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12/05/2009 | |||
Chronique Sciences : LIndonsie accueille la premire Confrence mondiale sur les ocans : Fertiliser la mer pour piger le CO2 ; Tuberculose ultra-rsistante : des espoirs dans la lutte contre les formes virulentes ; Dforestation : un peu de rpit pour lAmazonie. | |||
LIndonsie accueille la premire Confrence mondiale sur les ocans (MFI) Manado, la capitale de la province du nord de lle de Sulawesi (Clbes) en Indonsie, accueille jusquau 15 mai la Confrence mondiale sur les ocans. Cette runion, la premire du genre, runit quelque 1 500 participants (reprsentants des Etats, de lOnu, des ONG et des mdias) pour sensibiliser le monde limpact du rchauffement climatique sur les mers et la dgradation de la faune et de la flore marine. La confrence devrait dboucher sur une dclaration de Manado , dans loptique du Sommet sur le climat prvu en dcembre prochain Copenhague au Danemark. Manado est dhabitude une petite ville un peu oublie du reste du pays et seulement connue pour les magnifiques fonds sous-marins de sa baie qui attire des plongeurs du monde entier. Et cest sa baie justement qui lui a valu daccueillir la Confrence mondiale sur les ocans. Manado se trouve au cur du triangle corallien, un espace grand comme la moiti des Etats-Unis, centr autour de larchipel indonsien et qui compte une diversit biologique qui le fait comparer la fort amazonienne, mais sous-marine. Car ce sont surtout les zones telles que le triangle corallien qui seront au centre des discussions. Elles reprsentent un espace essentiel la scurit alimentaire mondiale puisque lon y pche un tiers des thons qui nourrissent la plante. Or ces espaces sont aujourdhui menacs par le rchauffement climatique. Certains cologistes voudraient voir les ocans pris en compte dans les mcanismes dchange de carbone lors des ngociations sur laprs-Kyoto. On en est toutefois loin car, pour linstant, ils ne connaissent que bien mal les effets exacts que le rchauffement climatique fait subir aux mers. Ce devrait dailleurs tre le rsultat le plus concret de cette confrence : mettre plat les connaissances scientifiques lies aux ocans qui, aprs tout, recouvrent la plus grande partie de notre plante bleue. MFI avec Solenn Honorine Fertiliser la mer pour piger le CO2 (MFI) Un projet scientifique germano-indien, baptis Lohafex, vise valuer le potentiel des ocans comme rservoir de carbone, tout en y stimulant la chane alimentaire. Le Polarstern, un bateau de lInstitut de recherche polaire allemand Alfred Wegener (AWI), est parti rejoindre Punta Arenas, au sud du Chili, en mars 2009. Quelque 48 scientifiques, dont trente de nationalit indienne, tudieront une zone o seront dverses six tonnes de sulfate de fer devant favoriser le dveloppement du phytoplancton, sur une surface de 300 km de locan austral, entre la Patagonie argentine et lAntarctique. Les microalgues marines jouent un rle cl dans le niveau mondial de carbone car elles absorbent le dioxyde de carbone situ dans leau et latmosphre autour delles. Aprs une courte vie, les restes de ces organismes viennent se dposer sur le plancher ocanique sous forme de sdiment et les partisans du projet soutiennent que Lohafex devrait permettre dune part de contribuer une meilleure comprhension du rle des ocans dans le cycle mondial du carbone et, dautre part, de mesurer leffet potentiel de ces algues sur la teneur en dioxyde de carbone de latmosphre , souligne lAWI. Mais le projet ne fait pas lunanimit. La fertilisation des ocans a t interdite une telle chelle par la Convention des Nations Unies sur la diversit biologique (CBD) et la convention de Londres sur lorganisation maritime internationale, un trait qui lgifre sur le rejet en mer des dchets. Yves Collos, spcialiste de la production primaire aquatique au CNRS, Montpellier (France), souligne en outre que la mise en circulation du Polarstern cote quelque 25 000 euros par jour : compte-tenu du cot, lexprience na jamais t conduite longtemps ni suivie dans le temps. Il sinterroge : Est-il bien raisonnable de mettre en place un tel programme sans tre certain de pouvoir atteindre lobjectif et de piger le CO2 ? Dominique Raizon Tuberculose ultra-rsistante : des espoirs dans la lutte contre les formes virulentes (MFI) La tuberculose, lune des plus anciennes maladies infectieuses, tue chaque anne plus d1,5 million de personnes dans le monde. Selon une tude mene par deux quipes amricaines de la facult de mdecine Albert Einstein de New York, et publie dans la revue Science (27 fvrier 2009), une combinaison de deux antibiotiques, dj sur le march pour combattre dautres infections bactriennes, sest avre prometteuse pour lutter contre la tuberculose ultra-rsistante, forme la plus mortelle de la maladie. Le bacille de Koch, bactrie responsable de cette maladie, devient de plus en plus rsistant nombre de traitements antibiotiques. Les souches concernes reprsentent environ 6 % des cas diagnostiqus chaque anne dans le monde, et sont principalement localises dans les pays de lancien bloc sovitique, au Japon, en Core et en Afrique du Sud. Les patients les plus vulnrables sont ceux infects par le virus du sida. La bactrie de la tuberculose contient une enzyme qui la protge contre les antibiotiques principalement utiliss. Mais il existe diffrents antibiotiques capables de bloquer cette enzyme appele bta-lactamase, dont le clavulanate, dj utilis en combinaison pour traiter dautres infections, notamment chez les enfants. John Blanchard, biochimiste, et William Jacobs, microbiologiste, ont obtenu des rsultats trs encourageants en combinant ce clavulanate avec le meropenem, un antibiotique qui attaque la bactrie dsarme. Cette dcouverte pourrait tre lune des plus prometteuses dans la recherche sur la tuberculose depuis la dcouverte, dans les annes 1950, du 1er traitement antituberculeux efficace, lisoniazide. D. R. Dforestation : un peu de rpit pour lAmazonie (MFI) LAmazonie brsilienne a perdu 754 km de fort de novembre janvier, ce qui reprsente une baisse de 70 % de la dforestation par rapport la mme priode de lan dernier, a annonc le 3 mars 2009 lInstitut brsilien de recherches spatiales (Inpe). Il y a un an la mme poque, des images satellitaires en temps rel avaient rvl une forte hausse des dboisements en Amazonie : selon lInpe, 2 527 km de fort vierge taient partis en fume en trois mois, notamment dans lEtat du Mato Grosso o 1598 km de fort avaient t transforms en pturages ou champs de soja. Au cours des douze mois allant daot 2007 juillet 2008, le Brsil avait perdu prs de 12 000 km de fort, soit 3,8 % de plus que lanne davant, mettant fin trois annes conscutives de rduction du rythme de la dforestation dans le pays. Cela avait conduit le gouvernement entamer lan dernier une offensive pour augmenter les contrles et les peines infliges aux destructeurs de lAmazonie. Des mesures qui ont port leurs fruits si lon considre les derniers chiffres, en net recul : lEtat amazonien du Para est celui qui a le plus souffert avec la perte de 319 km de fort, suivi du Mato Grosso, une rgion de plantations de soja et dlevage de bovins (272 km). Le biome (cest--dire laire bioclimatique) de la fort amazonienne, qui couvrait originellement 4 100 000 km au Brsil, nen couvrait plus que 3 403 000 km en 2005. D. R. | |||
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