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9ème Art

Angoulême, ville de l’image

par Danielle Birck

Article publié le 22/01/2008 Dernière mise à jour le 24/01/2008 à 11:09 TU

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

La ville qui accueille depuis 1974 le festival international de la bande dessinée est devenue progressivement une référence mondiale en matière d’image, imprimée ou animée. En une dizaine d’années quelque deux cents entreprises et écoles liées à l’image se sont installées à Angoulême ou dans ses environs. Une nouvelle impulsion vient d’être donnée, depuis le 1er janvier 2008, avec la création de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, en attendant, l’année prochaine, l’ouverture du nouveau musée de la bande dessinée.

A la veille de l’ouverture de la 35ème édition du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, des bulles s’agitent un peu partout gré du vent qui souffle fort ce jour-là dans le centre ville perché sur les remparts. Quatre jours de festival dans une ville qui vit toute l’année sous le signe de la BD : les noms des rues se déchiffrent dans des bulles, des pignons d’immeubles s’ornent de fresques originales, les fameux « murs peints »  réalisés par une équipe de muralistes avec la complicité d’artistes célèbres de BD, tandis qu’au détour d’une rue, on peut se trouver nez à nez avec un personnage familier de BD, figé dans la pierre ou le métal. C’est d’ailleurs un marsupilami, dans sa cage de verre, qui accueille le visiteur à son arrivée sur  le quai de la gare … Sans parler des autobus qui  transportent avec eux l’imaginaire graphique de la bande dessinée...

« <em>Mémoires du XXe Ciel</em> » par Yslaire(Photo : Danielle Birck/ RFI)

« Mémoires du XXe Ciel » par Yslaire
(Photo : Danielle Birck/ RFI)

La Cité internationale

Mais la BD 365 jours par an, c’est avant tout la Cité internationale de la Bande dessinée et de l’Image, en activité  depuis  le 1er janvier 2008 et née du regroupement au sein d’un établissement public, du Centre national de la Bande dessinée et de l’image (CNBDI) et de la Maison des auteurs. C’est l’aboutissement d’une histoire commencée en 1974, avec la création du Festival, et qui s’est poursuivie dans les années 80, à l’initiative de Jack Lang dans le cadre des grands projets présidentiels en région, avec la création du CNBDI  qui a ouvert ses portes en 1990. Parallèlement, le pôle image Magelis, syndicat mixte, encourageait l’installation à Angoulême d’entreprises de l’image, de studios d’animation, de production de jeux vidéos, ainsi que d’instituts de formation. Citons l’Ecole nationale du jeu et des médias interactifs numériques, l’ENJMIN, créée fin 2005, qui a pour vocation de former des professionnels, des chercheurs, et des artistes de haut niveau spécialisés dans le domaine, et de constituer à terme une pépinière pour la recherche, la création d'entreprise et la production d’œuvres dans le secteur du jeu vidéo. L’ESI, l’Ecole  européenne supérieure de l’image, une école d’animation, de création infographique, ou encore le Lycée de l’image et du son, le LISA. Et, bien sûr, il y a cinq ans, la création de la Maison des auteurs, pour accueillir en résidence des artistes, dans les domaines de la BD, de l’illustration, du multimédia, de l’animation.

Le CNBDI.(Photo : Danielle Birck/ RFI)

Le CNBDI.
(Photo : Danielle Birck/ RFI)

