par Dominique Raizon
Article publié le 29/10/2007 Dernière mise à jour le 29/10/2007 à 17:32 TU
Aujourd’hui, Kerkouane, battue par les vents domine toujours la mer et ses ruines, toujours en cours d’exploration, s’étendent sur un terrain en légère déclivité. Jamais réoccupé après sa destruction, le site ne présente pas les habituelles superpositions d’édifices qui compliquent la lecture de l’Histoire.
Chargé de recherche à l’Institut national du patrimoine de Tunis
« Il s'agit d'un site d'exception unique en Méditerranée et il n'a jamais été réoccupé. »
Il est aisé de se faire une idée de l’organisation de la ville qui a gardé son tracé de voiries, avec des rues presque étroites, des emplacements de maisons dans les quartiers d’habitation et même l’empreinte d’une activité artisanale avec le vestige d’un four de poterie remarquablement conservé, le tout situé à l’intérieur d’une enceinte construite avec des pierres disposées « en arête de poisson » ou « en épis ».
Les maisons comportent une entrée -marquée par un seuil, formé d’une pierre monolithe-, d’où part un corridor, lequel conduit à une cour centrale. Une cour qui comprend généralement une salle de bains et le départ d’un escalier. « Modernes », les Phéniciens avaient déjà imaginé et créé des systèmes d'évacuation des eaux. Un mode d’organisation urbanistique d’inspiration orientale, importée par les Phéniciens en Afrique du Nord.
« Les Phéniciens ont véhiculé l'artisanat, le commerce et le travail de la terre. »
Tout autour, s’ordonnent les différentes pièces de l’habitation, la plus importante étant la salle de réception ou d’apparat, revêtue, au sol, de pavementa punica, une technique orientale de mosaïque : de petites pièces de marbre reposent sur un glacis de chaux et reproduisent quelques motifs ornementaux, comme par exemple le signe du Tanit, une fleur de lotus ou des poissons.. Une technique que reprendront et développeront, plus tard, les Grecs et les Romains.
Les fouilles n’ont pas encore permis de mettre à jour des ateliers de fabrication de cette fameuse teinture pourpre qui a fait la renommée des Phéniciens, qui était extraite à partir de la chair d’un mollusque, le murex. En revanche, les maisons portent la trace de murs en stuc, une matière également fabriquée à partir de la coquille broyée de ce coquillage.
Si l’on n’a, pour l’heure, trouvé encore aucun texte punique, aucune trace écrite sur quelque support que ce soit, le site n’a pas dit encore son dernier mot. Les deux tiers restent à explorer …