par Dominique Baillard
Le cadre de Rio Tinto aujourd’hui dans les geôles chinoises est le chef de file du groupe négociant avec les sidérurgistes chinois. Il est soupçonné d’avoir corrompu certains de ses interlocuteurs pour obtenir des renseignements confidentiels sur les besoins réels de la Chine. Des informations qui valent leur pesant d’or dans la négociation. Ces discussions censées se terminer au 1er avril 2009 sont bouclées pour la plupart des sidérurgistes, sauf pour les Chinois. Rio Tinto refusant de leur accorder les 45% de baisse exigés. Plusieurs sources ont récemment annoncé qu’un accord a été trouvé sur une réduction de 33%, c’est-à-dire conforme à ce qui a été signé par les autres sidérurgistes. Mais ni le fournisseur australien, ni son principal client asiatique n’ont confirmé.
Pour les deux pays, les enjeux de ces négociations sont colossaux. 80% du fer exporté par l’Australie part vers la Chine. Pour l’économie de l’un comme pour celle de l’autre, le fer est vital. Trop bon marché, il affaiblit l’Australie, trop cher il tue la compétitivité de l’industrie chinoise.Les informations sur ces accusations de corruption émanent des Chinois. Et notamment de leurs services de sécurité. Une source qui témoigne à quel point le dossier est stratégique pour le nouvel empire de l’Asie. «Le président Hu Jin Tao s’est personnellement impliqué dans l’enquête», écrivait le 13 juillet 2009 un journal basé à Pékin. La négociation sur le fer a toujours été une joute commerciale redoutable, mais totalement ignorée du commun des mortels car elle se déroule exclusivement dans les coulisses. En passant à l'action judiciaire, avec accusations d'espionnage industriel à l'appui, la Chine fait remonter le dossier dans la sphère publique. Ces négociations ne relèvent plus du feuilleton, on a trouvé le roman de l'été !
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