par Dominique Raizon
Article publié le 18/08/2008 Dernière mise à jour le 19/08/2008 à 08:31 TU
« La variation du gène appelé TGFBR1 est probablement la cause génétique la plus courante découverte à ce jour des cancers colorectaux », souligne le Dr Boris Pasche, de l'Université Northwestern à Chicago (nord), principal auteur de ces travaux parus dans l'édition en ligne de la revue américaine Science. Des chercheurs américains ont déterminé que cette caractéristique génétique est présente dans 10 à 20% des cas de cancers du colon. Si une personne en hérite de sa famille, le risque d'avoir un cancer colorectal est 50% plus élevé au cours de sa vie comparativement à l'ensemble de la population, où ce risque est de 6%, estiment ces cancérologues.
Cette variation du gène TGFBR1 entraîne une diminution de la production d'un récepteur clé (TGF-beta) qui est le plus puissant frein à la croissance des cellules. Avec la diminution de cette substance essentielle pour empêcher la croissance cellulaire, le cancer du colon peut aisément se multiplier, précisent les chercheurs. Mais « nous devons aussi déterminer la cause moléculaire de cette différence pour la corriger et peut-être éliminer ce risque », ajoute le Dr Pasche.
Des tests génétiques pour améliorer la prévention
Chaque individu hérite de deux de ces gènes, l'un du père et l'autre de la mère. Ces gènes produisent normalement la même quantité de cette substance qui bloque la multiplication cellulaire. « Nous allons pouvoir identifier un plus grand nombre de personnes présentant un risque élevé de développer ce cancer, ce qui permettra probablement de réduire sur le long terme le nombre de cas et de décès en procédant à des examens fréquents », explique le médecin. Des essais cliniques devraient bientôt être entrepris pour mettre au point un test permettant de détecter cette mutation génétique.
Le Dr Pasche et son équipe avaient découvert ce trait génétique spécifique en 1998 et l'année suivante ils avaient pu la lier à un risque accru de cancer du colon. Cette nouvelle recherche montre pour la première fois qu'une diminution de la production du récepteur de TGF-beta est présente chez 10 à 20% des patients atteints d'un cancer du colon comparativement à seulement 1 à 3% dans le groupe de contrôle de personnes saines.
Ce cancer frappe un million de personnes par an
Le cancer du colon, qui frappe un million de personnes chaque année, est l'un des plus communs dans les pays industrialisés. Il résulte de plusieurs facteurs dont le régime alimentaire, les gènes et le mode de vie. On estimait jusqu'alors que le facteur génétique était responsable d'environ 5% des cancers colorectaux mais « le fait que de 20 à 30 des personnes diagnostiquées aient eu des cas dans leur famille laisse penser que les gènes jouent un rôle beaucoup plus grand », indiquent ces cancérologues qui, pour conduire leur étude, ont analysé les cellules des globules blancs de 138 malades atteints d'un cancer du colon et de 105 personnes saines.