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Nostalgie

Le "France" : une légende en pièces détachées

par Danielle Birck

Article publié le 06/02/2009 Dernière mise à jour le 10/02/2009 à 15:27 TU

Le nez de l'étrave du paquebot exposé dans la cour d'Artcurial© Artcurial

Le nez de l'étrave du paquebot exposé dans la cour d'Artcurial
© Artcurial

 

Du nez de l’étrave à des cendriers, en passant par des rampes d’escalier, des guéridons ou des uniformes de bord : ce sont quelque 450 pièces, emblématiques du célèbre paquebot, qui vont être dispersées à Paris les 8 et 9 février 2009, par Artcurial. Des pièces d’exception, comme l’était le France au moment de son lancement en 1960. A peine  cinquante ans plus tard, fin 2008, celui qui était devenu entre temps le Norway, était démantelé dans la baie d’Along, sur la cote indienne, sous le nom de Blue Lady.

C’est en effet dans cette ville côtière de l’État de Gujarat, en Inde, avec ses chantiers navals  spécialisés notamment dans le démantèlement des navires, où il avait échoué en 2006, après un passage en Malaisie, que le France a terminé sa course, comme un gigantesque tas de ferraille et d’amiante. Triste fin pour un navire qui avait été conçu pour être un ambassadeur du luxe et de l’art de vivre à la française, une vitrine outre Atlantique de l’économie française. Son lancement, le 11 mai 1960, sur les quais de Saint-Nazaire en présence du Général de Gaulle, président de la République, et de son épouse qui en est la marraine, avait été l’occasion d’exprimer ce grand dessein.

© Artcurial

© Artcurial

Cette vente à Paris marque bien la fin de l'histoire pour le dernier transatlantique français. Sans doute aussi une ultime occasion de voir rassemblés autant de pièces du France/Norway dont de nombreuses ont déjà fait l'objet de multiples ventes chez Drouot et par les commissaires priseurs de pro­vince.

Un inventaire à la Prévert

Avec ses 3,51 mètres de hauteur et ses  4 tonnes, le nez de l’étrave du paquebot, actuellement exposé dans la cour de l’hôtel Marcel Dassault, au pied des Champs Elysées, où se trouve Artcurial, est évidemment le clou de cette vente, avec une estimation de 70 000 à 80 000 euros.

Cendrier© Artcurial

Cendrier
© Artcurial

Mais les  446 lots qui sont mis aux enchères les 8 et 9 février offrent une gamme qui va de 100 à 50 000 euros, de la carte postale aux panneaux laqués de l’aménagement intérieur, (un aménagement qui aura requisla participation de quelque 130 artistes) en passant par des hublots, des lampes de coursive, des maillons de la grande chaîne avant, des panneaux de contrôle, des sirènes,  des rampes d’escalier, etc. De la période norvégienne, sont proposées des affiches Art Déco ou encore les deux sièges du capitaine… le tout exposé jusqu’au 8 février. 

Le rassemblement de toutes ces pièces, porteuse chacune d’un peu de la légende du France, on le doit à l’opiniâtreté d’un Français, Jacques Dworczak. Ce collectionneur, dirigeant d’entreprise et passionné par la mer et les antiquités marines, était sur la piste du paquebot depuis un certain temps. Il lui aura fallu deux ans de négociations acharnées avec le dernier propriétaire, indien, du Blue Lady, pour ramener en France les pièces mises en vente. Une aventure que le collectionneur a l’intention de poursuivre  avec d’autres bateaux célèbres : il vient de racheter un autre transatlantique promis au même destin, le Mermoz, un paquebot de « l'ancienne génération, comme le Normandie et comme le France ».

Jacques Dworczak à Alang, devant le paquebot, début 2008© Artcurial

Jacques Dworczak à Alang, devant le paquebot, début 2008
© Artcurial

                        Le France : Un destin torpillé

Le milieu des années 1960 sonne le glas de l’age d’or des voyages transatlantique. A la concurrence de l’aviation, va s’ajouter celle du Queen Elizabeth 2 en 1969, puis, en 1973, la dévaluation du dollar et la crise pétrolière vont sonner le glas de l’exploitation du paquebot pour La Compagnie générale transatlantique, déficitaire depuis 1965. Après un conflit très dur avec les marins, le France sera finalement désarmé à la fin 1974. Le navire sera cédé trois ans plus tard à un homme d’affaires saoudien, puis racheté en 1979 par une compagnie de croisière norvégienne, qui le rebaptisera Norway.

Une deuxième vie commence dans les années 1980 pour le paquebot rénové qui effectue des croisières dans les Caraïbes. Une série d’avaries au début des années 2000 et en 2003 l’explosion d’une de ses chaudières qui fait sept victimes provoque l’arrêt de son activité, et son désarmement définitif. Il restera à quai en Allemagne jusqu’en 2005. Aucun projet d’hôtel, de musée ou de monument historique n’ayant abouti, il sera finalement remorqué jusqu’en Inde pour y être démantelé.

Le paquebot France dans le port de Hong Kong, lors de sa dernière croisière en février 1974.(Photo : DanMS/ domaine public)

Le paquebot France dans le port de Hong Kong, lors de sa dernière croisière en février 1974.
(Photo : DanMS/ domaine public)

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