par Marion Urban
Article publié le 28/11/2007 Dernière mise à jour le 28/11/2007 à 19:26 TU
« Les autochtones vivent en marge des sociétés : ils sont plus pauvres, moins éduqués, meurent plus jeune, ont des taux de suicide plus élevés que la moyenne nationale et en général, sont en moins bonne santé que le reste de la population »
« Monde autochtone 2006 »
Rapport du Groupe international de travail pour les peuples autochtones
Invasions
Les peuples autochtones représentent quelques 350 millions de personnes dans le monde, réparties dans 70 pays.
Reconnus comme les tout premiers habitants des pays dans lesquels ils vivent, dotés de cultures, de langues et de modes de vie spécifiques, ils ont en commun une histoire, faite d’invasions, de crimes, d’expulsions, de migrations et de regroupements forcés, d’enlèvements d’enfants, d’épidémies mortelles et de pollution de leurs environnements.
Les effets des cultures dominantes sont partout les mêmes : des taux de mortalité élevés, des espérances de vie réduites, la misère, la malnutrition, les maladies dégénératives, les drogues, l’alcoolisme, le suicide, les violences et la criminalité. Ces derniers facteurs fragilisant la santé des femmes dans leur fonction reproductive, en raison de la double discrimination dont elles sont l’objet (femme ET autochtone). Illettrées, ne parlant que leur langue, elles ont difficilement accès aux soins et souffrent de complications pré- et post-natales, d’anémies, de violences domestiques et d’abus sexuels.
Derrière les problèmes de santé se dissimulent des problèmes économiques, sociaux et politiques auxquels les États ne prêtent guère d’attention.
Le mal-être
Il existe plusieurs milliers de rapports et d’études sur la santé des populations autochtones. Ils sont beaucoup plus souvent élaborés par des anthropologues, des associations et les agences internationales que par les autorités nationales. Toutes les données montrent des taux de prévalence de maladies supérieurs au reste de la population.
. le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans chez les Mbendjele (groupe San) du Congo-Brazzaville est 5 fois supérieur à celui de leurs voisins.
. 50% des Achwar du Nord-Pérou sont affectés par la pollution due au plomb et au cadmium, utilisés par les compagnies pétrolières américaine et argentine qui exploitent le sous-sol depuis 30 ans.
. le taux de prévalence du diabète chez certains aborigènes et des insulaires du Détroit de Torrès (Australie) est 6 fois supérieur à la moyenne nationale.
. 60% des accouchements des minorités ethniques du Viet-Nam se déroulent sans suivi prénatal.
. le taux de suicide des jeunes inuits (Canada) est l’un des plus élevés au monde : 11 fois supérieur à celui de leurs compatriotes.
L’absence des États
Populations minoritaires, vivant dans des endroits isolés où toutes les exploitations et abus sont possibles, les autochtones bénéficient très peu de l’attention des pouvoirs centraux. Les préjugés raciaux renforcent ce désintérêt.
Reconnaître l’existence d’un peuple autochtone induit forcément la reconnaissance d’un territoire et des droits spécifiques. Ce qui ne plaît pas à un État central. Surtout lorsque ce peuple vit sur une terre riche en ressources minérales ou forestières.
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En savoir plus
* Panser le monde, penser les médecins. Ouvrage collectif, collection Médecins du monde. Soins d'ici, soins d'ailleurs.
* Le progrès peut tuer. Rapport de l'organisation Survival International
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