par Danielle Birck
Article publié le 05/09/2008 Dernière mise à jour le 11/09/2008 à 13:46 TU
« Renaissance », « résurrection » : quel que soit le terme choisi, profane ou religieux, la réouverture du Collège des Bernardins, édifié au XIIIe siècle à Paris, est saluée comme un événement. Un événement architectural : il aura fallu cinq ans pour restituer à cet imposant vestige du Moyen âge toute sa splendeur. Mais aussi un événement culturel et religieux, puisque l’édifice, repris par le diocèse de Paris, renoue avec sa vocation initiale de rayonnement intellectuel, de formation et recherche théologiques. Le lieu a été inauguré officiellement le 4 septembre 2008..
Des grandes affiches sur les quais du métro parisien, d’autres sur les panneaux du mobilier urbain : la publicité donnée à l’événement est à la hauteur des moyens mis en œuvre pour faire revivre le Collège des Bernardins. Il aura fallu quelque cinq ans de travaux complexes, de restauration et d’aménagements contemporains, et près de 60 millions d’euros, pour mener à bien cette opération.
Haut lieu d'enseignement médiéval
Situé dans le Vème arrondissement de Paris, au cœur de ce Quartier latin, haut lieu de l’enseignement et du débat intellectuel depuis le Moyen-âge, le Collège des Bernardins aura été une des premières universités européennes, avant même la Sorbonne. Le bâtiment gothique, édifié en 1247 par un moine d’origine anglaise, Etienne de Lexington, abbé de Clairvaux, sur le modèle des abbayes cisterciennes, pour servir de lieu d’études et de recherches, remplira ce rôle pendant plus de cinq siècles. A la Révolution française il est vendu comme bien national, et deviendra successivement prison, entrepôt, et … caserne de pompiers, pendant plus de 150 ans, jusqu’à ce qu’il soit acheté à la Ville de Paris en 2001 par le diocèse pour la somme de 1,9 millions d’Euros. Mais c’est un édifice profondément dégradé qui retournait alors dans le giron de l’Eglise catholique.
Un lourd fardeau pour tout repreneur s’engageant à mener dans cet édifice d’intérêt national du fait du caractère exceptionnel de son architecture, une restauration conforme aux exigences des Monuments historiques. D’où la signature d’une convention avec l’Etat, la Ville de Paris, la Région Ile-de-France qui ont participé à hauteur de 30% aux travaux de restauration, le reste l’étant à égalité par le diocèse et le mécénat.
Pour Bertrand de Feydeau, directeur des affaires économiques du diocèse de Paris, qui a supervisé la renaissance du collège des Bernardins, les travaux de restauration, menés conjointement par Hervé Baptiste, architecte en chef des Monuments historiques, et par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, pour la partie contemporaine, ont permis de retrouver « le dépouillement, la simplicité et la fonctionnalité » de cette architecture cistercienne. Dans son discours d’inauguration, le 4 septembre, l’archevêque de Paris, le cardinal Andre Vingt-Trois, évoque lui, « l’inspiration à la fois respectueuse et novatrice » dont ont témoigné les maîtres d’œuvre « puisant dans la sagesse cistercienne ».
Directeur des affaires économiques du diocèse de Paris
« Il faut se souvenir que c'est d'abord l'expression d'une architecture cistercienne : le dépouillement, la simplicité et la fonctionnalité.»
Il est vrai, que d’emblée, en entrant au premier niveau (il y en a trois), on est saisi par la beauté de la grande nef de mille mètres carrés soutenue par une multitudes de fines colonnes qui s’élèvent à six mètres de hauteur. Nef qui servira d’espace d’accueil et de lieu d’exposition auxquels les visiteurs vont pouvoir accéder librement.
Lieu d'ouverture
Car ce centre d’enseignement et de recherche, notamment sur l’éthique et la géopolitique, avec débats et colloques, destiné à abriter l’Ecole Cathédrale et la faculté Notre-Dame, se veut aussi un lieu de rencontres très ouvert : expositions d’art contemporain, cinéma (quelque 80 films y seront projetés par an), musique (un auditorium de 250 places a été aménagé dans les combles dont la structure médiévale en forme de V inversé, détruite au XIXe siècle, a été restituée). … Esprit d’ouverture sur lequel, l’archevêque de Paris comme le maire de la capitale, Bertrand Delanoë, ont tenu à mettre l’accent lors de l’inauguration du Collège des Bernardins.
« Le Christianisme représente un investissement de réflexion et de travail de près de 2000 ans, ses théologiens comme ses philosophes ont apportés leur part à l'édification des repères culturels et éthiques sur lesquels s'appuie notre société. »
Maire de Paris
« Le Collège des Bernardins est un lieu dédié à la beauté, à la connaissance et à la rencontre, mais c'est aussi pour moi un lieu qui est dédié à la paix entre les hommes. »
Dans un premier temps, les visiteurs vont pouvoir apprécier la beauté du lieu, ainsi que la fonctionnalité et la sobriété des aménagements contemporains, lors des journées portes ouvertes du 5 au 7 septembre, en attendant l’ouverture officielle aux chercheurs, étudiants et au grand public, le 15.
Entre temps, le 12 septembre, le Collège des Bernardins aura accueilli le Pape Benoit XVI qui y prononcera son discours au monde de la culture, lors de sa visite en France pour le 150ème anniversaire des apparitions de la Vierge à Lourdes…
Sur le même sujet
« Le collège des Bernardins était l'un des éléments structurants de l'université. »
05/09/2008 par Ludovic Dunod