par Dominique Baillard
Les fabricants d’éthanol retrouvent le moral. Les cours se redressent, grâce à la hausse du pétrole. L’économie de ce biocarburant essentiellement produit aux Etats-Unis et au Brésil est fortement dépendante des cours du pétrole. Même avec les subventions grassement accordées par l’administration américaine, vendre de l’éthanol quand le baril plonge n’est plus rentable. Beaucoup d’usines ont fermé pendant la crise mais l’humeur du marché s’est sensiblement améliorée ces dernières semaines aux Etats-Unis.
D’abord parce que le cours du brut remonte promptement. Les marges ont presque doublé à partir du moment où le baril s'est installé au-dessus de la barre des 70 dollars. La semaine dernière, il a culminé à son plus haut niveau de l’année, en route vers les 80 dollars. La baisse surprise des stocks d’essence a alimenté la hausse du pétrole. Si la consommation d’essence repart aux Etats-Unis, c’est forcément bon pour l’éthanol. Ensuite, le biocarburant tire partie de la chute des cours du maïs, céréale qui sert de matière première à l’éthanol américain. Son prix a été divisé par deux en une année. On s’attend cette année à une excellente récolte aux Etats-Unis, presque aussi importante que le record établi en 2007. Les fabricants ont retrouvé des marges satisfaisantes, ils rêvent même d’exporter sur le marché brésilien.
Un retournement de situation assez stupéfiant, car le Brésil, qui a été le premier pays à développer l’éthanol à base de canne en est de loin le premier exportateur. C’est d’ordinaire lui qui envoie son essence agricole dans l’hémisphère nord mais l’envolée du sucre est en train de compromettre cet avantage. Au Brésil, les usines sont comme les voitures : flexibles, elles produisent donc à partir de la canne ce qui rapporte le plus. En ce moment, c’est incontestablement le sucre qui est le plus demandé. Son cours est au plus haut depuis presque trente ans, d’où une baisse de la production d’éthanol. Le Brésil conserve toutefois des robustes capacités d'exportation d'éthanol, le rêve américain dépend aujourd'hui de l'opportune faiblesse du billet vert.
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