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Sociobiologie

Quand les abeilles discutent de déménagement...

par Marion Urban

Article publié le 14/02/2008 Dernière mise à jour le 15/02/2008 à 14:50 TU

Comment les quelque 50 000 abeilles d'un essaim prennent la décision de déménager ? Qui choisit ? La reine, les ouvrières ? Des scientifiques de l'université de l'Etat de l'Ohio (États-Unis) ont découvert tout un processus de décision qu'ils assimilent au fonctionnement des cellules du cerveau humain.
<em>L'endroit est bien orienté, à l'abri du soleil, pollen divers et varié à proximité... Un coin sympa. </em>(CC)

L'endroit est bien orienté, à l'abri du soleil, pollen divers et varié à proximité... Un coin sympa.
(CC)


Un essaim d'abeilles se constitue toujours à partir d'un autre essaim. Lorsque la place est devenue trop étroite, la reine cesse de pondre. Les ouvrières partent à la recherche d'un autre lieu plus confortable. Le nid initial se scinde : la reine-mère s'en va. La nouvelle reine reste.

Le choix de l'emplacement du nouvel essaim est un long processus de décision collective que des scientifiques américains ont modelisé. Le schéma obtenu fait apparaître que les ouvrières se comporteraient comme les neurones d'un seul et même cerveau.

Un cinq-étoiles = 150 figures

Ce sont des centaines d'ouvrières qui sont envoyées en patrouille au printemps pour trouver un nouvel emplacement de l'essaim à naître.

Une bonne patrouilleuse peut rester jusqu'à 30 minutes sur un lieu afin d'en évaluer les avantages et les inconvénients.

Revenue de sa mission d'exploration, l'abeille communique les informations à la colonie par une succession de danses. Plus elle effectue de figures, plus elle valorise le lieu. Un cinq-étoiles se traduit par près de 150 figures.

L'informatrice repart sur le lieu qu'elle a ainsi présenté, avec deux autres patrouilleuses, qui auront à faire leur propre rapport, en « dansant » devant l'essaim. D'autres ouvrières sont appelées à examiner le nouveau lieu et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'un quorum soit atteint.

Les abeilles sont donc capables de se souvenir et de « comparer » les emplacements proposés par les exploratrices.

Décision démocratique.(CC)

Décision démocratique.
(CC)

Lorsqu'une exploratrice n'est pas d'accord avec le rapport positif de la première abeille qui a visité l'endroit, la valeur de l'endroit décroit rapidement auprès de l'essaim. Au point de « convaincre »  la première abeille.
Celle-ci, après avoir re-visité sa découverte, fait quinze  fois moins de figures devant l'essaim.

Pour que l'endroit retrouve sa cote initiale, il faudra compter sur les rapports des nouvelles patrouilleuses.

Comme un cerveau

Kevin Passino du département d'ingénierie électrique et d'informatique de l'université de l'Etat de l'Ohio (États-Unis) et ses collègues de l'université Cornell (New York) et de l'université de California Riverside (Californie) ont synthétisé le mécanisme des évaluations des abeilles.

Ils y ont trouvé de nombreuses similarités avec l'organisation fonctionnelle du cerveau des vertébrés : interconnexions entre des sous-unités, informations parallèles, interférences, inhibitions, réactions à des stimuli, concentration d'activités.

« Le niveau d'activité d'un neurone s'assimile au nombre de figures effectuées par l'abeille. Une forte activité permet de "convaincre" d'autres neurones d'adhérer à sa cause ».

La notion de quorum de neurones existerait aussi dans le cerveau.