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01/04/2005
Mourir pour une gorgée d’eau sale
La Banque africaine de développement mobilise sur la question de l’eau


(MFI) L’accès à une eau salubre et à l’assainissement, clé pour sortir de la trappe à pauvreté, est à l’ordre du jour de plusieurs rencontres internationales en ce mois d’avril 2005. La Banque africaine de développement mobilise sur cette question, notamment par son Initiative pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement en milieu rural, objet d’une importante conférence à Paris.

« Le fait que nous soyons incapables de fournir deux simples seaux d’eau salubre par jour à chaque enfant est un affront à notre humanité, déclarait Carol Bellamy, directrice générale du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) le 22 mars dernier. Trop de gens meurent à cause de notre inertie, et ces décès sont accueillis dans un silence assourdissant. » Il faut environ vingt litres d’eau salubre par jour à un enfant pour qu’il puisse boire, se laver les mains et préparer un repas. Sans ces deux seaux d’eau, il devient facilement la proie d’affections potentiellement mortelles. Un cinquième des enfants dans le monde, soit 400 millions d’enfants, ne disposent pas du minimum vital en eau potable. L’impact de l’eau insalubre, d’installations sanitaires insuffisantes et d’une hygiène inadéquate ne se mesure pas seulement aux 4 000 enfants qui meurent chaque jour de maladies liées à l’eau comme les diarrhées ou la typhoïde. Des millions d’autres survivent avec difficulté parce qu’ils sont souvent malades. En Afrique subsaharienne, 43 % des jeunes boivent de l’eau insalubre, risquant de contracter une maladie, ou même de mourir, à chaque gorgée.
Carol Bellamy s’est exprimée, le 22 mars, à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, qui a marqué le coup d’envoi de la Décennie internationale d’action 2005-2015 « L’eau, source de vie ». Cette initiative met en relief le lien entre le développement des ressources hydriques et leur gestion, d’une part, et la réduction de la pauvreté, le développement économique et le progrès social d’autre part. Si l’on veut atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en 2015, le travail sur l’accès à l’eau est primordial. La mobilisation, au plan mondial, s’est notamment traduite par la création, par le Secrétaire général des Nations unies, d’un Conseil des sages, haute autorité spécialement chargée d’évaluer les progrès réalisés et d’identifier les obstacles à surmonter pour atteindre les OMD dans le secteur de l’eau. Au plan intercontinental, on peut citer notamment le projet, en cours d’approbation par l’Union européenne et les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP), d’une facilité de financement dans le secteur de l’eau d’un montant de 500 millions d’euros, dont la première tranche de 250 millions euros devrait être disponible dès cette année pour financer des projets, définis notamment avec des partenaires africains, dans le cadre de l’Initiative européenne de l’eau. En Afrique, la Banque africaine de développement (Bad) a fait des ressources hydriques l’un de ses domaines d’intervention prioritaires.


Coût annuel moyen de l’Initiative lancée par la Bad : 1,2 milliard de dollars

Lors de la présentation de la Conférence internationale sur l’eau et l’assainissement en Afrique rurale, que le groupe de la Bad organise conjointement avec la France le 1er avril à Paris, Maria Mutagamba, ministre de l’Eau en Ouganda et présidente du Conseil ministériel africain de l’eau (Amcow, selon son acronyme anglais), a tenu à souligner ces « tsunamis silencieux » subis par un continent où dix pays au moins sont déjà en manque d’eau. Si rien n’est fait, « ce sera une crise majeure demain, a-t-elle ajouté ; l’eau est une clé pour ouvrir la trappe à pauvreté dans laquelle l’Afrique est prise. » De fait, les efforts de lutte contre la pauvreté sont perpétuellement minés par la fréquence des maladies, l’énergie, le temps et l’argent gaspillés à rechercher une eau pourtant potentiellement accessible. L’Afrique – agriculture, industrie et usage domestique confondus – n’utilise en effet que 3 % de ses ressources hydriques disponibles, et près de 50 % de sa population ne dispose pas d’infrastructures d’accès à l’eau et d’assainissement.
Chanel Boucher, vice-président de la Bad, a insisté, lors de cette présentation, sur l’effet de levier que ne manque pas d’avoir tout investissement dans le secteur de l’eau. Ce qui explique que la Bad soutienne plusieurs initiatives complémentaires dans le secteur, dont la Facilité africaine de l’eau (FAE) – conçue sous l’égide de l’Amcow, gérée par la Bad et destinée à appuyer les efforts en matière d’environnement institutionnel et de renforcement des capacités – et le programme sectoriel de l’eau du Nepad – destiné à renforcer la gestion transfrontalière des ressources hydriques dans le cadre de l’intégration économique et de la coopération régionale.
Mais surtout, la Bad a lancé l’Initiative pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement en milieu rural (IAEAR), destinée à fournir à quelque 300 millions de personnes un accès à l’eau potable et à l’assainissement à l’horizon 2015, soit un taux d’accès de 80 %, ensuite porté à 100 % en 2025. Pourquoi se focaliser sur le milieu rural ? Car « plus de 60 % de la population africaine est encore rurale, a répondu Chanel Boucher, et que si on ne fait rien dans les campagnes, l’exode rural va s’accroître aggravant demain les problèmes en ville ! » Déjà en cours dans cinq pays, l’Initiative, dont le coût annuel moyen est estimé à 1,2 milliard de dollars, sera financée à 30 % par la Bad, à 20 % par les pays et leurs populations, et à 50 % par les donateurs et bailleurs internationaux, que la Conférence du 1er avril 2005 a sollicités. L’eau reste très présente sur l’agenda international en 2005, notamment avec la réunion de la 13e Commission du développement durable, du 11 au 22 avril à New York.

Ariane Poissonnier


Pour en savoir plus : http://www.afdb.org/fr/





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