par Dominique Raizon
Article publié le 25/02/2008 Dernière mise à jour le 26/02/2008 à 14:05 TU
Séismes, éruptions, inondations etc, tous ces risques naturels sont présents en Méditerranée. A l’automne dernier, l’Ifremer lançait une campagne intitulée Prisme. Il s’agissait d’une étude ayant pour cœur de cible, la pente niçoise, au sud de la France. Cette zone est en effet l'un des principaux sites emblématiques pour l'étude des glissements sous-marins depuis le glissement de l’aéroport de Nice le 16 octobre 1979, alors qu’une digue énorme, construite à l'origine pour créer un port de commerce accolé à l'aéroport, est partie à la mer. Outre trente millions de tonnes de gravats englouties en quelques secondes et des dégâts matériels importants, cette catastrophe a fait des victimes humaines.
Nice s’avère être une zone naturellement instable. Or, l'aéroport, situé en pleine ville et en bordure de mer, a été construit en gagnant du terrain sur la mer par remblai. Pendant des opérations de remblayage, un glissement sous-marin de grande ampleur a entraîné une partie de l'aéroport, dans la mer. Au même moment, après une baisse relative du niveau des eaux marines, un raz-de-marée de plusieurs mètres a submergé le littoral sur un front d’une centaine de kilomètres.
Carte géodynamique de la Méditerranée.
Les cercles jaunes figurent les séismes, d'autant plus gros que la magnitude est plus forte.
© CCGM 2004/ Auteurs : E. Barrier, N. Chamot-Rooke, R. Funiciello, G. Giordano et al.
Les études démontrent que ces phénomènes géologiques ont pour origine des avalanches sous-marines issues d’un glissement sous-marin en haut de pente. Explications de Pierre Cochonat, directeur adjoint de la prospection et de la stratégie scientifique à l’Ifremer.
Chercheur à l'Ifremer
« Une fois que le courant de turbilité est enclenché, le phénomène s'accélère et peut circuler sur plusieurs centaines de kilomètres. »
En géologie, on appelle « marge » la zone de transition entre la zone aérienne de la croûte continentale et la croûte océanique. Les marges océaniques sont caractérisées par d'importantes accumulations sédimentaires et des processus géologiques du type « avalanches sous-marines », lesquelles peuvent évoluer rapidement et créer à court terme des « événements géologiques » susceptibles de pénaliser les populations concentrées sur les littoraux.
« Les deux grands enjeux concernent la sécurité des populations et des exploitations industrielles en zone côtière. »
Quatre zones de glissement de pente situées au large des côtes algériennes et espagnoles ont été visitées pour mieux comprendre l’origine de ces glissements mais aussi et surtout, pour évaluer et quantifier les conditions nécessaires pour la réactivation de ces zones de déformation.
« On commence à comprendre le rôle des fluides interstitiels -en particulier l'eau, voire le gaz- qui circulent à l'intérieur du sédiment, comment ils peuvent être mis en pression et peuvent provoquer le glissement. »
Tous ces phénomènes géologiques sont actifs. Pour comprendre leurs mécanismes, être en mesure de prévenir les risques naturels et, à l’avenir, pouvoir alerter les populations, il est « absolument nécessaire, insiste Pierre Cochonat, d’installer sans plus tarder des observatoires dans le fond des mers. »
« Un système d'alerte au tsunami sera bientôt installé dans le sud de la France. »
Pour en savoir plus :
- Site de l’Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer Ifremer (cliquez ici)
- Site de la CCGM, la Commission de la carte géologique du monde (cliquez ici)
- Site du BRGM, le Bureau de recherche géologique et minière (cliquez ici)
- Site de l'Association internationale des centres de recherche en géologie, l'USGS (cliquez ici) : - Lire «Les géosciences au service de l'humanité» (cliquez ici)
-Explique-moi la Terre, textes de Philippe Bouysse (éditions UNesco/Nane)