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Guerre et paix

L’Arc de Triomphe de Paris se modernise

par Danielle Birck

Article publié le 13/03/2008 Dernière mise à jour le 13/03/2008 à 19:06 TU

L'Arc de Triomphe(Photo : Patrick Cadet/ CMN-Paris)

L'Arc de Triomphe
(Photo : Patrick Cadet/ CMN-Paris)

S’il est un monument incontournable du paysage parisien, l’Arc de Triomphe n’est pas a priori le plus excitant. Pourtant, il a reçu en 2007 la visite de quelque 1 300 000 touristes, étrangers à 80%. Des visiteurs souvent davantage attirés par la vue qu’offre son belvédère sur la fameuse perspective des Champs Elysées, que par l’édifice lui-même.

Le Centre des Monuments nationaux a décidé de redonner à l’histoire de l’Arc de Triomphe toute sa place, avec une nouvelle exposition permanente qui fait largement appel au multimédia.

(Photo : Bernard Acloque/ CMN-Paris)

(Photo : Bernard Acloque/ CMN-Paris)

Une histoire complexe, que celle de l’Arc de Triomphe. Pensé par l’Empereur Napoléon, dès le début de son règne  en 1804, pour rendre gloire aux armées impériales et à leur chef, sa première pierre sera posée en 1806, mais son inauguration n’aura lieu que 30 ans plus tard. Entre temps Louis XVIII, puis Charles X auront succédé à Napoléon, mais ce sera finalement Louis-Philippe qui relancera sa construction, dédiant le monument à toutes les armées françaises, de 1789 à 1815. Celui qui a été proclamé roi des français après la révolution de 1830  « par la grâce des barricades », pour reprendre la formule de Anne Muratori-Philip, auteur de L’arc de Triomphe, aux Editions du Patrimoine (voir encadré), voudra inaugurer le monument le 29 juillet 1836, date anniversaire de la révolution de 1830. Mais son président du Conseil, Thiers, sera seul  ce jour là : les festivités ont été annulées en raison des menaces d’attentat qui pèsent sur le roi…

Guerre et paix

Depuis, au fil des temps, des changements de régime, des transformations politiques de l’Europe, l’Arc de Triomphe, est devenu le lieu du souvenir des victimes de toutes les guerres, comme celui de la réconciliation entre les peuples… C’est cette histoire et cette symbolique que raconte la nouvelle exposition permanente, dont la scénographie a été confiée au tandem Maurice Benayoun / Christophe Girault, à l’artiste et à l’architecte.

La MarseillaiseVincent Freylin (c) Centre de Monuments Nationaux, Paris

La Marseillaise
Vincent Freylin (c) Centre de Monuments Nationaux, Paris

Une scénographie qui s’inscrit dans un espace qui a été restauré entre 2003 et 2005 et se déploie sur deux niveaux. Table rase a été faite des gravures et photos des années 1930 (la dernière exposition permanente datait de 1937 !) pour un dispositif résolument multimédia.

Mais tout d’abord, dans la première salle, le choc de la rencontre avec le moulage grandeur nature de la tête de La Marseillaise, la sculpture de Rude qui orne le piedroit nord-est de l’Arc de Triomphe. Une sculpture qui fut violemment critiquée en son temps, notamment en raison de la violence exprimée par le visage de la figure centrale, une femme ailée, appelant de son épée les volontaires au combat…

Points de vue sur l'Arc

Car un des mérites de cette exposition c’est de donner à voir cet Arc, sous toutes les coutures, pourrait-on dire, avec une vision rapprochée des éléments que le visiteur ne peut qu’entrevoir quand il se trouve au pied du monument. Comme la frise sculptée qui court tout autour du sommet de l’Arc et qu’on peut voir grandeur nature à l’intérieur du monument, au second niveau de l’exposition.

Philippe Berthé © Centre des Monuments Nationaux, Paris

Philippe Berthé © Centre des Monuments Nationaux, Paris

Avec des perspectives inattendues aussi, comme le dispositif qui, à l’entresol, c'est-à-dire juste au dessus de la voûte,  permet une fausse « vue plongeante » sur le parvis et sa flamme… Enfin, l’arc de triomphe parisien n’étant qu’un des nombreux édifices symboliques de ce type édifiés dans le monde, un dispositif interactif permet, à partir d’un planisphère, d’en découvrir un certain nombre, avec leurs caractéristiques.

Avec la salle du second niveau de l’exposition, et ses 400 mètres carrés, on entre vraiment dans l’histoire du monument et de sa symbolique. Une évolution déclinée sur deux groupes de  quatre écrans, de la promesse de Napoléon à ses troupes au lendemain de la victoire à Austerlitz, le 2 décembre 1805 : « Je vous ramènerai en France. Vous ne rentrerez dans vos foyers que sous des arcs de triomphe ! », à l’instauration de la cérémonie de la flamme en 1923. Deux autres écrans,  juxtaposés, font défiler d’un côté  les images de paix, de l’autre des images de guerre auxquelles l’Arc s’est trouvé  associé.

Philippe Berthé © Centre des Monuments Nationaux, Paris

Philippe Berthé © Centre des Monuments Nationaux, Paris

Le voyage se termine sur la terrasse et la double perspective qui s’offre au visiteur sur l’avenue des Champs Elysées jusqu’au Louvre, et sur l’avenue de la Grande Armée, jusqu’à l’Arche de la Défense. A partir du mois d’Avril, une lunette expérimentale de réalité augmentée, viendra s’ajouter aux longues vues classiques….

        L’Arc de Triomphe, aux éditions du Patrimoine

Le deuxième volume de la nouvelle collection « Regards » des Editions du Patrimoine (Centre des Monuments nationaux) est consacré à l’Arc de Triomphe. Il est signé de l’historienne et journaliste Anne Muratori-Philip. Un ouvrage qui laisse une large place à l’illustration – c’est le principe de la collection - et qui, après une introduction historique, propose des « regards sur l’Arc », avec des photographies commentées. Un dernier chapitre relate l’historique du soldat inconnu et de la flamme du souvenir, évoque les « produits dérivés » de l’Arc de Triomphe (assiettes, objets divers, timbres, cartes postales…) et présente les architectes qui ont participé à l’édification du monument, de 1806 à 1836.

Philippe Berthé © Centre des Monuments Nationaux, Paris

Philippe Berthé © Centre des Monuments Nationaux, Paris

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