par Dominique Raizon
Article publié le 25/09/2007 Dernière mise à jour le 25/09/2007 à 11:50 TU
(Photos : Medecins du Monde)
L’enquête de l’Organisation non gouvernementale est inédite car il n'existe pas de données nationales ou internationales sur ce sujet. Elle révèle des « situations extrêmement complexes et différentes selon les pays », souligne Françoise Jeanson, ancienne présidente de MDM. Elle présente ce 25 septembre 2007, à Bruxelles (Belgique) l'étude formulant des demandes à la conférence ministérielle européenne « Santé et migrations » -laquelle doit se tenir les 27 et 28 septembre à Lisbonne (Portugal).
Ainsi, en Espagne, « bon élève » en matière d'accès théorique à la santé, un sans-papiers peut bénéficier du même accès aux soins que les résidents, s’il remplit la condition sine qua non d'être inscrit sur les registres municipaux. A l'inverse, en Grèce, où la situation des migrants est la pire en terme de santé, un clandestin ne peut pas prétendre à la prise en charge que de soins d'urgence.
En France, seules 7% des personnes des personnes interrogées sont parvenues à faire valoir leurs droits, en Belgique, 14%. La raison en est la méconnaissance des droits et des lieux de soins, du coût des traitements, des difficultés administratives, de la peur d'une dénonciation ou d'une arrestation et des barrières linguistiques.
Dépistage VIH et vaccinations déficients
(Photos : Medecins du Monde)
La méconnaissance des droits concerne également le VIH puisque la majorité des personnes ignorent qu'elles peuvent être dépistées gratuitement alors que la séroprévalence du VIH pour l'ensemble des personnes interrogées est très élevée : 2,3%, hors Belgique (contre 1% en moyenne dans la population de l'UE). Les sans-papiers ignorent également que les vaccinations sont prises en charge.
MDM relève que lors du dernier problème de santé rencontré, une personne sur dix interrogée a essuyé un refus de prise en charge par des professionnels de santé. Pourtant, « l'accès effectif à la santé de ces personnes extrêmement vulnérables doit être une priorité de santé publique », souligne le docteur Jeanson. « Les questions de santé doivent être déconnectées des questions de papiers », plaide-t-elle, réclamant la mise en place de « normes européennes contraignantes concernant un accès gratuit aux soins ».
Teresa Gonzalez, présidente de MDM Espagne, relègue au rang de « mythe » l’idée reçue de l’existence d’un « tourisme médical en Europe ». En Andalousie (sud de l'Espagne), où des soins gratuits ouverts à tous ont été mis en place, « les migrants n'ont pas afflué et le système de santé ne s'est pas écroulé », insiste-t-elle. « Le gros problème en Espagne, ce ne sont pas les migrants pauvres », explique-t-elle, « mais les retraités européens aisés qui viennent à un âge avancé et dont la prise en charge est donc lourde ».
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