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Sciences du language

Vous pouvez répéter, s'il vous plaît ?

par Marion Urban

Article publié le 11/10/2007 Dernière mise à jour le 11/10/2007 à 17:25 TU

Pour qu'un mot vive plus longtemps, répétez le plusieurs fois...(Photo : Marion Urban/ RFI)

Pour qu'un mot vive plus longtemps, répétez le plusieurs fois...
(Photo : Marion Urban/ RFI)

Plus on répète un mot, plus il a des chances de vivre longtemps. C'est la conclusion commune de deux études publiées, dans la revue scientifique Nature du 10 octobre 2007. La première équipe, composée de mathématiciens de l'Université d'Harvard (États-Unis), s'est plongée dans douze siècles de littérature anglaise pendant que celle de l'Université de Reading (Royaume-Uni), animée par des bio-informaticiens, planchait sur les 200 mots communs de 4 langues européennes.

« Tout », « grand », « petit », « même » sont des mots qui, en raison de leur fréquence dans la langue française, ont de bonnes chances de vivre encore plusieurs millénaires.

C’est ce qu’on peut déduire de deux études publiées par la revue scientifique américaine Nature.

Les mots ultra-conservateurs

L’équipe britannique de l’Université de Reading, menée par Mark Pagel, un bio-informaticien spécialiste de l’évolution, s’est emparée d’un lexique de 200 mots communs à quatre langues (anglais, espagnol, grec, russe) pour en tracer l’évolution.

Au résultat de cet étude, il apparaît que les termes les plus utilisés gardent plus longtemps leur forme originale : les chiffres (cinq, quatre, trois, deux, un) ou les mots du corps. D’autant plus longtemps quand ils s’appuient sur le même radical.

En revanche, d’autres termes, moins employés, évoluent plus rapidement et prennent leur distance avec la forme initiale ; ce qui crée la diversité des langues. 50% des variations dans l’histoire d’un mot seraient imputables à la fréquence de son utilisation.

(Photo : Marion Urban/ RFI)

(Photo : Marion Urban/ RFI)

Les verbes irréguliers

Erez Lieberman, mathématicien, et son équipe de l’Université d’Harvard (États-Unis)  ont analysé les romans de la littérature anglaise du poème épique Beowulf, composé au IXème siècle, en passant par Les Contes de Cantoréry de Geoffrey Chaucer (XIVème siècle) jusqu’à Harry Potter.

Intrigués par le fait que les verbes les plus utilisés de la langue anglaise (be, have, do, go, say, can : être, avoir, faire, aller, dire, pouvoir) ont des conjugaisons irrégulières au prétérit et au participe passé, les chercheurs ont voulu en connaître la raison.

Des 177 verbes irréguliers retenus par l’équipe des mathématiciens dans les textes les plus anciens, 145 l’étaient encore au Moyen Âge. En 2007, il n’y en a plus que 98. Une fois intégrées ces données, les chercheurs américains ont effectué des calculs de probabilités de survie des mots.

Les verbes les plus communs « be » et « have » qui apparaissent une fois tous les dix mots auraient encore plus de 38 000 années devant eux avant d’entamer le lent déclin (les chercheurs estiment sa durée au moins équivalente à une période d'encore 38 000 ans) vers une régularisation.

« Dive » (plonger) et « thread » (enfiler) auraient encore une assurance de vie de 700 ans. Le verbe « marier » (wed) est le prochain sur la liste à se régulariser.

Les langues et la théorie du meme


● Un meme est un objet mental qui, comme n'importe quel organisme, décrit dans L'origine des espèces de Charles Darwin, lutte pour sa survie.

● Le meme est disséminé par un individu, non pas dans une activité de reproduction comme en biologie, mais par les moyens de communication (parole, écrit, visuel) auxquels il a accès.

● Les interactions culturelles peuvent aboutir à l'extinction d'un meme. En revanche, s'il est adopté et utilisé par d'autres individus, il améliore sa survie.

                                          Richard Dawkins, biologiste 
                                         
auteur du concept du meme
                                         
dans Le gêne égoïste.