jeudi 26 mars 2009

Emoi dans le landernau des essences tropicales. La société chinoise Honest-Timber cherche à reprendre Plysorol. Le leader européen du marché du contre-plaqué est en redressement judiciaire depuis le mois de novembre. L’entreprise, fragile depuis deux ans, emploie 500 personnes en France et autant dans sa filiale gabonaise, sa principale source en bois d’okoumé.

Cette candidature chinoise intrigue et effraie: en Europe, on dénonce des opportunistes utilisant Plysorol pour mieux pénétrer le marché du contre-plaqué. En Afrique, on s’interroge sur les pratiques environnementales de cet acteur présent depuis quelques années seulement au Gabon. Son nom est trop beau pour être vrai, honest timber signifiant bois honnête. Malgré ces réserves, l'offre chinoise a reçu l'aval du comité central de l’entreprise. Une position compréhensible : Honest-Timber s’engage à conserver tout le personnel.

En face, son principal concurrent, le libanais John Bitar associé à des partenaires français, annonce des réductions d’emplois et des relocalisations de la production au Gabon. Son projet a une logique : il envisage de délocaliser à Libreville l’usine de Lisieux dédiée au déroulage des grumes, car le Gabon prévoit de mettre fin à l’exportation des bois non transformés à partir de 2012.

Cette échéance visiblement n’arrête pas le patron d’Honest-Timber, Zhang Guohua. Conseillée par un grand cabinet parisien d’avocat, sa société mène rondement ses affaires au Gabon. Avec sa flotte de huit bateaux, elle exporte des grumes vers la Chine pour importer au retour du ciment. L'entrepreneur, habitué à travailler pour des clients chinois, devra se plier aux exigences des clients européens en matière d'aménagement durable. La filiale gabonaise de Plysorol a déjà le certificat OLB: il garantit l'origine et la légalité des bois. Poursuivre dans cette voie implique de lourds investissements. C'est-à-dire des moyens financiers considérables.

Quant à savoir si Honest-Timber aura la capacité financière de tenir ses engagements en terme d'emploi, ce sera au tribunal de commerce de Lisieux d'en juger. Il examine demain les différentes offres de reprise.

Par Dominique Baillard