par Dominique Baillard
La récolte de la gomme arabique est quasiment terminée dans les pays d’Afrique sahélienne. Les prix ont baissé mais la rentabilité de la filière est assurée grâce à de nouveaux débouchés.
Employée depuis fort longtemps dans l’agroalimentaire pour la fabrication des boissons gazeuses ou encore dans celle des bonbons, la gomme arabique connaît un regain d'intérêt pour sa vertu probiotique, c'est-à-dire son effet bénéfique sur la santé lorsqu'elle est incorporée à certains aliments.
Cette matière naturelle récoltée en saignant l’acacia est riche en fibres. Un excellent argument commercial. Aux Etats-Unis, on l’a rebaptisée « gomme acacia », histoire d'attirer le consommateur féru de bio sans froisser sa sensibilité politique. Danone surfe sur cette vague verte avec le yaourt Activia. La gomme d’acacia est indispensable à la composition du produit phare du groupe. La gomme dite Sayal pour être précis, car seule cette variété est transformable en ingrédient diététique.
Depuis deux ans, le volume des exportations de Sayal, disponible surtout au Tchad et au Nigeria gonfle à vue d'oeil, il a maintenant dépassé celui de la variété Sénégal, majoritairement récoltée au Soudan, le bassin historique de la gomme arabique. Les prix ont grimpé dans la foulée, mais restent en dessous de ceux de l’espèce dite noble. Le prix de la Sénégal toujours recherchée par les fabricants de boissons décline depuis 2006.
Ces derniers jours, les cours des deux variétés se sont effrités. Parce que les négociants se hâtent d’écouler la gomme restante en cette queue de campagne. De peur que la demande ne disparaisse avec la crise qui a raboté un peu tous les budgets. La gomme s’échange aujourd'hui entre 1800 et 2000 dollars la tonne pour la Sayal et 2500-2600 dollars pour la Sénégal. A ce niveau, la cueillette reste rentable.
Ce travail essentiellement féminin permet aux familles de constituer une épargne de sécurité. Dans un contexte précaire : à cause de l'avancée du désert, de la concurrence des marchands de bois et de la faible structuration de la filière. Pour améliorer leur sort et la production, négociants et utilisateurs soutiennent un projet de développement chapeauté par l'ONG SOS Sahel. Pour en savoir plus sur cette initiative, rendez-vous sur le blog des matières premières.
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