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samedi 23 mai 2009

Obama au Ghana : un voyage-programme

par Jean-Baptiste Placca

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S’il en est toujours qui pensent que l’Afrique n’est pas mûre pour la démocratie, ou qui s’interrogent encore sur ce à quoi peut ressembler, sur ce continent, un pays bien gouverné, la réponse vient d’arriver de Washington et elle porte un nom : Ghana.

Ne voulant pas attendre plus longtemps pour fouler le sol du continent de son père, et n’ayant, pour le moment, qu’une journée et demie à consacrer à l’Afrique, Barack Obama a dû procéder par élimination. Cinquante-trois appelés, un élu. Mais alors, un qui incarne tout ce dont peut rêver le charismatique président des États-Unis pour l’Afrique !

La présidentielle de décembre 2008 a encore offert à tous l’occasion d’apprécier les progrès faits par le Ghana sur le chemin de la démocratie et du développement. En le choisissant pour sa première visite en Afrique, Obama indique, très clairement, ce qu’il attend des autres États.

Car, contrairement à ce que l’on a pu entendre parfois, les peuples africains n’attendent pas d’Obama qu’il déverse des pluies de dollars sur leurs pays. Ils voudraient, d’abord, le voir assumer avec classe et compétence sa charge de chef d’État, pour balayer définitivement les préjugés à la vie dure.

Ils attendent aussi de sa part une absence de complaisance, mieux, une intransigeance totale vis-à-vis des régimes indignes, qui avilissent leurs peuples. Le temps d’indexer les cancres viendra. En attendant, Obama se contente d’indiquer vers quoi doivent tendre les États africains. Non pas que le Ghana soit déjà dans la périphérie de la perfection, non ! Mais sa classe politique et sa société civile inspirent d’ores et déjà le respect, et c’est ce que devraient méditer tous ceux auxquels Obama n’a même pas pensé. A elle seule, cette visite vaut des milliers d’heures de spots publicitaires invitant à investir au Ghana. 

Il est plaisant de noter que dans certains des pays recalés, un débat public est en cours, pour explorer les raisons pour lesquelles Obama leur a préféré le Ghana. L’Afrique du Sud s’interroge, en sachant qu’elle est, avec son nouveau président, dans une période probatoire. Au Kenya, le débat est rude. Tout comme au Nigeria où certains affirment sans ambages que le pays le plus peuplé du continent ne sera réellement pris en considération que lorsqu’il se sera franchement engagé dans une gouvernance au-dessus de tout soupçon.

Mais il y a aussi tous ceux qui ne s’étonnent même pas d’être recalés, comme s’ils avaient pris leur parti de la marginalisation, nullement malheureux d’être infréquentables. Ou, tout simplement, conscients qu’ils ne peuvent espérer être respectés, s’ils s’arcboutent du mauvais côté de l’Histoire.

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