par Marion Urban
Article publié le 13/08/2007 Dernière mise à jour le 13/08/2007 à 16:18 TU
Le 10 août dernier, le tribunal de Dresde a repoussé, au moins provisoirement, la date du premier coup de pioche du nouveau pont sur l’Elbe, le Waldschlösschenbrücke (pont du petit château dans la forêt), au centre d’une controverse entre les autorités de la ville et l’Unesco, l’agence des Nations unies pour l’Éducation, la Science et la Culture.
C’est la présence sur les rives de l’Elbe, d’une espèce protégée de chauve-souris européenne, le Petit rhinolophe, qui est à l’origine de la décision du tribunal.
Une équipe de scientifiques a été chargée d’étudier les conséquences que pourrait avoir le futur pont sur le mammifère, une espèce en voie de disparition.
Le juge s’est référé à une décision administrative, qui a annulé le projet de construction d’une autoroute, près de Halle, en Saxe-Anhalt, en janvier dernier. L’autoroute aurait traversé une réserve naturelle.
Laissez dormir le Petit rhinolophe
Le Rhinolophus hipposideros , de son nom commun « Petit rhinolophe » ou « Petit fer-à-cheval » est une chauve-souris dont le corps ne dépasse pas 5 cm de long, et qui ne pèse pas plus de 10 grammes. Depuis 50 ans, celle-ci est en voie de disparition dans le nord de l’Europe.
Le Petit rhinolophe se nourrit d’insectes, notamment de névroptères et trichoptères, associés aux milieux boisés humides et sauvages.
Les femelles mettent bas un seul et unique jeune, après une fécondation « retardée » (elles gardent le sperme pendant tout l’hiver et ovulent au printemps).
Les Petits rhinolophes, comme toutes les chauves-souris, sont particulièrement vulnérables pendant la période d’hibernation qui court d’octobre à avril. Pendant cette phase, leur température baisse jusqu’à 7° (40° en pleine activité), et les battements de cœur ne sont que de 4 par minute, alors qu’en vol, ils sont de 1 100 battements/minute.
Selon les spécialistes, le simple fait de réveiller un Petit rhinolophe pendant l’hibernation lui ferait consommer 50 jours de réserves.
Des espèces très menacées
Depuis les années 80, plusieurs conventions internationales obligent les États européens à protéger les chauves-souris dont la population est en déclin.
Plusieurs facteurs sont à l’origine de la disparition de ces mammifères : l’utilisation immodérée des pesticides et autres produits qui font disparaître ou qui contaminent les insectes, base de leur alimentation ; la disparition des zones boisées au profit des activités humaines ; la fréquentation des grottes, leur habitat naturel, par les spéléologues ou les touristes ; la disparition des greniers, des combles et des clochers.
Depuis la signature de la Convention de Bonn pour la protection des espèces migratoires, un organisme, Eurobats, coordonne les données sur les chauves-souris et sensibilise le grand public à leur sort.
Chaque année, la nuit européenne de la chauve-souris rassemble des milliers de passionnés dans une trentaine de pays.
L'Europe compte 45 espèces de chauves-souris.
Le projet de nouveau pont de Dresde |
. La vallée de l'Elbe, où se trouve Dresde, est classée patrimoine de l'humanité par l'UNESCO depuis 2004. |