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Nigeria

My Pikin, un sirop frelaté qui a déjà tué 84 enfants

par Dominique Raizon (avec AFP)

Article publié le 11/02/2009 Dernière mise à jour le 11/02/2009 à 17:56 TU

My Pikin, « mon petit » en pidgin local, est le nom d’un sirop au paracétamol frelaté, qui était notamment recommandé pour les enfants en train de faire leurs dents, afin de soulager les douleurs de gencives. Le sirop était coupé avec du diéthylène glycol, un produit chimique utilisé dans le liquide de freins et le liquide de refroidissement des moteurs ! Sur 111 enfants de deux mois à 7 ans qui en ont consommé, « My Pikin » a tué 84 fois et l'agence nationale de contrôle pour l'alimentation et les médicaments (Nafdac) craint que ce bilan ne s'alourdisse.
Un membre de Nafdac jette des cartons de médicaments frauduleux à Lagos.(Photo : Pius Otomi Ekpei/ AFP)

Un membre de Nafdac jette des cartons de médicaments frauduleux à Lagos.
(Photo : Pius Otomi Ekpei/ AFP)

Vendu pour un médicament, le sirop est responsable de la mort de 84 enfants en bas âge ces trois derniers mois au Nigeria. « Le bilan est provisoire. En raison de l'illettrisme et de l’automédication souvent pratiquée faute de pouvoir se payer les hôpitaux, il est à redouter que d'autres enfants soient morts dans des villages sans que les décès soient rapportés », explique Abubakar Jimoh, le porte-parole de la Nafdac.

Dès les premiers cas d'empoisonnement en novembre, la Nafdac a interdit le sirop à la vente, mais l'organisme confesse que retirer du marché un médicament dans ce pays gigantesque de plus de 140 millions est tout sauf facile. « Il faut retirer tous les lots de sirop suspects de tous les rayons de tous les magasins et de toutes les pharmacies à travers tout le pays », plaide Abubakar Jimoh. Jusqu'à présent 5 000 bouteilles du liquide mortel ont été récupérées.

Nombre anormalement élevé de déficiences rénales

Les enquêteurs sont remontés jusqu'à un laboratoire de Lagos, Barewa Pharmaceuticals. Les autorités médicales ont été alertées par le nombre anormalement élevé de déficiences rénales graves dans trois hôpitaux de Zaria (nord), Lagos et Ibadan (sud-ouest).

Les propriétaires de Barewa Pharmaceuticals ont été arrêtés ainsi que ceux de la compagnie Tranxell qui avait fourni les produits toxiques incorporés au sirop. Ce que redoute désormais la Nafdac c'est que Tranxell ait vendu les mêmes produits à d'autres laboratoires. « Nous essayons actuellement de nous en assurer et par précaution nous avons recommandé à tous les parents d'éviter pour l'instant tous les sirops au paracétamol et de se rabattre sur des comprimés, le temps de mener l'enquête », a précisé Abubakar Jimoh.

Pour en savoir plus :

Consulter le site de L'institut de veille sanitaire (Invs)