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Santé

Une arme contre les épidémies

par Marion Urban

Article publié le 14/06/2007 Dernière mise à jour le 14/06/2007 à 00:00 TU

Sarah et Andrew Speaker, citoyens des États-Unis, ont provoqué récemment une panique générale dans plusieurs pays, en échappant aux contrôles sanitaires des frontières.(Photo : AFP)

Sarah et Andrew Speaker, citoyens des États-Unis, ont provoqué récemment une panique générale dans plusieurs pays, en échappant aux contrôles sanitaires des frontières.
(Photo : AFP)

Une nouvelle réglementation sanitaire, signée par 193 pays, est entrée en vigueur vendredi 15 juin 2007. Les États signataires s'engagent à transmettre les informations sur les épidémies dans les meilleurs délais, ce qui devrait permettre de les enrayer plus rapidement. Le circuit de communication entre les pays et l'Organisation mondiale de la santé a été amélioré. Toutes les maladies sont désormais couvertes par la nouvelle législation.

La nouvelle Réglementation sanitaire internationale (RSI) mise en place ce 15 juin est le fruit d’un travail mené par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et des experts des États membres, pendant quatre ans.

Plus vite, plus loin

Le développement des voyages et des échanges mondiaux appellaient à moderniser la version de 1969 de la RSI comme l'ont montré des incidents récents.

En Thaïlande, deux immigrants birmans ont été découverts porteurs d’une forme de tuberculose résistante aux traitements, connue sous le nom de XDR. Les deux malades ont disparu avant que les résultats des tests soient confirmés. Mae Sot, la ville frontalière thaïlandaise où les deux Birmans ont consulté, est située dans une région d’accueil de populations déplacées par la guerre civile de Birmanie.

Fin mai, un avocat américain de 31 ans a provoqué une alerte sanitaire mondiale.

Porteur de la tuberculose XDR, Andrew Speaker était parti en voyage de noces en Europe, contre l’avis de ses médecins. Les autorités sanitaires américaines le contactent en Italie et lui demandent de ne pas prendre l’avion. Andrew Speaker et sa femme ont alors acheté un billet de retour à destination de Montréal (Canada). Le couple est ensuite rentré aux États-Unis en voiture. Suite à l’enquête menée par le Congrès, l’officier de santé de la frontière, qui a laissé passer le couple sans avertir ses supérieurs, a été démis de ses fonctions. Andrew Speaker a été placé en quarantaine et est poursuivi en justice.

Un dispositif nécessaire

«Une réglementation sanitaire internationale a pour objet d’éviter la propagation internationale des maladies, d’assurer une protection contre ces maladies, de les combattre, et d’offrir une riposte sur le plan de la santé publique», explique l’OMS sur son site internet.

«Certains pays pouvaient se montrer réticents à communiquer, craignant que la crise sanitaire rendue publique n’aient des conséquences économiques», précise Guénaël Cordier, directeur de la coordination du RSI, au sein de l’organisation. «C’est la première fois que des pays s’engagent à répondre aux demandes de l’OMS. Ils se sont rendus compte que la non communication pouvait être plus préjudiciable que l’information».

Selon la nouvelle RSI, les États sont obligés de déclarer toutes les maladies qui pourraient constituer une urgence de santé publique de portée internationale, à l'OMS. Les alertes sur la grippe aviaire, le chikungunya ou le SRAS ont démontré la nécessité de coopérer pour lutter contre les épidémies. La précédente réglementation (1969) ne concernait que la peste, la fièvre jaune et le choléra.

D'ici deux ans, les autorités de chacun des États membres doivent présenter leurs plans nationaux de surveillance sanitaire. Elles désigneront une institution, qui centralisera toutes les informations sur les épidémies : lieu, moment, ampleur, proximité d'une frontière internationale ou d'un aéroport, vitesse et mode de transmission, etc.

Un système d'alerte 24h sur 24

L'organisme désigné par les autorités, appelé «point focal» dans la nouvelle chaîne d'information, sera l'interlocuteur unique de l'OMS pour le pays et fonctionnera 24h sur 24, et 7 jours sur 7.

L'OMS offrira une coopération technique aux États pour faire face aux épidémies. Chaque cas signalé sera étudié dans son contexte et aura une réponse appropriée. Il existe 143 bureaux OMS dans le monde.

Il n'existe pas de sanction pour les États qui ne respecteraient pas leur engagement. L'OMS compte sur l'effet dissuasif que constitue la divulgation d'une information sur une épidémie pour mettre au pas les récalcitrants.

Les procédures d'alerte selon la nouvelle RSI
                                                                
(15 juin 2007)


● Une ONG ou un laboratoire d'un pays repère une maladie contagieuse sur son territoire.

● L'ONG ou le laboratoire alerte le point focal du pays concerné.

● Le point focal du pays alerte le point contact de l'OMS (siège national, régional ou international).

● L'OMS demande aux autorités nationales de vérifier les informations concernant la maladie, en corrélation avec le point focal. Elles disposent de 24h pour accuser réception de la demande et doivent entamer ensuite une évaluation.

● Le pays peut aussi de sa propre initiative notifier une épidémie ou consulter le point contact OMS.

● Le pays est souverain dans l'évaluation de l'épidémie et la diffusion de l'information. Le directeur général de l'OMS peut rendre l'information publique contre l'avis du pays, s'il estime qu'il y a un danger.