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La Bougie du Sapeur

par Danielle Birck

Article publié le 27/02/2008 Dernière mise à jour le 29/02/2008 à 16:01 TU

Fidèle au rendez-vous, La Bougie du Sapeur est à nouveau dans les kiosques pour ce jeudi 29 février 2008, avec sa 8ème édition. Car ce périodique humoristique, né en 1980, ne parait qu’à cette date, chaque année bissextile, soit tous les quatre ans…

Son titre rend hommage au Sapeur Camember, le fameux personnage créé en 1896 par Christophe, alias Georges Colomb, un des pères de la bande dessinée en France. Un personnage que son auteur a fait naître un 29 février, et qui souffle donc sa bougie d’anniversaire, tous les quatre ans…

 Une blague de potache, La Bougie du Sapeur ? Oui. Son rédacteur en chef, Jean d’Indy, ne s’en cache pas : « une bande de copains, dont un ‘fondu’ de presse, Christian Bailly, qui se sont dit ‘on va faire un gag’…Ils ont poussé le gag jusqu’à le mettre dans les circuits de distribution classiques (…) et ça a tout de suite marché ».  Et 28 ans plus tard, tirée à 200 000 exemplaires et distribuée dans les kiosques par les très officielles NMPP (Nouvelles messageries de la presse parisienne), La Bougie est toujours là. Une vingtaine de  pages bien dans l’esprit des Facéties du Sapeur Camember, avec ce côté « bon sens » de quelqu’un qui raisonne souvent « au premier degré »..  « Et on a un humour qui est parfois assez  ‘premier degré’, il faut bien le dire, concède Jean d’Indy. ‘A peu près’, contrepèteries, etc, on y trouve toutes les formes d’humour, un humour bien français, mais pas franchouillard, sympa »…

Avec, pour cette année 2008, une innovation : un supplément La Bougie du Sapeur Madame. « Nous sommes en train de constituer un groupe de presse », annonce, très pince-sans-rire, Jean d’Indy. Il est vrai que ce supplément Madame, succède au supplément Dimanche de l’édition précédente, celle du 29 février 2004, qui tombait un dimanche… « ce qui ne se produit que tous les 28 ans », précise Jean d’Indy.

On l’aura compris : il s’agit de s’amuser, car même si l’actualité n’est pas forcément drôle, « on peut y apporter des commentaires plutôt marrants ». Comme, par exemple,  les annotations fantaisistes d’un bulletin scolaire fictif, pour répondre au souhait du président de la République de voir « notés » les ministres : « Lorsque  l’élève risque de dépasser le maître, le danger nous guette », peut-on lire en face du nom de François Fillon…

Mais comment traiter l’actualité lorqu’on ne parait que tous les quatre ans ?  Car « au fur et à mesure que les années passent, l’actualité trépasse », constate le rédacteur en chef. Le contenu sera donc consacré en majorité à l’actualité la plus récente ».

Statue érigée en l'honneur du Sapeur Camember(Photo : Ville de Lure)

Statue érigée en l'honneur du Sapeur Camember
(Photo : Ville de Lure)

Sans oublier la culture, car « il n’y a pas un journal sérieux sans une rubrique culture ». Laquelle, bien sûr,  ne peut manquer de faire  référence au Sapeur Camember, « qui fait partie du patrimoine  culturel français », avec, cette année, le lancement d’une « grande souscription »  pour « l’érection d’une statue du Sapeur Camember qui viendrait remplacer (ou se poser sur) les colonnes de Buren ». Une manière « d’ôter une épine du pied à la ministre de la Culture » dans  le polémique autour de l’entretien des fameuses colonnes érigées dans la cour du Palais-Royal à Paris.

Soit dit en passant : le Sapeur Camember a déjà sa statue, dans la bonne ville de Lure, dans la Haute-Saône, qui a vu naître son créateur Georges Colomb – alias Christophe – en 1856 (voir encadré). La ville de Lure qui s’apprête à fêter dignement, comme tous les quatre ans, ce 29 février, avec notamment une proposition de « panthéonisation » du Sapeur. Ce n’est pas pour rien que les habitants de Lure s’appellent des Lurons…

« Gais lurons » aussi que l’équipe de La Bougie du Sapeur, entièrement bénévole. Et qu’on se rassure : ils ont tous une vie en dehors de La Bougie…. 

          Lure, « Christophe » et le Sapeur Camember

Lure est très fière de l’enfant du pays, Georges Colomb (1856-1945), qui lui a fait un autre enfant avec son personnage du Sapeur Camember. Ce « maître auxiliaire » au lycée Saint-Louis à Paris arrondit ses fins de mois comme illustrateur puis rédacteurs d’histoires dessinées, ancêtres de la BD. C’est sous le pseudonyme de « Christophe » qu’à partir de 1890 il signe ses dessins, ainsi que les trois albums, La Famille Fenouillard, Le Sapeur Camember et Le Savant Cosinus, publiés entre 1893 et 1899 chez Armand Colin. La dernière réédition du Sapeur datant de 2006.

Georges Colomb ayant déjà été honoré d’un buste de son vivant, inauguré en 1934 à Myons, dans le Doubs, c’est son illustre enfant, le Sapeur Camember, ce jeune campagnard brave et naïf, confronté à toutes sortes de situations désopilantes, qui sera choisi pour être statufié à Lure. Une souscription fit affluer des dons non seulement de France, mais aussi de Suisse, d’Espagne, Etats-Unis, Japon…La statue de bronze de deux mètres de haut, œuvre ouvre d’une artiste luronne, Françoise Faure Couty, sera solennellement inaugurée le 17 juin 1979 par Edgar Faure, Président du conseil régional de Franche-Comté et membre de l’Académie française. Lequel, dans un discours fleuve, après avoir publiquement confessé qu’il venait juste de découvrir Le Sapeur Camember, lu d’une traite la nuit précédente, en fait « un chef-d’œuvre au point de vue de la langue », ajoutant que « des hommes comme Raymond Queneau (…) sont en vérité des disciples de Christophe et du Sapeur Camember ».

Si le Sapeur a sa statue, d’autres personnages de Christophe ont donné leur nom à des rues de Lure, comme Mam’zelle Victoire ou le docteur Guy Mauve… Une initiative de la Confrérie du Sapeur, créée en 2004 et chargé d’organisée des manifestations ludiques autour du Sapeur. Quant à Georges Colomb, un mur peint lui rend honneur dans la ville.

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