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Paléontologie

Au temps des mammouths

par Dominique Raizon

Article publié le 23/10/2007 Dernière mise à jour le 23/10/2007 à 10:45 TU

Représentation du mammouth au XIXe siècle par L. Figuier, <i>La terre avant le déluge</i>, 1863.(Image: MNHN)

Représentation du mammouth au XIXe siècle par L. Figuier, La terre avant le déluge, 1863.
(Image: MNHN)

Cousins des éléphants, les mammouths ont disparu de la planète faute de pouvoir s’adapter à un changement climatique qui bouleversa leur environnement. Ils ont pourtant cohabité avec l’homme pendant des milliers d’années et, même l’espèce éteinte, ils continuent d’habiter nos mémoires. La Grande galerie de l’évolution du jardin des plantes proposait, en 2004, une merveilleuse aventure pour remonter le temps jusqu’aux brumes préhistoriques, invitant le public à partir à la rencontre de ce lointain seigneur des steppes, sympathique et débonnaire.
Quel était, au juste, cet l’animal entré dans l'histoire et la légende ? Un des grands mérites de l’exposition était de faire la part des choses entre le mythe et la réalité. Le mammouth a certes totalement disparu depuis 6000 ans, mais le sous-sol gelé de Sibérie en a conservé des spécimens plus ou moins complets, certains en chair et en os, aux organes internes complets, régulièrement exhumés depuis le début du XIXe siècle.
 
Le mammouth vivait en société matriarcale et, pour l’exposition, six squelettes intacts de mammouths de Svesk avaient été mis en scène, un mâle, un femelle et six mammoutheaux, un septième, très imposant, vprovenant d’une autre région, les îles Lyakov. Dima, la «vedette» de l’exposition, étant le bébé mammouth découvert quasiment intact dans la région de Magadan.

La datation au radiocarbone de Dima, baptisé ainsi du nom d’une rivière voisine du lieu où il a été exhumé, a permis de lui donner un âge : 40 000 ans. Le bébé livre encore aujourd'hui beaucoup d’informations. L’étude histologique a prouvé que l’animal avait fourni un grand effort avant de mourir. L’étude de l’estomac a permis, entre autre, de déceler que l'animal avait absorbé une quantité importante de particules minérales, de vase, d’argile, et de graviers ainsi que ses propres poils. Il en a été déduit que l’animal se trouvait dans une région où le sol était riche en matières organiques, et qu'il serait probablement mort d’enlisement dans des sables mouvants, épuisant ses réserves de graisse dans la boue froide.

Statuette féminine de Kostenki en ivoire de mammouth. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo: A. N. Tikhomirov, MAE RAS)
Statuette féminine de Kostenki en ivoire de mammouth.
(Photo: A. N. Tikhomirov, MAE RAS)
Le mammouth est nullement l’ancêtre de l’éléphant, mais son cousin. Il s’en distingue par une toison épaisse et longue, des défenses en forme d’hélices, plus longues, plus lourdes, plus tordues, qui grandissent tout au long de sa vie, pour atteindre en moyenne 1,70 mètres pour les femelles et 2,50 mètrespour les mâles. Sous des poils pouvant atteindre un mètre de long, une peau de 2 centimètres d’épaisseur et une très grosse couche de graisse de 8 centimètres, protégeaient l’animal du froid. Pour les mêmes raisons, le pachyderme est doté de petites oreilles, et d’un clapet anal, un repli de peau à la base de la queue, qui agit comme un couvercle contre le froid.
 
Le «mammouth laineux», dernier représentant du groupe

Le «mammouth laineux», quant à lui, est le résultat d’une longue évolution. Si sa présence a été attestée dès 4-5 millions d’années avant notre ère, en Afrique, trois grandes espèces se disperseront ensuite sur le continent eurasiatique.

- Le plus ancien, le «mammouth méridional», mesurant quatre mètres au garrot et herbivore, a vécu, quant à lui, dans un climat tempéré où la forêt abondait ; l’un d’eux fut exhumé dans le Gard, en 1872. A partir de -1,5 millions d’années, ce mammouth méridional a passé le détroit de Béring, et peuplé l’Amérique du Nord.

- Environ 600 000 ans avant notre ère jusque vers -200 000 ans, seul le mammouth des steppes, 4,30 au garrot, le plus grand des mammouths, est le seul que l’on trouve en Europe, évoluant sur de grandes étendues herbeuses.

- Ce n’est que vers 190 000 ans avant notre ère que le mammouth sibérien rentre sur la scène européenne avant de gagner lui aussi le continent américain, grâce à un réchauffement climatique permettant de rétablir le pont naturel du détroit de Béring.

- Puis le mammouth «laineux» disparaît, environ 10 000 ans avant notre ère, lorsque le réchauffement climatique rétrécit son biotope. Les derniers mammouths, devenus nains, s’éteignirent vers -4 000 ans, une disparition qui coïncide avec la fin de la dernière glaciation: l’espèce ne s’est pas adaptée au réchauffement climatique, et aux modifications de la végétation. Les mammouths ont été et demeurent les plus grands mammifères terrestres.