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18/03/2008
Les Afriques en retard face au dfi de lemploi des femmes

(MFI) Le Bureau international du Travail des Nations unies a publi, dbut mars 2008, son 3e rapport sur les Tendances mondiales de lemploi des femmes. Ltude, qui sappuie sur les chiffres de lemploi des diffrentes rgions du monde, relve des progrs tout en pointant leur lenteur. Cette dernire est accentue en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne, deux rgions qui, pour des raisons diffrentes, restent en queue de peloton. Pourtant, en croire lconomiste Dorothea Schmidt, co-auteur du rapport, les pays ont tout gagner de lactivit des femmes.

Il est des indicateurs qui tmoignent particulirement du niveau de dveloppement dun pays. Lmancipation des femmes en est un, rvlateur. Or celle-ci passe notamment par une prsence amliore sur le march du travail. Pour faire le point sur ces questions, le Bureau international du Travail (BIT) a publi dbut mars son rapport sur les Tendances mondiales de lemploi des femmes. Cette tude met en vidence des avances globales : de plus en plus de femmes dans le monde se trouvent en mesure daccder un emploi. Cependant, on ne peut pas se satisfaire de ces amliorations disparates dune rgion du globe lautre. Sur le continent africain, deux situations totalement opposes cohabitent.

Des emplois vulnrables en Afrique subsaharienne

Dun ct, il y a lAfrique subsaharienne. Sur ces territoires, on trouve un taux demploi des femmes trs lev et un taux de chmage assez bas , affirme lconomiste Dorothea Schmidt, co-auteur du rapport. Pour mmoire, le taux demploi se calcule sur lensemble des femmes dune rgion alors que le taux de chmage ne prend en compte que celles qui cherchent un emploi. Pour 100 hommes conomiquement actifs, 75 femmes le sont aussi, continue-t-elle. Cela reprsente un trs petit cart. La rgion se positionne donc parmi celles aux plus forts ratios de femmes actives. Il ne faut toutefois pas interprter cette proportion importante comme une donne positive. Les taux levs demploi des femmes sont lis aux forts taux de pauvret. Une personne pauvre doit travailler pour survivre , souligne la spcialiste de lemploi au fminin.
Les femmes de la rgion cherchent ainsi travailler pour survivre. Elles nont donc pas le choix et doivent accepter nimporte quelle tche. L-bas, quand les femmes travaillent, cela ne permet pas de sortir de la pauvret , dplore Dorothea Schmidt. On constate dailleurs en Afrique subsaharienne que plus de huit femmes actives sur dix occupent des emplois vulnrables. La plupart exercent leurs activits dans le secteur de lagriculture, essentiellement dans une agriculture de subsistance. De plus, les jeunes filles doivent aussi souvent contribuer au revenu familial. Elles pourraient, la place, tre scolarises sil existait des solutions ducatives , ajoute lexpert.

Un chmage trs lev en Afrique du Nord

En Afrique du Nord, la situation est compltement inverse , compare-t-elle. Les femmes ont davantage accs des tches rmunres, salaries et stables. Selon Dorothea Schmidt, cela sexplique notamment par une prise en charge ducative meilleure quil y a dix ans : Au nord du Sahara, on a investi sur les filles : maintenant, il y a beaucoup plus de femmes qui ont reu une ducation. Cest pourquoi on constate une rpartition sectorielle de lemploi des femmes toute autre quen Afrique subsaharienne. Un peu plus dune femme active sur deux travaille dans le secteur tertiaire des services, principalement dans le service public.
Si la majorit des femmes actives occupent un emploi plutt valorisant, le taux demploi des femmes reste trs bas, et le taux de chmage atteint 16,2 % le plus lev dans le monde. Une inactivit professionnelle qui accentue la dpendance lgard du mari. Selon Dorothea Schmidt, la faible prsence des femmes sur le march du travail nord-africain est le rsultat dune tradition culturelle . Largument rpandu, prtexte la discrimination lembauche faite aux femmes, est que quand les femmes travaillent, cela nuit aux hommes. Mais cette ide est totalement fausse , sinsurge le co-auteur du rapport du BIT.

Lemploi des femmes, un facteur de croissance

Elle est dautant plus fausse que lon constate que la rgion qui observe la plus grosse croissance conomique actuellement lAsie du Sud-Est est galement celle o les femmes participent le plus au march du travail. Les pays ont donc tout intrt favoriser le travail des femmes. Mais ce nest toutefois pas le remde tous les maux. La participation des femmes nest pas la solution miracle. Il ny a pas automatiquement de la croissance conomique quand elles sont actives, tempre Dorothea Schmidt. Mais ce qui est sr, cest que quand les femmes travaillent, elles peuvent contribuer la croissance et cest mieux pour toute lconomie.
Alors que faire ? Par la voix de son conomiste, le BIT prconise des solutions diffrentes selon les zones : En Afrique subsaharienne, il ne faut pas essayer de crer du travail pour les femmes dans les grandes villes. En effet, les hommes sont l et ils ne trouvent dj pas demploi. Il faut plutt se concentrer sur lagriculture dans les petits villages. Au contraire, en Afrique du Nord, il y a de la place dans les villes pour que les femmes travaillent. Le dfi, cest de leur ouvrir les professions dans les secteurs modernes, les nouvelles technologies par exemple.


En savoir plus : www.ilo.org/global/lang--fr/index.htm

Jean-Philippe Chognot

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