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Sida

La circoncision n'est pas une solution miracle

par Dominique Raizon

Article publié le 25/06/2007 Dernière mise à jour le 25/06/2007 à 17:47 TU

<em>«&nbsp;Il y a un risque sérieux que les gens se considèrent, à tort, totalement protégés du virus et aient moins recours au préservatif&nbsp;», </em>met en garde le CNS.(Photo : AFP)

« Il y a un risque sérieux que les gens se considèrent, à tort, totalement protégés du virus et aient moins recours au préservatif », met en garde le CNS.
(Photo : AFP)

En mars dernier, l’Organisation mondiale de la santé, s’appuyant sur des études réalisées en Afrique du Sud, au Kenya et en Ouganda, mettait en avant l’effet protecteur de la circoncision contre la transmission du VIH. Le Conseil national du sida (CNS) se montre aujourd’hui très réservé sur l’affichage médiatique effectué autour de cette proposition de l’OMS comme mesure protectrice pour les hétérosexuels. La circoncision ne fait que réduire le risque d’infection, mais le CNS insiste : il ne suffit pas d’être circoncis pour être protégé.

Le Conseil national du sida estime «surprenant» que l’OMS et l’Onusida «aient rendu aussi rapidement des recommandations [du recours à la circoncision]». Le professeur Willy Rozenbaum, président du CNS, redoute en effet «un risque sérieux que les gens se considèrent, à tort, totalement protégés du virus, et aient moins recours au préservatif».

En fait, que la circoncision puisse constituer une protection pour la transmission du VIH n’est pas tant ce qui fait l’objet de la polémique opposant le CNS à l’OMS, qu’une communication mal maîtrisée. Le CNS regrette que ce soit «le message d’une ‘solution miracle’ qui a prévalu dans les médias», depuis mars dernier au risque que la promotion de la circoncision «brouille les messages de prévention existants», notamment en Afrique où plus de 25 millions de personnes sont séropositives et où le sida constitue la principale cause de décès précoce.

«Si la circoncision est sans conteste un élément important de la baisse des risques de transmission du VIH de la femme à l’homme, [elle] ne protège pas directement les femmes qui, [elles], continueront à s’infecter», souligne le CNS. Par ailleurs, «aucune recherche ne démontre que [la circoncision] diminue le risque de transmission dans le cadre de rapports sexuels entre hommes».

La circoncision ne suffit pas à protéger

Le CNS insiste sur le fait que l’ablation du prépuce ne suffit donc pas à protéger de la contamination, et qu’il ne s’agit là que d’une mesure préventive, s’ajoutant à un éventail de précautions de base face à l’épidémie, à savoir : usage du préservatif, fidélité, voire abstinence. Par ailleurs, selon le CNS, le conseil de recours à la circoncision s’adresse «uniquement aux pays à haute prévalence (surtout si l’usage du préservatif n’est pas suffisamment répandu), et non aux pays où la prévalence est faible ou ciblée dans une partie de la population, comme en France ou aux Etats-Unis».

Le CNS souligne que cet acte pratiqué en masse, sur des millions de personnes, va représenter «une charge supplémentaire» pour des Etats qui manquent déjà de personnel médical pour assurer un bon accès aux soins aux malades. Sans compter que la circoncision n’étant pas souhaitable pour les hommes déjà infectés, un dépistage de tous les individus masculins candidats à acte médical s’impose auparavant.

Le Conseil national du sida redoute, en outre, que «la systématisation d’un tel acte ne [devienne] une solution à moindre coût au détriment des traitements».