par Dominique Raizon
Article publié le 17/12/2007 Dernière mise à jour le 15/01/2008 à 16:49 TU
La communauté scientifique diverge sur la datation de l’origine de la population sami, certains estimant que sa présence dans le grand nord remonte à quelque dix mille ans avant notre ère, et d’autres, six mille seulement. Toujours est-il qu’aujourd’hui les Samis ne sont plus environ que 70 000 individus et représentent un des plus grands groupes autochtones en Europe. Ne disposant pas d’un d’Etat souverain, ils se répartissent dans quatre pays au nord de la Scandinavie et de la péninsule de Kola, en Russie : la Finlande, la Norvège, la Russie et la Suède, sur une terre ancestrale, Sapmi, ou « Laponie », au-delà du cercle polaire arctique.
Peu nombreux donc, mais les Samis existent toujours et l’exposition est là pour le rappeler en interpellant le visiteur sur le thème : Qui sont, au juste, les Samis ? Quelles sont leurs croyances et leurs pratiques culturelles ? Comment se définissent-ils eux-mêmes ? Que signifie être Sami aujourd’hui ? Il importait, pour les commissaires de l’exposition, de souligner que les Samis sont un peuple sans frontières, à travers une scénographie originale et symbolique illustrant leur double appartenance à la ville et aux montagnes.
Ethnologue, organisatrice associée à l'exposition Sápmi.
« L'exposition montre que les Samis sont un peuple sans frontières. »
Le peuple sami, autrefois traditionnellement nomade, s’est fortement urbanisé, à l’exception des éleveurs de rennes, semi-sédentarisés. S’appuyant sur des témoignages enregistrés et une série de photographies, l’exposition met le curseur sur les problématiques liées au droit à la terre, à la culture et à la transmission des savoirs traditionnels. Le long d’un grand corridor, en lumière dans les vitrines, les objets du passé voisinent des créations de stylistes contemporains, rappelant que le peuple sami est créatif et résolument tourné vers le futur.
« Le musée nordique de Stockholm est celui qui a le plus de collections samis au monde. »
« Lorsque les Samis furent christianisés au cours des 17e et 18e siècles, nombre de tambours samis, alors considérés comme accessoires de sorcellerie par les missionnaires, furent confisqués et brûlés », explique Carine Durand.
« La relation avec le chamanisme, avec la nature, est toujours très importante. »
Quand ils n’ont pas été brûlés, les objets traditionnels samis ont été dispersés et les Suédois s’activent aujourd’hui pour leur rapatriement. Ainsi, les conservateurs évaluent à soixante-dix, le nombre de tambours conservés dans plusieurs musées européens qu’ils souhaiteraient bien récupérer dans leurs collections nationales.
« Lorsque les Samis ont commencé à être christianisés, les tambours ont été souvent brûlés. »
La distinction entre Suédois, d’un côté, et Samis, de l’autre, est apparue au gré des redéfinitions des frontières et de la suprématie exercée par les groupes économiquement et politiquement, à la fois les plus puissants et influents. Une domination qui s’est très vite montrée violemment discriminatoire à l’égard de ceux qui étaient minoritaires et qui avaient un mode de vie pastorale. Avec l’émergence des doctrines eugénistes de la fin du XIXe siècle, les Samis subirent même, fin 19e début 20e siècle, des tests d’évaluations bio-métriques.
Au-delà de cette exposition temporaire, le Nordiskamuseet, qui dispose des collections samis les plus importantes a décrit, répertorié, scanné l’ensemble du fonds d’archives. Chaque pièce est accessible. Il suffit de sélectionner l’objet et sa fiche puis de prendre rendez-vous auprès de l’équipe des conservateurs, si l’on souhaite accéder aux archives et voir l’objet de plus près !
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