par Joe Farmer
«Le blues a pris une forme extrême lorsque les esclaves sont arrivés dans le nouveau monde. Un aspect naturel de leur existence africaine a rejailli de manière presque caricaturale dans le blues parce qu’ils vivaient une situation caricaturale. Etre séparé de sa terre natale pour survivre dans un milieu inconnu et hostile, est une situation extrême. Comment trouver le temps et l’envie de célébrer la vie quand on passe ses journées à savoir comment surmonter et appréhender un univers étranger ? C’est à devenir fou ! Le seul moyen d’avancer, c’était de laisser ressurgir ses émotions. Voilà pourquoi la douleur est souvent le thème central du répertoire blues, et pourquoi il touche le cœur des gens qui souffrent sur cette terre. La destinée des afro-américains est devenue le vecteur de dénonciation de toutes les oppressions».
Ainsi s’exprime le guitariste et chanteur Eric Bibb, figure éminente de l’expression artistique noire américaine. A l’occasion de la journée nationale en mémoire des victimes de l’esclavage, instaurée le 10 mai en France, L’épopée des musiques noires s’intéresse, cette semaine, aux œuvres militantes composées durant les heures sombres de la ségrégation raciale aux Etats-Unis. A travers les commentaires éclairés des témoins et acteurs de ce tourbillon social et musical, nous analysons l’impact de la répression raciale sur le répertoire noir américain.
«Du fumier est née une fleur, de quatre siècles d’esclavage est né le jazz !» - Manu Dibango.
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