Rechercher

/ languages

Choisir langue
 
Liste des rubriques
MFI HEBDO: Science Technologie Liste des articles

22/09/2009
Chronique Environnement : A Madagascar, la chasse aux lmuriens nest plus taboue ; La Banque mondiale (trop ?) optimiste sur le rchauffement ; Le barrage du Mont Saint-Michel est entr en fonction.

A Madagascar, la chasse aux lmuriens nest plus taboue


(MFI) Sappuyant sur des photographies et des tmoignages de lassociation malgache Fanamby, lONG Conservation International lance un cri dalarme contre la chasse aux lmuriens, de plus en plus frquente Madagascar. Lanimal est pourtant protg sur la grande le depuis 1983.
En malgache, certains lmuriens sont qualifis de fady, cest--dire de tabous. Plusieurs ethnies considrent lanimal comme la rincarnation des tres disparus. Ils ntaient donc pas chasss habituellement , explique Jeanne Foltz, du Centre de primatologie de luniversit de Strasbourg. Mais, prcise Chantal Andrianarivo, responsable de la valorisation de la biodiversit au Madagascar National Parks, depuis une dizaine dannes la pauvret croissante pousse certaines personnes briser ce tabou. Les troubles politiques qua connus le pays en 2009 ont aussi favoris cette chasse destine lalimentation ou la revente aux restaurants, la police consacrant moins de temps la lutte contre le braconnage.
Les lmuriens tus appartiennent deux espces menaces : les lmuriens couronns et les sifakas couronns. Ils sont principalement chasss dans la rgion de Daraina, dans le nord de lle. Les primates sont dj menacs par la dforestation et les cultures sur brlis. Selon Jeanne Foltz, 67,2 % des espces de lmuriens risquent de steindre dans les prochaines dcennies

La Banque mondiale (trop ?) optimiste sur le rchauffement

(MFI) Publi le 15 septembre 2009, le rapport annuel de la Banque mondiale est, cette anne, consacr au rchauffement climatique et se veut optimiste. Les pays en dveloppement continueront progresser et rduire leur pauvret tout en voluant vers une conomie peu mettrice de gaz effet de serre , crit linstitution internationale. La lutte contre le rchauffement ne serait donc pas lennemie du dveloppement ; une bonne nouvelle pour les pays du Sud qui nentendent pas renoncer leur croissance au nom dun changement climatique dont ils ne sestiment pas responsables.
La Banque mondiale veut croire que les pays industrialiss rduiront leurs propres missions de CO2 tout en transfrant au Sud les technologies mme de prserver lenvironnement. Elle pense aussi que les pays industrialiss financeront les mesures destines limiter limpact du rchauffement (scheresses, inondations) ; des mesures estimes 80 milliards de dollars par an jusqu 2030.
Ce rapport de la Banque mondiale semble nanmoins trs optimiste. En interne, certains nous ont dit que ctait de la science-fiction , reconnait lun des auteurs. Les ngociations actuelles en vue du sommet de lOnu sur le climat qui se tiendra en dcembre Copenhague montrent que les pays occidentaux sont surtout soucieux dviter de payer laddition de la lutte contre le rchauffement, plutt que de trouver des solutions communes.
Aujourdhui, les investissements des pays du Sud contre le rchauffement (efficacit nergtique, technologies propres) avoisinent 8 milliards de dollars par an. Le march des taxes carbone reste confidentiel, et la totalit de laide publique au dveloppement atteint peine les 100 milliards. On voit donc mal comment sera finance cette lutte contre le rchauffement dans les pays en dveloppement. Certains pays (le Mexique et la Norvge notamment) ont cr des fonds spciaux dans ce but, mais aucun ne dispose de plus de dix milliards de dollars. Transfrer le scnario de la Banque mondiale dans la ralit sera donc probablement difficile.

Le barrage du Mont Saint-Michel est entr en fonction

(MFI) Class au Patrimoine mondial de lhumanit par lUnesco, le Mont Saint-Michel (situ la frontire entre la Bretagne et la Normandie, dans louest de la France) devrait bientt retrouver son caractre maritime que lafflux de sdiments et dherbus menaait de lui faire perdre. Et cela grce linauguration, le 16 septembre, du barrage sur le Couesnon, le petit fleuve qui irrigue le Mont.
Le principe est qu chaque mare, grce un systme de pompes et de vrins, leau retenue dans le Couesnon depuis la mare haute sengouffre dans la baie du Mont-Saint-Michel, brasse les sdiments, rabote les berges couvertes de vgtation, puis entrane au large les alluvions que le cours trop faible du Couesnon navait la force demporter. Un effet de chasse deau en somme.
500 fois par an, un million de mtres cubes deau seront ainsi dverss dans la baie en quelques heures. Objectif : faire disparatre 40 hectares dherbus qui ont transform cet cosystme marin en paysage terrestre, et empcher de nouveaux dpts de se former. Si rien navait t fait, le Mont-Saint-Michel aurait t dfinitivement reli au continent dici trente ans. Cela fonctionne de manire extraordinaire. Lors des premires chasses, on voyait les sdiments se dtacher des berges par mottes entires. Si tout va bien, dans cinq ans, cest un horizon de mer et de sable qui conduira le regard jusquau Mont , se flicite Franois-Xavier de Beaulaincourt, le directeur du syndicat mixte de la baie du Mont Saint-Michel.
Elment cl de la restauration du milieu maritime, le barrage sur le Couesnon nest que la premire tape dun programme de 200 millions deuros qui prvoit galement de dmolir la route qui conduit au Mont et les parkings qui lentourent, afin de freiner lensablement dun monument qui attire trois millions de visiteurs par an. Toutes les baies du monde sensablent ; cest un phnomne naturel. Nous ne voulons pas aller contre la nature, mais dfaire les constructions qui ont acclr artificiellement le processus , prcise Franois-Xavier de Beaulaincourt. Dgag du limon, le Mont-Saint-Michel sera entirement entour par la mer 150 jours par an, contre 50 aujourdhui.

Jean Piel

retour