par Dominique Raizon
Article publié le 27/06/2007 Dernière mise à jour le 17/10/2009 à 17:39 TU
«Ce grand ermite roux des forêts de Bornéo et Sumatra est aujourd'hui en train de mourir.»
© Orangutan Foundation
En violation totale du droit, ce sont plus de 2,1 millions d’hectares qui disparaissent chaque année en Indonésie, à coups de coupes sauvages rapportant quelque 4 milliards de dollars (3 milliards d’euros). Il y a cinq ans, des projections estimaient que la forêt tropicale indonésienne serait sérieusement dégradée d’ici 2032. Des études récentes révèlent que le seuil fatidique se rapproche : l’accélération de la déforestation entraînera la disparition de 98% de zones protégées d’ici 2022.
Les exploitants forestiers illégaux opèrent notamment dans 37 des 41 parcs nationaux indonésiens. «Toutes les 10 secondes, une superficie équivalente à un terrain de football disparaît en Indonésie, menaçant la biodiversité et les populations locales», déplore Sylvain Angerand, chargé de mission préservation des forêts tropicales aux Amis dela Terre. Si l’on aligne le bois de ces coupes, «cela représente une ligne ininterrompue de camions de Paris (France) à Bangkok (Thaïlande)», précise Achim Steiner, secrétaire général adjoint des Nations-unies, pour illustrer le propos. A ce rythme, l’habitat forestier des orangs-outans sera détruit dans une petite décennie. Une disparition qui menace tout à la fois l'équilibre économique d'une région et les populations de primates.
Primatologue (Muséum national d'Histoire naturelle)
Interviewée par Caroline Lachowsky.
Il ne reste, selon les estimations du Pnue élaborées à partir d’images satellites, qu’environ 7 000 orangs-outans à Sumatra et une moyenne de 50 000 spécimens, à Bornéo. «Les populations [de primates] chutent de manière spectaculaire», souligne Mélanie Virtue, responsable du programme survie des grands singes au Pnue. Les primates fuient les zones forestières surexploitées et sont victimes de trafic de jeunes orangs-outans vendus illégalement à des zoos privés ou à des parcs animaliers, notamment au Cambodge et en Thaïlande.
Réduire, d’ici 2010, le taux de perte de la biodiversité
«L’abattage illégal n’est pas le fait d’individus appauvris mais de réseaux commerciaux bien organisés et insaisissables (…). [Et,] il est clair qu’il existe des structures très organisées de commerce illégal d’orangs-outans», selon Willem Wijnstekers, secrétaire général de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites).
A Bornéo, un millier de grands singes se retrouvent parqués dans des sortes de camps dits de réhabilitation. La défense de la forêt et protection de ses habitants constitue un même combat : «Les parcs nationaux sont l’une des pierres angulaires de notre objectif pour 2010 en matière de réduction du taux de perte de biodiversité (…). Leur protection est vitale pour ces objectifs internationaux et pour le concept même de zones protégées», insiste Achim Steiner.
Le palmier à huile, une menace pour les forêts d'Asie du Sud-Est
L'Indonésie possède près e80% des dernières grandes forêts tropicales primaires d'Asie du Sud-Est qui se trouvent sur les îles de Bornéo (partagé entre l'Indonésie et la Malaisie), de Sumatra et en Irian Jaya, la partie indonésienne de l'île de Nouvelle-Guinée. Alors que le pays ne représente qu'1,3% de la surface terrestre, ce pays abrite 11% des espèces de plantes connues, 10% des mammifères et 16% des oiseaux.
L'extension des plantations de palmier à huile nécessite la destruction totale de la forêt par le feu pour préparer la terre aux plantations. Une huile utilisée dans l'industrie alimentaire, cosmétique et chimique, et pour la fabrication d'agrocarburant. Les plantations de palmier à huile constituent, actuellement et pour l'avenir, la principale menace pour les forêts d'Asie du Sud-Est. Les monocultures d'arbres à croissance rapide comme l'acacia et l'eucalyptus, pour la fabrication de la pâteà papier, sont également très destructrices.
Pour en savoir plus:
Ces forêts qu'on assassine, Emmanuelle Grundmann (éditions Calmann-Lévy) préface Jane Goodall
« Lorsqu'on a un mode de vie simple comme chez moi dans la campagne kenyane, nous constatons plus facilement les dégradations liées au réchauffement climatique. »
26/10/2007