Bref, rien d’étonnant à ce que certains, appellent Angoulême « la vallée de l’image », à l’instar de la Silicon Valley, le vivier californien des nouvelles technologies. Pour Gilles Ciment, le directeur de la Cité internationale, « c’est vrai qu’Angoulême est maintenant le berceau de l’image et des nouvelles images… un véritable campus, en fait. Avec des étudiants dont certains ont acquis une renommée internationale. Pour ne prendre que l’exemple de l’ENJMIN,  hébergée dans nos murs, quelque huit étudiants sur dix sortent de leur formation avec un CDI en poche, en France ou ailleurs, en particulier aux Etats-Unis. C’est une formation très réputée. Il y a aussi les entreprises  de l’image : par exemple, ‘Peur(s) du noir’, le long métrage d’animation qui va sortir le 13 février, a été entièrement produit à Angoulême, en véritable coopération, puisque deux des auteurs ont développé leur projet en résidence à la Maison des auteurs. Le film Kirikou  a été en grande partie réalisé à Angoulême, sans parler des séries animées, ou même des fictions pour la télévision qui ont été tournées en Charente ».

La région a d’ailleurs créé « Poitou-Charente Cinéma », une structure d’aide à la création cinématographique et audiovisuelle. La Cité internationale dispose elle-même de deux salles de cinéma, qui viennent d’être refaites et mises au normes techniques les plus avancées.  « On est dans un bouillonnement d’images qui a largement dépassé le périmètre de la BD, conclut gilles Ciment. La BD qui reste néanmoins notre cœur d’activité, notre domaine d’excellence ».

« <em>Un samedi à Malakoff.</em> » par Frank Margerin(Photo : Danielle Birck/ RFI)

« Un samedi à Malakoff. » par Frank Margerin
(Photo : Danielle Birck/ RFI)

Le Musée de la Bande dessinée

Un domaine d’excellence qui va avoir un nouveau musée. Celui-ci dont la réalisation à été confiée  à l’architecte Jean-François Bodin (à qui l’on doit la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris) devrait ouvrir ses portes pour la prochaine édition du Festival, fin janvier 2009. Le Musée de la Bande dessinée  va s’installer sur l’autre rive de la Charente, juste en face de la Cité internationale, à laquelle il sera relié par une passerelle. Ce sont les très beaux bâtiments d’anciens chais du XIXe siècle qui vont accueillir un fonds de quelque 7000 dessins et planches originales, ainsi qu’une bonne partie du fonds patrimonial de la bibliothèque trop à l’étroit dans les murs du CNBDI, avec ses 115 000 fascicules de revues et 42 000 albums.

Le futur Musée de la Bande Dessinée.(Photo : Danielle Birck/ RFI)

Le futur Musée de la Bande Dessinée.
(Photo : Danielle Birck/ RFI)

« Un fonds qui s’enrichit en permanence, souligne Ambroise Lassalle, le conservateur du musée, d’autant que la BNF attribue systématiquement à la Cité internationale un  exemplaire du dépôt légal à titre de conservation. Et ce depuis 1984, date de la création du CNBDI (Centre national de la Bande dessinée et de l’image). C’est aussi pour nous la possibilité de fonctionner comme un observatoire, puisqu’on a une vue d’ensemble de la production de BD francophone ». 

L’espace du musée devrait aussi permettre d’accroître la part consacrée  à la BD américaine, « dont l’influence a été importante sur la BD française », tient à préciser Ambroise Lassalle. Quant à l’exposition inaugurale du musée en 2009, on nous assure que ce sera une surprise, mais on n’en saura pas plus...                                                                           

La Maison des Auteurs 

Une diversité de la BD que l’on retrouve à la Maison des Auteurs, installée depuis cinq ans dans un bel immeuble ancien, dans la partie haute d’Angoulême sur les remparts, la « Maison des hauteurs », comme l’écrit Gilles Ciment, qui en fut le président jusqu’en 2008. Alors que le CNBDI est abrité dans une ancienne brasserie (magnifique bâtiment réhabilité et habillé de verre par l'architecte Roland Castro) au pied des remparts sur le bord de la Charente, le bâtiment de la Maison des auteurs, offre lui une vue magnifique et circulaire sur la vallée charentaise.

