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Egalité

Neuf femmes au Panthéon

par Danielle Birck

Article publié le 07/03/2008 Dernière mise à jour le 12/03/2008 à 15:16 TU

(Photo : Danielle Birck / RFi)

(Photo : Danielle Birck / RFi)

« Au grands hommes la patrie reconnaissante », peut-on lire en lettres d’or sur le fronton du Panthéon… Eh bien, ce sont neuf portraits de « grandes femmes » qui s’affichent sur la façade du monument parisien, à l’occasion de la Journée internationale des femmes. Des femmes considérées comme « emblématiques des luttes pour l’égalité », parmi lesquelles Simone de Beauvoir, dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance. Une initiative conjointe de la Ville de Paris et des Monuments nationaux, inaugurée officiellement mercredi 5 mars par le maire de la capitale, Bertrand Delanoë.

 

(Photo : Danielle Birck / RFi)

(Photo : Danielle Birck / RFi)

Aux côtés du maire de Paris, Anne Hidalgo,  première adjointe, chargée de l’égalité homme/femme et Lyne Cohen-Solal, adjointe chargée du commerce. Toutes deux sont aussi têtes de liste du parti socialiste, respectivement dans le XVème et le Vème arrondissement, ce qui a son importance, en cette veille du premier tour des élections municipales. D’ailleurs, Jean Tibéri, l’ancien Maire de Paris et le maire sortant, UMP, du Vème arrondissement - la mairie est juste en face du Panthéon –  est là lui aussi… Sourires, amabilités : la trêve est de rigueur en ce mercredi ensoleillé placé sous le signe – et le regard – de neuf femmes « emblématiques ».

Femmes emblématiques

Au centre, le portrait de Simone de Beauvoir,  la plus célèbre de ces femmes vis-à-vis desquelles la ville de Paris – à défaut de la patrie -  a décidé de se montrer « reconnaissante ». Il faut dire que son essai sur la condition féminine, Le Deuxième Sexe, publié en 1949,  aura marqué et accompagné plusieurs générations de femmes en quête de leur émancipation et  reste une référence.  De ces neuf femmes, une seule, Marie Curie, la physicienne  aux deux prix Nobel, a eu l’insigne honneur d’entrer au Panthéon. Elle y a rejoint en 1995, Sophie Berthelot, laquelle avait elle-même rejoint son époux, le chimiste Marcellin Berthelot, en vertu de leur volonté commune de ne pas être séparés.  Nous voilà bien loin de l’égalité, sinon de la parité …

Toutes ces femmes, « panthéonisées » en façade et pour une durée déterminée – elles disparaîtront le 15 mars 2008 –  ont été « engagées », au sens large et pas seulement politique. Olympe de Gouges : considérée comme une des premières féministes françaises, avec sa célèbre Déclaration des  droits de la femme et de la citoyenne, elle sera condamnée par le tribunal révolutionnaire et mourra sur l’échafaud en 1793. Louise Michel : la célèbre militante révolutionnaire et anarchiste  et combattante de la Commune de Paris, en 1871, elle sera déportée en Nouvelle-Calédonie et mourra en exil à Londres. Maria Deraisme : journaliste, républicaine, pionnière du droit des femmes, elle fonde en 1893 la première loge maçonnique mixte. Charlotte Delbo :  résistante, une des 49 femmes rescapées d’Auschwitz, elle s’emploiera à faire vivre la mémoire de ses camarades mortes en déportation. Il y a aussi Solitude, l’héroïne de la lutte contre l’esclavage en Guadeloupe, qui sera exécutée au lendemain de son accouchement. Et des femmes de Lettres,  comme Georges Sand  ou Colette, qui, chacune a sa manière, a assumé de mener sa vie en toute liberté.

(Photo : Danielle Birck / RFi)

(Photo : Danielle Birck / RFi)

 

Le tombeau du patriarcat

Dans le public, majoritairement féminin, venu assister à l’inauguration officielle de l’exposition en plein air, on se félicite de cette initiative, même si la route vers l’égalité hommes/femmes semble encore longue. Pour Maya Surduts, une des porte-parole du Comité national pour le Droit des femmes et de la Coordination des Associations pour le droit à la contraception et à l’avortement (CADAC), il y a « une misogynie à la française, plus ou moins subtile, d’ailleurs, qui explique qu’il a fallu amender une formule de la Constitution pour qu’il y ait plus de femmes au niveau de la représentation politique ». Maya Surduts fait allusion à la loi du 6 juin 2000 sur la parité, qui vise à « favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives ». (voir à ce sujet l’article sur la parité, dans le dossier spécial sur les élections municipales des 9 et 16 mars 2008, sur le site de RFI).

Ecouter Maya Surduts

écouter 2 min 5 sec

07/03/2008 par Meryll Mezath

Alors, faut-il voir dans le célèbre monument de l’architecte Jacques-Germain Soufflot édifié au XVIIIe siècle le « tombeau du patriarcat », pour reprendre la jolie formule de la cinéaste Denise Brial, présidente d’Atalante vidéos féministes ? Quoiqu’il en soit, avec toutes ces femmes en façade, le Panthéon n’est déjà plus tout à fait ce qu’il était…