waldron, le cercopithque Diane Roloway et le cercocbe couronn. Outre sa faune simienne, le massif forestier est un rservoir exceptionnel de biodiversit. On y recense 47 espces endmiques de plantes, dont 13 inscrites sur la liste rouge de lUnion internationale pour la conservation de la nature (UICN). Son cosystme deau douce est galement remarquable. Malgr ses qualits, la fort des Marais Tano reste peu connue et ne bnficie pas dun statut officiel qui pourrait la protger.
Jusqu prsent, elle avait chapp aux dgts que subissent nombre de massifs forestiers en Cte dIvoire. Mais le vent semble avoir tourn. En cause, le braconnage et la dforestation sauvage, mais Mathieu Egnankou Wadja, Inza Kone et Antoine NGuessan sinquitent particulirement des dfrichements entams en fvrier 2008 pour crer des plantations de palmiers huile par lentreprise Palmci, filiale du groupe Unilever. Selon eux, si rien nest fait pour arrter ces dfrichements, la fort des Marais Tano sera tout simplement rase. Une disparition qui serait catastrophique pour la biodiversit, la protection despces rares de primates et le rle essentiel que joue la fort en termes de rgulation du climat.


LUE renforce sa lutte contre le trafic de dchets toxiques

(MFI) Si la mafia italienne sintresse la gestion des dcharges, ce nest pas par vocation cologiste, mais parce que a rapporte beaucoup dargent. Tel est le constat de Thierry Bourret, le chef de lOffice central de lutte contre les atteintes lenvironnement et la sant publique, Paris.
LUnion europenne produit chaque anne 1,5 milliard de tonnes de dchets. Or le retraitement cote cher : 400 euros la tonne pour lamiante, prs de 2 000 euros la tonne pour certains liquides toxiques. Les industriels qui refusent dassumer ces cots nhsitent pas se dbarrasser de leurs dchets toxiques dans des dcharges sauvages ou directement auprs de gangs spcialiss. A en croire Thierry Bourret : 60 70 % du commerce transfrontalier de dchets au sein de lUE contient des produits dangereux, comme du pyralne . Pour le magistrat portugais Antonio Luis Dos Santos Alves : Cest une criminalit complexe qui implique de nombreuses entreprises sur plusieurs continents, du blanchiment dargent, du trafic de faux documents. Cela appelle de la part des Etats une rponse adapte.
Les mafias qui contrlent ce trafic exportent gnralement les dchets vers des pays du Sud ou les recyclent illgalement dans des matriaux inoffensifs, par exemple en cachant de lamiante ou de lhuile de vidange lintrieur de blocs de ciment qui seront vendus lgalement des entreprises de BTP.
LUE devrait bientt adopter une directive afin de renforcer son dispositif pnal et harmoniser les sanctions en la matire. Comme le souligne Anna Karamat, membre de la direction gnrale Environnement Bruxelles : Les carts sont trs importants dun pays europen lautre en termes de sanctions. Dans certains, les amendes pour maniement illgal de dchets toxiques ne dpassent pas 3 000 euros, alors quelles atteignent plusieurs millions deuros, avec des peines de prison la cl, dans dautres pays. Les criminels le savent et oprent depuis les Etats les moins rpressifs. De leur ct, les policiers aimeraient disposer de plus de moyens. Nous ne pouvons pas effectuer assez de contrles. Il faudrait consacrer des moyens comparables au trafic de dchets toxiques et au trafic de stupfiants car les risques et le poids des mafias sont tout aussi importants , estime Thierry Bourret.


LEquateur prt renoncer son ptrole pour protger la biodiversit

(MFI) Cest une initiative sans prcdent que vient de lancer le prsident quatorien Rafael Correa : abandonner lexploitation des gisements ptroliers du parc Yasuni en change dune aide accrue de la communaut internationale.
Situ en Amazonie, 300 kilomtres de Quito, le parc Yasuni abrite trois gisements ptrolifres (Ishpingo, Tiputini et Tamboccocha) qui reprsentent 920 millions de barils, soit 20 % des richesses en hydrocarbures du pays. Actuellement, les revenus tirs de ces gisements sont denviron 720 millions de dollars par an, une somme non-ngligeable alors que la moiti des 13 millions dhabitants du pays vit sous le seuil de pauvret.
Mais le parc Yasuni est aussi class rserve mondiale de la biosphre par lUnesco. Sur une superficie de 950 000 hectares de fort humide, il abrite 4 000 espces vgtales, 173 mammifres diffrents, 610 espces doiseaux et 1 500 essences darbres. Cest aussi l que vivent les Indiens Taromenane et Tagaeri, des tribus nomades qui nont aucun contact avec le reste du monde.
En stoppant lexploitation ptrolire, lide du prsident quatorien est de protger la biodiversit et les tribus indignes et de lutter contre le rchauffement climatique provoqu par la combustion du ptrole et la dforestation. Puisque toute la plante en profiterait, Rafael Correa demande une compensation la communaut internationale, quivalente la moiti des revenus que Quito pourrait tirer de ces gisements. Il estime que ce sont les pays industriels, les plus pollueurs, qui devraient mettre la main au portefeuille en priorit.
LAllemagne, lItalie, lEspagne et les pays scandinaves se sont dclars intresss par ce projet. Un fonds spcial pourrait tre cr afin de promouvoir les nergies alternatives et lcotourisme en Equateur. Cest la premire fois quun pays membre de lOpep adopte une telle initiative.

Jean Piel

retour