par Dominique Raizon (avec AFP)
Article publié le 22/08/2008 Dernière mise à jour le 28/08/2008 à 10:50 TU
Des études spécifiques avaient déjà indiqué que certaines espèces d' oiseaux ne suivaient pas le réchauffement climatique dans leur déplacement. « Ce qui est nouveau, c'est que l'on a montré ces résultats pour tout un groupe, tous les oiseaux en général de la France », a déclaré le principal auteur de l'étude, Vincent Devictor, de l'Université de Montpellier.
Les chercheurs ont suivi pendant ces 18 ans l'évolution des aires de distribution de quelque 105 espèces d' oiseaux, sur quelque 1 500 sites. Et, « on ne s'attendait pas à trouver cette valeur-là » dans le retard du déplacement des oiseaux par rapport au réchauffement, a reconnu Vincent Devictor en évoquant un risque de conséquences dramatiques pour la biodiversité.
« Une désynchronisation des interactions entre les espèces »
« On s'attend à ce qu'il y ait des conséquences assez graves dans le sens où il est très peu probable que toutes les espèces répondent de la même façon au réchauffement : si les oiseaux accumulent un retard face au réchauffement climatique, il est très probable qu'il ne soit pas le même pour les insectes, les plantes, les mammifères... », a-t-il noté. Aussi, sera-t-il « fort possible de voir une désynchronisation des interactions entre les espèces : si par exemple les insectes et les oiseaux qui les mangent ne répondent pas de la même façon dans leur déplacement vers le nord, on va vers un bouleversement de ces interactions entre espèces », a ajouté Vincent Devictor.
Au cours des 18 dernières années, les populations d' oiseaux ont vu leur aire de distribution bouger de seulement 91 kilomètres vers le nord, selon les constats des chercheurs du Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN) et de l'université de Montpellier.
Une étude en continu sur une vingtaine d'années
Jusqu'à présent, les études sur le comportement des oiseaux face au réchauffement climatique étaient des « photos » de certaines espèces, à des moments donnés. « On suivait seulement le recul ou l'avancée de la limite de l'aire de distribution », a encore expliqué Vincent Devictor, poursuivant :. « Ici, nous avons pris toute la distribution spatiale de l'espèce, (...) en continu sur une vingtaine d'années, en quantifiant tout ce qui se passait à la limite, mais également au centre de l'aire de l'espèce ».
En étudiant seulement les limites atteintes par les populations selon l’ancienne méthode d’observation, la rapidité de déplacement observée était huit fois moins importante que celle constatée avec la méthode prenant en compte la population dans son ensemble.
Pour en savoir plus :
Consulter les sites de :
- la Ligue de protection des oiseaux (LPO), qui a pour but «la protection des oiseaux et des écosystèmes dont ils dépendent et en particulier la faune et la flore qui y sont associées»
- du ministère de l'Ecologie et du développement à propos des oiseaux comme indicateurs des effets du changement climatique
- article du Centre national de recherche scientifique (CNRS)
- article de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) sur le suivi par télémétrie satellitaire de rapaces migrateurs en Afrique subsaharienne
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