par Danielle Birck
Article publié le 03/01/2008 Dernière mise à jour le 07/01/2008 à 13:19 TU
Et le détour par cette histoire « récente» s’impose. De lui-même, on dira, puisque la gare de Metz est le symbole le plus immédiat et le plus puissant de cette histoire. Finie de construire en 1908, elle répond à la fois aux objectifs militaires et de prestige du deuxième Reich allemand, et de celui qui l’incarne alors, l’empereur Guillaume II.
Avec ses 300 mètres de façade de style roman, un somptueux salon impérial, quelque 13 voies et des quais de différentes hauteurs, en fonction des besoins, civils ou militaires, des passages souterrains qui en permettent la traversée sans avoir besoin d’accéder au voies en surface, la gare de Metz est au cœur du plan d’urbanisme adopté en 1903 par le pouvoir prussien. Un plan dont l’empereur Guillaume II tiendra à suivre personnellement la réalisation, l’idée étant de faire de Metz « la vitrine de la Grandeur germanique ».
Un sujet sur lequel Christine Pignon-Feller, historienne de l’art, est intarissable :
"Une gare stratégique, technique et impériale."
Avec la fin de la Grande guerre, Metz redevient française, avant d’être à nouveau annexée lors de la Seconde guerre mondiale, de 1940 à 1944. Mais ce qui est frappant, et qui contribue à l’harmonie de ce quartier Impérial, c’est que, entre les deux guerres, comme dans une moindre mesure après 1948, il continue à se construire dans le respect du plan d’urbanisme initial. Voies courbes, vastes places, espaces verts au cœur de la ville : même si les immeubles qui se côtoient le long du boulevard Foch (un « ring » comme celui de Vienne) offrent leurs façades de styles très différents en fonction des architectes, l’ensemble est cohérent.
Une cohérence et une richesse architecturale qui ont conduit la ville de Metz à effectuer, en juin 2007, le dépôt de candidature du quartier impérial messin au patrimoine mondial de l’Unesco.
Du théâtre romain au nouveau quartier
Plan d'urbanisme du uartier de l'Amphithéâtre.
Image : Charles Wallon / Ville de Metz © Agence Nicolas Michelin et Associés (ANMA)
Le nouveau quartier qui commence à sortir de terre de l’autre côté de la gare, s’organise autour du centre Pompidou-Metz. On y accède de la gare de voyageurs par un de ses passages souterrains, ou par le passage de l’Amphithéâtre. Récemment restauré avec un nouvel éclairage qui met en valeur les carreaux de céramique de ses parois, ce passage sera rendu aux piétons lorsque le centre Pompidou-Metz sera achevé. Seuls les transports en commun et cars de tourisme y auront accès.
Ce futur nouveau quartier de Metz porte un nom qui le relie à son passé le plus lointain, puisque'il est érigé sur les vestiges d’un très vaste théâtre antique romain, le plus grand de la Gaule romaine, avec ses 25 000 places. Même s’il n’en subsistent que des vestiges, invisibles, des fondations, le monument est très présent dans la mémoire messine, d’où le nom du nouveau quartier.
Shigeru Ban, architecte du Centre Pompidou-Metz, et Nicolas Michelin, urbaniste du quartier de l'Amphithéâtre.
© Shigeru Ban Architects Europe / photo:Gaston Bergeret © ANMA
Un nouveau quartier dont on peut se faire une idée sur plans et images, dans la Maison du Projet, un espace d’exposition ouvert depuis juin 2006 au grand public. Un lieu éphémère également conçu par Shigeru Ban et construit à partir de deux anciens conteners de bateaux. Disposés à chaque extrémité, ils délimitent un espace central d’exposition, tout en servant à la fois de bureau, de sanitaires et de points d’appui pour le toit. Sans oublier un belvédère qui permet d’embrasser l’ensemble des chantiers en cours.
Un chantier sur lequel va s’élever « tout ce qui fait une ville », explique l’architecte Philippe Hubert, chargé de mission du Centre Pompidou Metz. C'est-à-dire habitations, commerces, hôtels, espaces verts, places à l’abri de la circulation.
Qualité environnementale
Côté habitation c’est le principe de la mixité, fonctionnelle et sociale, qui a été retenu. Avec des immeubles qui comporteront des commerces, des bureaux et dans les étages supérieurs, des logements, comme l’explique Philippe Hubert :
Cette mixité fonctionnelle prend petit à petit le pas sur le cloisonnement dans l’architecture et l’urbanisme contemporains, et s’inscrit dans la recherche d’une meilleure qualité environnementale, ce fameux HQE (Haute qualité environnementale). Un aspect que le plan d’urbanisme du quartier de l’Amphithéâtre a voulu développer, avec notamment le traitement des eaux pluviales. Tous les toits des immeubles seront végétalisés selon « une technique très au point, largement utilisée aux Pays-bas ou en Allemagne, mais encore peu en France », souligne Philippe Hubert.
La qualité environnementale c’est aussi l’isolation thermique, l’économie d’énergie, avec les capteurs solaires, mais aussi une extension du chauffage urbain, déjà bien développé dans la ville et obtenu à partir de l’incinération des ordures et la chaleur récupérée de la production d’électricité.
Le centre Pompidou de Metz vu du parvis.
© CA2M / Shigeru Ban Architects Europe / Jean de Gastines Artefactory
Avec une innovation : la mise en place d’un réseau de climatisation, à partir d’une centrale de production de froid. Un investissement « qui est rendu possible, explique Philippe Hubert, par le fait que le Centre Pompidou-Metz, comme tous les musées, est un grand consommateur de climatisation. Pour la protection des œuvres, avec une température et une hygrométrie stables, et cela, été comme hiver ».
Ce « grand consommateur de climatisation » devrait ouvrir au public en 2009 tandis que l'’ensemble du quartier prendra forme progressivement. On peut d'ailleurs suivre en temps réel l’évolution du chantier grâce à la mise en ligne d’une webcam installée sur le site et gérée par les services de la ville de Metz… Metz qui a aussi créé en 1984 un technopôle, dont une extension, « Technopôle 2 », a vu le jour en 2007…03/01/2008