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Réchauffement climatique

L’Onu, au-delà du protocole de Kyoto

par Dominique Raizon

Article publié le 28/08/2007 Dernière mise à jour le 28/08/2007 à 10:24 TU

Bombay, en Inde. Sur le seul mois de juillet, il serait tombé dans la région trois fois plus de pluies que l'an passé sur l'ensemble de la mousson.(Photo : Reuters)

Bombay, en Inde. Sur le seul mois de juillet, il serait tombé dans la région trois fois plus de pluies que l'an passé sur l'ensemble de la mousson.
(Photo : Reuters)

L'enjeu essentiel des trois jours de discussions sur le réchauffement climatique, qui se sont entamés lundi, est de mettre d'accord les pays industrialisés ayant ratifié Kyoto et ceux, emmenés par les Etats-Unis et la Chine, qui n'ont pas souhaité s'astreindre à des objectifs de réduction des émissions. L’objectif de l’Onu est de lancer un nouveau programme d'action à long terme contre le réchauffement climatique.

Vienne est la dernière étape diplomatique avant Bali, en décembre, où commenceront deux ans de négociations au terme desquelles devra être fixé un nouveau protocole, plus large et plus ambitieux, destiné à remplacer Kyoto, dont les objectifs ne vont pas au-delà de 2012. Ces objectifs visent à réduire les émissions de GAS de 5% par rapport à leur niveau de 1990 et ce d'ici 2008-2012. Ils ne concernent que les 35 pays industrialisés signataires du protocole.

Sécheresse en Grèce.(Photo: AFP)

Sécheresse en Grèce.
(Photo: AFP)

La conclusion d'un accord à Bali est devenue de plus en plus probable depuis la publication par l'Onu d'un rapport attribuant à l'être humain la responsabilité du réchauffement. Principal effet de la combustion massive de carburants fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon), le réchauffement provoque à l'échelle mondiale vagues de canicule, sécheresses, érosion des sols, fonte des glaciers et hausse du niveau des mers. « Nous arrivons vraiment à un moment décisif pour prendre des mesures à l'échelle mondiale », a déclaré Yvo de Boer, principal responsable du dossier climatique à l'Onu.

Les Etats-Unis et la Chine sont les deux pays qui dégagent le plus de gaz à effet de serre (GAS) dans le monde. Dans un revirement majeur, le président américain George W. Bush, farouche opposant au protocole de Kyoto, a estimé en juin qu'il était indispensable d'opérer des « réductions substantielles » des émissions de GAS, omettant toutefois de préciser ce qu’il entendait exactement par « substantielles ».
 

« La lutte contre les changements climatiques doit être amplifiée », a estimé le ministre autrichien de l'Environnement, Josef Pröll, tout en saluant la volonté de Washington de s'impliquer dans un programme de réductions des émissions à long-terme. Yvo de Boer espère que  Vienne, rassemblant politiques, scientifiques et militants, « sera un moment crucial ». Selon lui, cette réunion permettra de mesurer « si la classe politique est disposée à dépasser les platitudes pleines de bonnes intentions pour aller vers de vraies négociations ».

Pays en voie de développement particulièrement vulnérables
 

Image satellite de l'ouragan Dean avant son passage sur Haïti, au mois d'Aout 2007.(Photo : Afp)

Image satellite de l'ouragan Dean avant son passage sur Haïti, au mois d'Aout 2007.
(Photo : Afp)

« C'est un phénomène très dangereux qui est en train de se mettre en place », a estimé le ministre des Ressources naturelles du Lesotho, Monyane Moleleki, ajoutant : « Ces trente dernières années, les changements climatiques ont été assez inquiétants, c'est le moins qu'on puisse dire ». Pour de nombreux représentants de pays en voie de développement dont l'économie repose sur l'agriculture, l'heure ne devrait déjà plus être aux réunions et aux pourparlers. Selon Monyane Moleleki, l'Afrique australe a connu autant de sécheresses depuis 1978 que durant tout le reste du XXe siècle. « Et, quand il pleut, ce sont des déluges et des trombes d'eau qui ne servent à rien ».
 

« Le Cap-Vert est un Etat insulaire, vulnérable sur tous les plans face au changement climatique », a expliqué pour sa part la ministre de l'Environnement de cet archipel situé au large de Dakar, Madalena Neves, soulignant les risques de désertification et de
hausse du niveau de la mer.
 

Une feuille de route pour le protocole de Bali 


De nombreux pays réclament la rédaction en décembre d'une « feuille de route de Bali », soit un plan sur deux ans pour conclure à terme un accord de remplacement pour Kyoto. L'Union européenne, le Japon et la Canada se sont mis d'accord, de façon pour l'instant informelle, sur la nécessité de diviser par deux les émissions mondiales d'ici 2050 afin de ralentir le réchauffement. La feuille de route pourrait notamment prévoir que tout accord futur doit inclure les pays les plus polluants, que les économies des pays en voie de développement ne doivent pas être handicapées et que les pays riches doivent mener la lutte.
 

Toutefois, même s'il reste encore cinq ans avant que Kyoto n'arrive à échéance, de nombreux observateurs estiment que le temps presse. De nombreuses entreprises du monde entier, désireuses de construire des centrales à charbon ou d'investir dans les marchés d'échanges de droits d'émissions, souhaitent d'ores et déjà savoir quelles seront les règles du jeu dans les prochaines années.

Nathalie Kosciusko-Morizet

Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables, chargée de l’Ecologie

« Nous attendons des Etats-Unis qu'ils respectent leurs engagements et qu'ils deviennent un pays moteur dans la lutte contre le réchauffement climatique. »

28/08/2007 par Eléonore Guerin

(Photo: EUMETSAT 2002)