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| 07/07/2006 | |||
| Rpublique dmocratique du Congo Vers une diplomatie foncire | |||
| (MFI) Les conflits fonciers sont la partie oublie du problme congolais . Ils abondent pourtant dans ce pays-continent et sont la racine dantagonismes et daffrontements durables : Banyamulenge contre Kivutiens, Hemas contre Lendus, Katangais contre Kasaens, etc. Les espaces les plus riches dun point de vue minier et agricole sont, bien sr, les plus disputs. | |||
| A lest de Kisangani, dans la Province Orientale, le territoire de Bafwasende est une zone diamantifre qui tait la ligne de front entre les forces progouvernementales, les Rwandais, les Ougandais et les Ma-Ma (1) lors de la seconde guerre congolaise (2). Comme dans dautres parties du territoire congolais, les milices villageoises dautodfense Ma-Ma ont combattu les Rwandais et Ougandais, prenant alors le relais des Forces armes zaroises (FAZ) incapables de faire face. Dans la zone de Bafwasende comme dans beaucoup dautres, le rflexe dautodfense a ensuite t investi par les intrts ethniques et conomiques de cette rgion diamantifre et, une fois les envahisseurs rwandais et ougandais partis, les villages Babamba et Barumbi se sont affronts pour le contrle du foncier. Hautes terres ultra-productives pour lagriculture et riches en minerais de toutes sortes (cobalt, cassrite, or, etc.), les Kivus sont convoits par les voisins rwandais, leveurs et confronts au surpeuplement dans leur pays. Leurs cousins Banyamulenge, qui sont des Congolais rwandophones, sont de ce fait encore regards avec la suspicion que lon rserve aux mangeurs de terres trangers. En Ituri, souvent prsent comme le type mme du conflit dingrence (en raison de la prsence de larme ougandaise entre 1998 et 2003), cest un diffrend foncier ultra-local, dans le territoire de Djugu, qui a mis le feu aux poudres. En 1999, des paysans lendus ont tu des propritaires hemas et dclench des reprsailles qui ont embras lensemble du district. Grands bnficiaires de la zarianisation de lconomie, les Hemas sont devenus les latifundiaires de lIturi et ont accapar les terres en soudoyant le service du cadastre et le tribunal de grande instance (selon la lgislation congolaise, un titre de proprit non contest pendant deux ans devient incontestable). Ces malversations foncires qui se sont multiplies dans les annes quatre-vingt-dix ont permis aux concessionnaires hemas dagrandir leurs proprits, ce qui a suscit une monte du mcontentement chez les Lendus. Exasprs, ceux-ci ragirent en dclenchant un cycle de violences interethniques, manipules par larme ougandaise, jusqu lintervention internationale de 2003. Le droit du premier arrivant, forcment difficile tablir En Ituri comme ailleurs, les conflits fonciers sinscrivent dans la longue dure. La co-existence des deux groupes aux territoires troitement imbriqus stait traduite, dans le pass, par plusieurs vagues daffrontements en 1911, 1921, 1969, 1971, 1981 et 1992/93. Sils reposent parfois sur des modes de vie antagoniques comme lopposition entre leveurs et agriculteurs (les Hemas sont des leveurs dorigine nilotique tandis que les Lendus sont des bantous cultivateurs), ces conflits opposent gnralement des populations aux mmes traditions mais la recherche de terres pour vivre. Sur fond dingalit socio-conomique entre tribus, ces guerres de terroirs, o chacun cherche semparer des bonnes terres de lautre, mettent en avant lautochtonie dans des espaces o les populations ont beaucoup boug au cours des deux sicles prcdents. Bien quadmis partout, le droit du premier arrivant est difficile tablir en RDC et fait lobjet dune contestation permanente qui nexclut pas les manipulations mmorielles et la violence. Ignors par la diplomatie internationale qui a prsid au processus de paix, ces conflits fonciers jouent un rle majeur dans linstabilit chronique de lEst congolais et leur rsolution conditionne maintenant une paix durable dans cette partie du pays. La consolidation de la paix implique que la grande diplomatie cde dsormais la place une diplomatie plus terre terre, plus concrte et plus proche des proccupations des Congolais. Une diplomatie foncire. Thierry Vircoulon (1) En RDC, lappellation Ma-Ma est maintenant extrmement banalise. Si initialement elle renvoyait des groupes arms dautodfense villageoise, avec une forte doctrine ethnique et prnant un retour ou une prservation de la tradition, elle a fini par dsigner des bandes armes nomadisant plus ou moins sur le territoire congolais. Ainsi, les premiers Ma-Ma prsents Bafwasende sont venus de Beni, faisaient partis du conseil Ma-Ma de la capitale du Nord-Kivu et ntaient donc pas autochtones. Ceux dOpieng se sont forms en raction ces intrusions venues du Nord-Kivu sur des bases dautodfense villageoise. (2) A partir daot 1998. | |||
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