par Danielle Birck
Article publié le 03/05/2008 Dernière mise à jour le 06/01/2009 à 11:38 TU
Les portes monumentales de l’église du Dôme des Invalides, sont en cours de restauration. Elles viennent d’être remises en place à l’issue de la première phase des travaux qui a consisté à les redresser : un événement, car elles n’avaient jamais été déposées depuis l’inauguration officielle de la chapelle par louis XIV en 1706.
D’ici quelques semaines, après une opération de redorure, les portes de l’édifice, qui abrite entre autres le tombeau de Napoléon 1er, auront retrouvé leur éclat initial.
« Nous les verrons comme Louis XIV les a vues », commente le général Robert Bresse. Le directeur du musée de l’Armée assiste ce mardi 29 avril aux travaux de finitions après le remontage des portes achevé la veille au soir. Une opération qui aura finalement duré au total un peu moins que les 220 heures prévues par les Ateliers Aubert-Labansat, une entreprise de charpente, menuiserie et ébénisterie spécialisée dans la restauration du patrimoine, à laquelle a été confiée cette première phase des travaux.
Difficultés et compétences
Pour la dépose, comme pour la remise sur site des portes monumentales du Dôme (7,50 mètres de hauteur, 2 mètres de large et un poids de 2,5 tonnes ) l’équipe de six personnes chargée du chantier a dû faire face à d’importantes difficultés. « La première, explique Gilbert Pierre, le gérant de l’entreprise, résidait dans l’impossibilité de coucher les portes à l’intérieur du bâtiment ». En effet, une paroi installée pour isoler le sas d’accueil et de contrôle des visiteurs à l’entrée a considérablement réduit la profondeur de celle-ci. Une difficulté redoublée par l’obligation d’installer la grue à une relative distance, en raison de « la configuration des lieux », c'est-à-dire la présence d’un large perron extérieur avec des marches.
Au passage, on apprend un mot : il a fallu utiliser une « chèvre », « un terme de charpente pour désigner une sorte de support, de piètement, qui permet de soulever des pièces lourdes », précise Gilbert Pierre. Sans oublier qu’il a fallu découper (puis ressouder) les deux gonds supérieurs, refaire la serrure, et sculpter le bois pour restituer les éléments de sculpture et d’ornementation disparus. Autant de « compétences » - c’est le terme qu’aime utiliser le gérant de l’entreprise pour désigner l’ensemble des savoir-faire déployés par l’équipe des Ateliers Aubert-Labansat. Compétences et polyvalence obligées, au gré des chantiers, « toujours différents, ce qui oblige à se remettre en question », indique Joël, charpentier, que l’on verra aussi faire le scellement des gonds : « autrefois les menuisiers faisaient eux-mêmes leurs scellements », commente Gilbert Pierre.
Programme global
Une autre difficulté importante a concerné le travail en atelier pour « redresser le vantail droit qui avait gauchi de dix centimètres et qu’il n’était plus possible de verrouiller ». L’affaissement des portes ayant par ailleurs provoqué des frottements au sol abîmant la marqueterie de marbre. La rénovation de celle-ci est d’ailleurs à l’ordre du jour, avec un « plan de reprise des sols prévu pour 2009 », dans le cadre du « plan tournant » des travaux, « qui a déjà permis la réfection des vitraux du Dôme », précise le général Robert Bresse. Car la restauration de l’église du Dôme, qui, avec l’église Saint-Louis des Invalides, fait partie du musée de l’Armée, s’inscrit dans un programme global de restauration et de modernisation de celui-ci. « Le plan ATHENA, précise le directeur du musée, pour Armes, Techniques, Histoire, Emblèmes, Nation, Armée ». Entamé en 1996, ce programme en cinq étapes, devrait s’achever en 2009.
La restauration des portes monumentales de l’église du Dôme sera, elle, achevée d’ici la fin du mois de juin 2008, après les travaux de redorure. Entamés le 19 mai, après la Nuit des Musées, ils demanderont quatre à cinq semaines. Cette opération, réalisée in situ avec des échafaudages mobiles, nécessitera l’emploi d’environ 10 000 feuilles d’or, soit un poids de 230 grammes. Elle a été confiée à des familiers du lieu, les Ateliers Gohard qui sont déjà intervenus aux Invalides en 1989 pour la redorure du Dôme et de sa coupole intérieure.
Une fois la restauration achevée, les portes resteront en permanence en position fermée. Comme au XVIIIe siècle, seuls les vantaux en partie basse permettront l’accès à l’intérieur de l’église, où la lumière sera ainsi plus diffuse, filtrée par les vitraux.
Le financement de l’ensemble des opérations de restauration (122 350 euros) est assuré à 50% par le ministère de la Culture et 50% par ce lui de la défense, dans le cadre du protocole Culture-Défense, par lequel les deux ministères s’engagent à consacrer chacun 10 millions d’euros à la restauration du patrimoine monumental, à égalité entre Paris et la province.