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Mexico 2008

L'accès universel aux trithérapies compromis

par  RFI

Article publié le 07/08/2008 Dernière mise à jour le 07/08/2008 à 09:24 TU

Cambodge. Une femme dont le mari est décédé du sida, se soigne seule à l'hôpital. © Masaru Goto/Banque mondiale

Cambodge. Une femme dont le mari est décédé du sida, se soigne seule à l'hôpital.
© Masaru Goto/Banque mondiale

Les nouveaux médicaments entrant dans la composition des traitements du VIH-Sida sont soumis aux brevets, selon les accords sur la propriété intellectuelle, signés par les pays dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce. Les malades qui présentent des résistances aux trithérapies initiales, vont devoir débourser plus.

C'est la fin de la période transitoire accordée aux pays du sud pour se mettre en harmonie avec les accords sur la propriété intellectuelle. La mise sous brevet des nouveaux médicaments mis sur le marché par les laboratoires pharmaceutiques est devenue obligatoire. Ce qui signifie que la fabrication locale, l'exportation ou l'importation de copies des produits sont désormais interdits.

10% des patients suivant actuellement des trithérapies sont obligés de changer de traitement en raison de résistance ou d'effets secondaires, et doivent avoir recours à de nouveaux médicaments, dits de «deuxième ligne».

Actuellement, un traitement de «première ligne» revient à 100$ par an par patient, dans les pays en développement; le traitement de «deuxième ligne» coûte de 1 300$ à 3 500$.

Les hausses de prix dues à l'application des brevets pourraient atteindre jusqu'à 250% d'ici 2010.

«On a une bombe sous les pieds, une bombe à retardement qui a déjà commencé un petit peu à exploser dans les pays qui, le plus anciennement, avaient commené à tratier leurs malades et qui sont déjà confrontés à la deuxième ligne, en particulier la Thaïlande et le Brésil», s'inquiète Benjamin Coriat, chercheur en économie de la santé à l'Agence française des recherches sur le sida.

Avec l'Inde, la Thaïlande et le Brésil ont recouru à la clause des licences obligatoires, qui leur permet de produire ou importer des génériques sans le consentement du détenteur du brevet.

En savoir plus

. En 2006, les activistes ont alerté l’opinion sur l’échec imminent de l'accès universel aux trithérapies : les financements étaient insuffisants, et les médicaments récents encore trop chers – 10 à 36 fois plus chers que les anciens traitements de première ligne – notamment à cause de la protection des brevets.

 

.  Les règles de l’OMC sur la propriété intellectuelle -réaffirmées en 2001 par tous les pays membres dans la déclaration de Doha- prévoient des flexibilités qui permettent de contourner les brevets pour des raisons de santé publique nationale. Les règles ont été élargies pour permettre l'exportation des médicaments.

 

. Les premières licences obligatoires d’exportation ont été accordées par le Canada et le Rwanda. Elles ont permis à l’entreprise canadienne Apotex de fabriquer et d’exporter vers le Rwanda des copies du TriAvir, un médicament de trithérapie utilisé dans le traitement du sida dont le brevet est détenu par GlaxoSmithKline.


. En novembre 2007, la Thaïlande a émis 3 licences obligatoires dont 2 pour les médicaments antisida Efavirenz et Lopinavir/Ritonavir, utilisés pour des patients dont l’organisme a développé des résistances aux traitements de première ligne. Le Brésil a suivi son exemple. L'Inde est sur le point de le faire. Ces trois pays ont subi et subissent d'énormes pressions de la part des laboratoires pharmaceutiques (comme le refus de commercialiser d'autres médicaments). Les états ont appris à utiliser la menace des «licences obligatoires» pour obtenir de meilleurs tarifs.