par Claire Arsenault
Article publié le 21/09/2006 Dernière mise à jour le 21/09/2006 à 16:19 TU
Une patiente se repose dans sa chambre, aux Heliades, une structure du centre hospitalier de Beauvais qui accueille des patients atteints d'Alzheimer et de troubles apparentés.
(Photo: AFP)
En raison du vieillissement de la population et de l’allongement de l’espérance de vie, les projections pour les années à venir, sont très préoccupantes. Le nombre de malades devrait d’ici 2040 être multiplié par quatre en Inde, en Chine et dans d’autres pays d’Asie, par cinq en Amérique latine, en Afrique du Nord et au Proche-Orient, affirmaient déjà des experts en 2005 dans la revue The Lancet. En France, plus d’un million de personne seront atteintes en 2020 rappelle l’association France-Alzheimer, à l’occasion de cette Journée mondiale contre la maladie.
Un diagnostic encore trop tardif
La maladie d’Alzheimer est une atteinte neurodégénérative pour laquelle il n’existe aucun traitement curatif. Mis à part les rares cas où les patients sont atteints avant 65 ans, la maladie d’Alzheimer touche 5 % des plus de 65 ans, 25% des plus de 80 ans et 50% des plus de 90 ans. Les femmes sont plus souvent atteintes que les hommes. Les malades touchés présentent des pertes progressives de mémoire et de graves troubles du comportement.
Si on ne sait pas encore guérir l’Alzheimer, on dispose cependant de traitements. Ceux-ci sont efficaces, affirme le neurologue Bruno Dubois responsable de l’étude Hippocampe, à la condition que la pathologie soit diagnostiquée assez tôt. Et c’est justement là que le bât blesse. «En France, explique le Professeur Dubois, on met en général deux ans pour repérer la maladie. Au moment du diagnostic, le malade est souvent déjà atteint de démence sévère» alors que la maladie met en général cinq ans à s’installer définitivement.
Poser un diagnostic précoce dès les premiers signes, qui concernent la plupart du temps des pertes de mémoire, représenterait une formidable avancée assurent tous les spécialistes. Mais trop souvent encore ces dysfonctionnements de la mémoire, toujours en première ligne, sont banalisés par le patient, sa famille et le médecin. Le diagnostic reste néanmoins difficile compte tenu des outils dont on dispose actuellement. C’est là tout l’intérêt de l’étude clinique Hippocampe, que lance aujourd’hui le Pr Bruno Dubois, auprès de 400 malades souffrant de la pathologie à un stade précoce. Pour cette étude, les chercheurs disposeront d’un nouvel appareil de neuro-imagerie capable de mesurer les lésions neurologiques de l’hippocampe, une partie du cerveau impliquée dans la mémoire.
La voie immunitaire
Les spécialistes l’affirment, les traitements dont on dispose pour l’Alzheimer, s’ils sont démarrés assez tôt, peuvent parfois faire reculer le passage à la perte d’autonomie, jusqu’à la mort naturelle. Au début de la maladie, les «inhibiteurs de la cholinestérase» aident les terminaisons neuronales malades à conserver leur capacité à transmettre les impulsions nerveuses aux autres cellules nerveuses saines. Cette famille de médicaments n’est efficace qu' à court terme mais dans certains cas, ce stade peut s'étendre sur une période de 8 à 10 ans.
Les chercheurs placent également beaucoup d’espoir dans la technique dite de «stimulations cérébrales». Elle repose sur l'introduction de mini-électrodes délivrant des impulsions à haute fréquence au sein d'une zone cérébrale altérée par la maladie. Déjà utilisées dans la maladie de Parkinson, les stimulations cérébrales comme les traitements médicamenteux contribuent à ralentir l’évolution de la maladie.
D’autre part, la piste d’un vaccin contre la maladie d’Alzheimer est plus que jamais d’actualité. L’approche vaccinale consiste à injecter une dose de la protéine bêta-amyloïde, responsable de la formation de plaques dans le cerveau, afin de produire des anticorps protecteurs. D’ici à un mois, les laboratoires Wyeth-Elan reprendront leurs travaux sur un candidat vaccin prometteur qui avait été abandonné en 2003. Bien que le vaccin ait obtenu des résultats préliminaires encourageants, les recherches avaient été stoppées car certains malades vaccinés avaient développé une encéphalite.
Si les essais ont été arrêtés, le suivi des malades vaccinés s’est poursuivi notamment à l’université de Chicago, où on a constaté une diminution des symptômes cliniques du cerveau et une amélioration des tests de mémoire. Deux autres laboratoires travaillent également sur la voie immunitaire. Avec en perspective la mise au point d’un vaccin capable non plus seulement de ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer, mais bien de la stopper.