par Dominique Raizon
Article publié le 21/06/2007 Dernière mise à jour le 21/06/2007 à 12:34 TU
Victime d’une choc accidentel contre un wagon, en 1988, Jan Grzebski avait développé une tumeur au cerveau, avant de s’immobiliser, de cesser de parler et de bouger. Les médecins ne lui donnaient alors pas plus de deux ans à vivre. Pendant près de deux décennies, Gertruda, son épouse, a «beaucoup pleuré et beaucoup prié. Ceux qui venaient nous voir posaient la question ‘quand va-t-il mourir ?’», rapporte-t-elle, ajoutant qu’elle répondait, révoltée : «Mais il n’est pas mort ! ». Bravant les avis des médecins, Gertruda Grzebski «a fait le travail de toute une équipe de soins intensifs, changeant son mari de position toutes les heures pour éviter qu’il ait des escarres», a expliqué le docteur Boguslaw Poniatowski.
Le 2 juin, Jan Grzebski est sorti de sa léthargie, racontant : «J’ai tout vu, tout entendu (…) mais je ne pouvais pas réagir». Outre une famille agrandie de onze petits-enfants, Jan Grzebski a pris connaissance d’un nouveau monde : se remémorant la Pologne communiste du général Jaruzelski, il a déclaré : «Quand je suis tombé dans le coma, les magasins ne vendaient que du thé et du vinaigre, la viande était rationnée. Les files d’attente dans les stations-service devant les magasins ne sont plus qu’un lointain souvenir. Aujourd’hui les gens se baladent dans la rue avec des téléphones portables, l’abondance de choix dans les magasins me fait tourner la tête. Ce qui m’étonne le plus, ce sont tous ces gens qui ne cessent de rouspéter. Moi je n’ai pas à me plaindre».