« <em>New York sur Charente</em> » par Nicolas de Crécy.(Photo : Danielle Birck/ RFI)

« New York sur Charente » par Nicolas de Crécy.
(Photo : Danielle Birck/ RFI)

Les lieux, autrefois occupés par un fabricant de meubles, ont été entièrement rénovés pour accueillir une vingtaine d’auteurs sur des durées qui varient de trois mois à deux ans, voire exceptionnellement à quatre si le projet l’exige. Il est seulement demandé aux résidents une participation annuelle au frais de gestion d'un montant de 150 euros. La maison accueille également des auteurs qui ne sont pas en résidence, mais viennent chaque jour y travailler.

« L’idée est d’accompagner des auteurs qui viennent développer un projet de narration graphique, explique Pili Muñoz, la directrice de la Maison des auteurs. Ça peut être de la bande dessinée, de l’animation, ou encore des livres pour la jeunesse : une palette assez importante. Nous leur proposons un certain confort, puisque nous mettons à leur disposition des ateliers équipés pour la création graphique. Eventuellement des appartements pour les auteurs qui viennent de loin. D’ailleurs, un certain nombre d’auteurs se sont installés à Angoulême, à l’issue d’une formation dans l’une des écoles de l’image de la ville. Nous offrons également un lieu de rencontre, des salles de réunion, des services, juridiques ou liés à la création. Nous organisons des expositions pour mettre en valeur le travail des résidents, notamment l’exposition réalisée à l’occasion du Festival, une rétrospective des travaux accomplis pendant l’année. »

L’exposition de cette édition 2008, Noces de Papier, a été organisée autour du thème de la réunion des deux structures, CNBDI et Maison des auteurs, un thème décliné au fil des préparatifs d’un mariage. Pour Pili Muñoz, ce « mariage », qui, avec la création de la cité internationale, fait passer les deux entités du statut d’association à celui d’établissement public, « est à la fois une reconnaissance et une assurance d’avoir les moyens de fonctionner » Et aussi une manière de « gagner beaucoup en visibilité ».

DR

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Si le Festival n’a pas souhaité - pour l’instant - se joindre au projet de création de la Cité internationale, le partenariat n’en reste pas moins d’actualité avec la Cité internationale. « Un partenariat qui s’exerce tout au long de l’année, les organisateurs du Festival ayant recours aux ressources documentaires, techniques, scientifiques et intellectuelles de la Cité Internationale », souligne Gilles Ciment. Bien sûr le Festival constitue un  moment intense de ce partenariat : « Par exemple, pour cette édition 2008, nous accueillons dans nos murs la grande exposition du président du jury de cette année, le grand prix de l’an dernier, José Munoz. Une exposition ‘Munoz et la bande dessinée argentine’, produite par le Festival. Nous proposons également une exposition sur l’artiste new-yorkais Ben Katchor, lauréat l’an dernier du grand prix de l’Ecole  européenne supérieure de l’image, une exposition en hommage à Bottaro, l’artiste italien auteur de ‘Pépito’, décédé en 2006. Il y a aussi les rencontres internationales organisées avec le festival dans nos murs, les rencontres dessinées, les avant-premières - avec notamment ‘Peur(s) du noir’ -  des dédicaces, des stages… Bref,  un bouillonnement d’activités pendant les 4 jours du Festival ».

Un Festival dont la dimension internationale est de plus en plus évidente, « le ‘I’ de FIDB (Festival International de la bande Dessinée) se porte bien. Très bien même », selon Franck Bondoux, son délégué général. Une dimension internationale qui se traduit dans la  participation étrangère au Festival, mais aussi dans l’exportation de celui-ci. Avec un point d’orgue : l’exposition universelle de la Bande dessinée, créée par le Festival, qui constituera l’élément majeur du pavillon français présent à la grande Exposition universelle de Shangaï en 2010.

Hôtel de Ville d’Angoulême, Vue nord-ouest.(Photo : Ville d’Angoulême / Alain François)

Hôtel de Ville d’Angoulême, Vue nord-ouest.
(Photo : Ville d’Angoulême / Alain François)

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