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Aide humanitaire

Distribution de riz et clinique mobile pour le Népal

par Sophie Boudre

Article publié le 04/02/2009 Dernière mise à jour le 10/02/2009 à 14:22 TU

Dans l’Himalaya Népalais, l’espoir renaît chez les victimes d’une « urgence humanitaire oubliée », selon le Programme Alimentaire Mondial. Organisée conjointement par le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), une opération de trois jours combine une distribution de riz avec une clinique mobile, destinées à assister les populations les plus vulnérables du Népal.

Des villageois reçoivent du riz du PAM dans le cadre d'une opération humanitaire à Maila (Nord-ouest du Népal).(Photo : Bryant Castro de Serrato)

Des villageois reçoivent du riz du PAM dans le cadre d'une opération humanitaire à Maila (Nord-ouest du Népal).
(Photo : Bryant Castro de Serrato)

« Je suis si heureux ! Aujourd’hui nous recevons de quoi manger et nous soigner en même temps », s’exclame Dhanabir Budha, un fermier Népalais de 29 ans. Chargeant un lourd sac de riz sur son dos à l’aide de cordes de rotin, le jeune homme en guenilles est ravi : « Nous avons fait une longue journée de marche, mais ça en valait la peine : il n’y a pas de docteur dans notre village ».

Alors que Dhanabir et d’autres hommes de son village reçoivent du PAM leur ration familiale de quarante kilos de riz, sa femme et ses enfants font la queue pour consulter un médecin dans la petite école de Maila, un village perché dans la chaîne des Himalaya aux confins nord-ouest du Népal.

De la nourriture et des soins ...

« Quand nous demandons aux habitants de ces régions quels sont leurs premiers besoins, ils répondent massivement de la nourriture et des soins. En nous alliant avec le FNUAP, nous pouvons pallier immédiatement à leurs besoins », explique à RFI Dominique Hyde, la vice-représentante du PrAM au Népal.

Selon ce programme, la sécurité alimentaire de quelque 300 000 personnes dans l’Ouest du petit pays himalayen se détériore rapidement. La topographie de haute montagne, le manque d’eau et la rareté des terres cultivables sont quelques-unes des causes de la disette qui frappe régulièrement Humla, district où 30 000  personnes (sur une population totale de 40 000) souffrent d’une forte insécurité alimentaire. Selon l’agence pour l’alimentation, « 72% des enfants de moins de cinq ans y sont physiquement sous-développés, victimes de malnutrition chronique ». Avec une ou deux maigres récoltes de blé ou de millet par an, les paysans sont forcés de chercher du travail en Inde.

... « Nous n’avons assez à manger que pendant six mois.»

Dans le cadre d’un projet du PAM intitulé « Nourriture contre biens », Dhanabir Budha a participé a la construction d’un pont reliant son village aux champs et aux pâturages. De ce fait, il est payé avec 160 kilos de riz pour toute sa famille. Venu à Maila récupérer une partie de sa récompense avec 5 000 autres paysans, il pourra tenir deux mois de plus avec ce riz. « D’habitude, nous n’avons assez à manger que pendant six mois. Le reste de l’année, je dois emprunter de l’argent et travailler en Inde », explique-t-il.

Un conflit de dix ans a coupé l’Ouest népalais du reste du pays. Ponts, chemins et stations hydrauliques ont été dynamités par les Maoïstes en lutte contre la monarchie. Plus de deux ans après la fin du conflit, le nouveau gouvernement maoïste est confronté à d’énormes défis pour développer le pays, comme à Humla.

« Le gouvernement ne nous voit pas »  

Des paysans attendent, certains pour la 1ère fois, de consulter un médecin au sein d'une clinique de l'ONU à Maila (Nord-ouest du Népal).(Photo : Bryant Castro de Serrato)

Des paysans attendent, certains pour la 1ère fois, de consulter un médecin au sein d'une clinique de l'ONU à Maila (Nord-ouest du Népal).
(Photo : Bryant Castro de Serrato)

Pour Yubaraj Subedi, instituteur au village de Maila, l’Himalaya est un pays oublié du gouvernement. « Nous sommes si loin ici, c’est comme si nous vivions dans le noir », soupire le jeune homme assis sur une planche en guise de banc d’école. Dehors, dans la cour de récréation à flanc de montagne, une foule bigarrée se rassemble, chacun attendant son tour pour consulter l’un des dix-huit docteurs et infirmières venus en hélicoptère avec des médicaments et du matériel médical.

Bien qu’elle souffre depuis neuf ans, Kalsari Nepali n’a jamais vu de médecin : « Même s’il j’ai dû marcher un jour entier, il fallait que je vienne. L’hôpital le plus proche est à trois jours de marche alors je n’ai jamais consulté ». Kalsari est l’une des 30% de Népalaises en âge reproductif souffrant de prolapsus utérin, en partie causé par, selon le FNUAP, un régime peu nutritif, de lourds travaux, le manque de repos après l’accouchement et des grossesses multiples et répétées qui contribuent à distendre les muscles de l’utérus. S’ensuivent parfois des infections, des cancers et un rejet de la victime par sa famille.

« Malheureusement, seulement un quart des Népalaises habitant en montagne a recours à  la contraception », rapporte le FNUAP. La plupart des femmes « associent la contraception à l’hystérectomie, alors elles l’évitent totalement », explique une conseillère en planning familial. 

Durga Neupani agite une plaquette de pilules et une boîte d’implants contraceptifs sous le nez de quatre femmes, leur en expliquant le fonctionnement. L’une d’elles, Punikala Sahe, montre fièrement son bras bandé. Sous le pansement, un implant la protégera d’une grossesse pendant sept ans.

Avec déjà sept enfants à charge, elle ne souhaitait plus de maternités: « Je ne peux plus tenir la maison. J’arrive a peine à nous nourrir et nous habiller », explique la jeune femme de trente ans. « Toutes les femmes au village ont le même problème », ajoute-t-elle, tandis que dans la pièce voisine, une femme épuisée vient consulter en urgence : le placenta est toujours dans son ventre, deux jours après l’accouchement.

« Il n’y a pas d’accès à la vie »

Sous ses cris perçants, la jeune doctoresse la sauve, enroulant le placenta autour d’une paire de ciseaux pour le faire sortir. Après l’opération, Dr. Rubina Shresta confesse son impuissance face à la détresse des montagnardes. « Elles ont besoin de beaucoup plus. Elles n’ont rien ici, pas d’hygiène, pas de routes… Il n’y a pas d’accès à la vie ».

Le docteur Syam Shresta, chef de l’équipe médicale venue de Katmandou, la capitale, commente : « Sans les ONG et l’ONU, les gens ici mourraient tous ». Au terme des trois jours d’installation de l’antenne mobile, plus de 1 600 personnes ont consulté un médecin, certaines pour la première fois.

Lors d’opérations similaires organisées fin 2008 dans les montagnes népalaises, plus de 10.000 personnes ont reçu une aide alimentaire et médicale cruciale.

Pour en savoir plus :

Consulter les sites de la FNUAP et du PAM