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Environnement

Cancún veut nettoyer ses lagunes

par Patrice Gouy

Article publié le 18/07/2007 Dernière mise à jour le 18/07/2007 à 14:14 TU

La lagune Bojorquez(Photo : Patrice Gouy/ RFI)

La lagune Bojorquez
(Photo : Patrice Gouy/ RFI)

Les lagunes côtières mexicaines, des écosystèmes riches en biodiversité et de grande valeur commerciale, souffrent des conséquences des activités économiques réalisées par l’homme. Tourisme, industrie, pêche, accumulation de résidus organiques ont converti de nombreux paradis en des dépôts de déchets nauséabonds, mettant en péril l’existence de la faune et de la flore marine ainsi que la santé des habitants de la zone. Depuis 30 ans, au bout de la péninsule du Yucatan, les promoteurs immobiliers se sont progressivement emparés de la bande de sable doré de Cancún.
En langue maya, Can Cun signifie « serpent de sable blanc ». Cette station balnéaire si prisée par les touristes américains est aujourd’hui synonyme de catastrophe écologique. Du côté océan, la plage de sable engloutie par les eaux est progressivement remplacée par une plage artificielle, de l’autre, les rejets, souvent non traités, des centaines d'hôtels cinq étoiles ont transformée la lagune cristalline en une mer morte qui dégagent de mauvaises odeurs. C’est pourtant sur cette surface lisse que les touristes évoluent, matin et soir, en ski nautique, au risque d’attraper des maladies de peau ou des salmonelloses.

La lagune Bojorquez se meurt de ce que les experts appellent  l’eutrophisation, un phénomène qui provient de l’excessive accumulation et décomposition de matières organiques du fait d’une insuffisante régénération des eaux. Pour y remédier, il faudrait rouvrir les brèches vers la mer qui existaient il y a encore 30 ans, mais les 15km de côtes sont occupés par une successions d’hôtels, et là où il reste quelques espaces encore libres, le mètre carré est bien trop onéreux pour être transformé en canaux.

À la demande des autorités mexicaines et du ministère de l’écologie, l’Institut des sciences de la mer et du littoral de l’Université nationale autonome du Mexique a dessiné le SIBEO, un système de pompage simple, efficace et bon marché qui utilise l’énergie de la mer.

(Schéma : RFI)

(Schéma : RFI)

Le SIBEO comporte un amplificateur de vagues formé d’un tuyau placé dans l’océan face au large, un collecteur d’eau installé sur la côte et un écoulement en PVC pour déverser l’eau dans la lagune.

Quand la vague entre dans l’amplificateur du SIBEO, elle est comprimée entre les parois au fur et à mesure qu’elle avance, poussée par les suivantes. Ayant de moins en moins d’espace, elle s’élève jusqu’à une hauteur suffisante pour entrer dans le collecteur et s’écouler par gravitation dans la lagune.

SIBEO peut injecter 500 litres d’eau de mer par seconde, soit 40 000 m3 par jour. Les organismes marins passent dans ces conduites sans aucun dommage, ce qui permet aux larves d’espèces marines de fertiliser les eaux de la lagune.

Les experts peuvent, suivant les analyses effectuées, augmenter les taux d’oxygène de l’eau, contrôler sa salinité et ainsi améliorer les conditions de récupération. Ils estiment qu’en deux ans la lagune Bojorquez pourra retrouver ses eaux cristallines.