par Dominique Raizon
Article publié le 21/06/2007 Dernière mise à jour le 21/06/2007 à 12:37 TU
Adaminaby était une petite bourgade agricole, nichée dans les Snowy mountains («montagnes enneigées»), à la frontière des Etats de Nouvelle-Galles du Sud et de Victoria, en Australie. En 1957, un ambitieux projet de barrage, visant à exploiter la puissance du fleuve Snowy, sacrifie le hameau. Les quelque 700 villageois sont déplacés, neuf kilomètres plus loin, sur une colline rebaptisée Adaminaby, tandis que leurs maisons sont submergées par trente mètres d’eau, laissant alors place au lac Eucumbene. Cette année, avec le retour de l’été austral, le pays connaît une sécheresse sans précédent, comparable à celle de 2002, la pire que le pays avait enregistrée depuis cent ans. L’eau du lac s’est évaporée.
«On n’en croyait pas nos yeux quand on a vu réapparaître les anciennes rues. Cela va permettre aux gens de dire au revoir à la vieille ville parce qu’ils n’ont finalement jamais eu l’occasion de le faire», a déclaré, nostalgique, Anne Kennedy, qui avait huit ans lorsque le village avait été englouti. Pentue, la rue principale de la ville fantôme sert aujourd’hui de rampe d’accès au lac tandis qu’une enfilade de squelettes d’arbres a ressurgi des flots, délimitant le tracé de l’ancienne artère. Pour Leight Stewart, un autre ancien habitant, la résurgence de la vieille localité prouve la sévérité de la sécheresse et illustre les caprices climatiques : «Le barrage est maintenant à 20% de sa capacité et ça empire. On espère que la situation va rapidement s’améliorer et qu’on aura de la pluie pour remplir le lac». Pour l’heure, seize barrages et une centaine de tunnels reliant sept centrales électriques sont au repos, laissant à nu les rives asséchées de terre rougeâtre et craquelée.