par Caroline Lafargue
Article publié le 17/04/2009 Dernière mise à jour le 07/10/2009 à 12:14 TU
C.L.: Qu’avez-vous découvert ?
F.A. : Nous avons proposé le projet REFLEX en pensant sincèrement que nous ne trouverions rien. Et les résultats nous ont surpris au-delà de toute mesure. Moi-même je n’ai pas pu croire pendant longtemps que les ondes électromagnétiques puissent modifier les cellules de façon aussi alarmante. Pendant 10 ans je suis parti du postulat suivant : « pourquoi les effets des rayonnements haute fréquence, qui sont pourtant moins porteurs d’énergie que la lumière visible, seraient différents de ceux de la lumière ? ». Aujourd’hui, je sais pourquoi : il ne s’agit pas des effets directs du transfert d’énergie, il s’agit des effets indirects qui agissent lentement sur les cellules, après quelques heures d’exposition, en endommageant les gènes. La structure des gènes est changée, c’est-à-dire que les ondes électromagnétiques sont génotoxiques. Nous avons par exemple trouvé des ruptures de brins d’ADN. Et c’est presque toujours le signe du début d’un cancer.C.L.: Ces effets sur les gènes sont-ils irréversibles ?
F.A. : Les cellules humaines sont équipées d’un extraordinaire système de réparation, qui peut remédier à 99.9% des dommages ! Mais vu la variété et le nombre de ces dommages, il reste encore beaucoup de dommages non réparés. Même s’ils ne représentent que 0.1%, c’est ce 0.1% qui va faire que dans le meilleur des cas, la cellule meurt, et dans le pire des cas, que cette cellule se mue en cellule cancéreuse.
C.L.: Qu’est-ce qu’on peut faire pour se protéger de ces effets ?
F.A. : Dans le cadre du programme REFLEX, nous avons trouvé des effets génotoxiques des ondes électromagnétiques sur les cellules bien en-deçà des seuils autorisés actuellement dans le monde, y compris en France et en Allemagne. Il faut donc baisser les seuils d’exposition aux ondes électromagnétiques. Mais il est très difficile de dire jusqu’où nous devrions aller. Il faut diminuer drastiquement les seuils autorisés aujourd’hui, les diviser au moins par 10. Ce serait un premier pas qui permettrait de résoudre une partie du problème.
C.L.: comment a été accueillie votre découverte ?
F.A. : Pour moi c’est une expérience très triste. D’abord, on a ignoré pendant des années les résultats que nous avons publiés. Ensuite, quand nos résultats ont été médiatisés, les scientifiques qui travaillent en étroite relation avec l’industrie de la téléphonie, ont critiqué nos résultats, très violemment, en nous accusant d’avoir truqué nos résultats. C’est évidemment absolument faux. Ce qui nous manque en revanche, c’est une recherche complémentaire qui permettrait de vérifier in vivo ce que nous avons déjà prouvé in vitro. Mais l’Union européenne refuse pour l’instant de subventionner ces recherches absolument nécessaires. C’est urgent !